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La méditation change la donne (2e partie)

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15 avril 2007
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Article paru intégralement dans le journal médical « L’Actualité Médicale » en date du 2007-01-10, p. 50. Reproduit avec permission.

Lors de la première partie de cet article, nous avions laissé le Dalaï Lama au MIT. Voici la suite de ce périple.

L’après MIT 2003
Dès le 27 mai 2004, l’Office of Behavioral and Social Sciences Research du NIH convoquait le « Symposium on Mindfulness Meditation and Health » où le Canada était plutôt bien représenté. Cet événement nous fournit ici l’occasion de pointer des « noyaux durs » de la médecine pour lesquels la méditation de pleine conscience contribue à offrir un soulagement. Nous parlons du traitement du trouble de personnalité limite, de celui de la dépression majeure récurrente et l’intervention auprès des patients cancéreux; ce qui n’est pas peu dire.

La rencontre débuta avec Jon Kabat-Zinn, père du programme MBSR et professeur à l’École de Médecine de l’Université du Massachusetts, qui définit les applications cliniques de ce mode d’intervention en médecine et en psychiatrie. Plus tard, Richard Davidson, chercheur à l’Université du Wisconsin situa les affects, la santé et la méditation dans la perspective de la neuroscience affective.

Marsha Linehan entretint l’assemblée de la pratique de la pleine conscience auprès de patients souffrant du trouble de personnalité limite. Cette clinicienne et chercheuse de l’Université de l’état de Washington dirigea une équipe qui développa la thérapie comportementale dialectique (TCD). Cette approche, harmonisant sagesse interne, acceptation radicale et thérapie cognitive comportementale à l’intérieur d’un cadre rigoureux, modifia complètement la perception de la personnalité limite, changeant la donne en instillant de l’espoir dans le traitement d’une maladie sur laquelle la psychiatrie avait peu d’emprise. La TCD a influencé le mode d’intervention au Centre de traitement Le Faubourg Saint-Jean, CHRG (Québec). Sous le leadership de madame Hélène Busque, psychologue, elle fut ensuite adaptée pour l’implanter dans plusieurs CLSC des régions de l’Amiante, de Chaudière-Appalaches et de Québec afin de baliser le traitement de certains troubles de la personnalité.

Linda Carlson, chercheuse à l’Université de Calgary et psychologue clinicienne au Tom Baker Cancer Center (Calgary), traita de l’apport de la méditation dans l’intervention auprès des patients atteints de cancer. Les recherches du groupe de madame Carlson démontrent que la méditation de pleine conscience amène une amélioration de la qualité de vie de ces patients (moins d’anxiété et de sentiment dépressif, plus d’énergie et un meilleur sommeil), cela confirmé par deux revues de la littérature.

La prévention des récurrences de dépression majeure constitue un autre créneau où s’est illustrée la méditation de pleine conscience comme l’a rapporté à cette rencontre Zindel Segal de l’Université de Toronto. Un entraînement au contrôle de l’attention apparenté à celui du MBSR couplé à la thérapie cognitive comportementale évolua vers la « mindfulness-based cognitive therapy » (MBCT). On rapporte dans une étude multi-centrique randomisée (n = 145) qu’après une observation de 60 semaines, le risque de rechuter chez des patients ayant connu trois épisodes et plus était significativement diminué par rapport au groupe de contrôle.

En même temps que ces deux approches se complètent bien, la méditation amène théoriciens et cliniciens à remettre en question les prémisses de la thérapie cognitive comportementale et à élargir les horizons. C’est possiblement dans cette optique que le Dalaï Lama, porte-flambeau d’une tradition d’observation de l’esprit humain vieille de 2,500 ans, fut invité à échanger avec le fondateur de la thérapie cognitive comportementale, le Dr Aaron T. Beck, lors du Congrès International de Psychothérapie Cognitive de juin 2005.

Ce n’était là que le coup d’envoi pour cette année marquante dont l’automne serait turbulent. Suivant le Symposium de Neuroscience de Zurich du mois d’août, le leader tibétain était convoqué à la conférence « Investigating the Mind 2005 » qui allait avoir lieu à Washington, DC du 8 au 10 novembre. Parrainée par le Centre Médical de l’Université Georgetown et l’École de Médecine de l’Université John Hopkins, le thème en était « La science et les applications cliniques de la méditation ». On y revint notamment sur les implications cliniques dérivées de l’action que pourrait avoir la méditation sur la plasticité cérébrale; sujet débattu un an auparavant à Dharamsala, Inde.

Deux jours plus tard, avait lieu la controversée allocution du Dalaï Lama lors du Symposium de la Société de Neuroscience. Intitulée « The Neuroscience of Meditation », elle inaugurait devant 14,000 personnes une nouvelle série de conférences établissant un dialogue entre la neuroscience et la société durant ce congrès annuel. Lors de cette même rencontre, Sara Lazar, du Massachusetts General Hospital, vint ensuite clôturer ce périple en fournissant la première évidence structurale qu’une pratique soutenue de la méditation peut influencer la plasticité du cortex cérébral et possiblement en ralentir la dégénérescence liée au vieillissement.

L’auteur voulait diriger l’attention sur une trajectoire suivie par la méditation en psychologie et en médecine depuis ces dernières années. Il désirait aussi amener le lecteur à prendre conscience de son influence grandissante en sciences fondamentales et cliniques. La méditation change la donne tant sur le plan individuel que socio-économique, respectivement de par les modifications fonctionnelles et structurales qu’elle entraîne au niveau du cerveau et de par une réduction des coûts de santé. À l’échelle clinique, nous avons vu qu’elle contribue également à distribuer de meilleures cartes aux patients de certains secteurs réputés épineux. Les exemples fournis pour arriver à cette conclusion étant quelque peu pointus, il est suggéré de consulter Passeportsante.net et le site du National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) pour se faire une idée des bienfaits généraux de la méditation.

Claude Fournier, MD.
Courriel : [email protected]

Claude Fournier est clinicien au Centre de santé et de services sociaux de Beauce où il enseigne le qigong et le taijiquan. Un partenariat avec la Fondation du cœur Louis-Georges Fortin et Accueil-Sérénité lui permet de transmettre ces enseignements à des personnes respectivement atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires et de cancer.

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