En lien avec l'article « Des propos jugés sexistes de l'animateur de radio Éric Veilleux de Cool FM soulèvent l’indignation » publié plus tôt cette semaine sur EnBeauce.com, voici une lettre écrite par des citoyennes demandant l’égalité de traitement médiatique entre les femmes et les hommes dans le sport. Au total, cette lettre, adressée aux différents médias de la région, compte 105 signataires. En voici le contenu intégral:

« Suite aux propos sexistes diffusés par un animateur de radio à Saint-Georges qui ont suscité de vives réactions, nous considérons qu’un travail de sensibilisation reste à faire.

Plusieurs associations sportives font le constat que l’égalité dans le sport au Québec et au Canada est loin d’être acquise[1]. En effet, la couverture médiatique des événements sportifs féminins et de la performance des athlètes féminines est moins élevée que celle des hommes. De plus, les salaires sont plus bas et les bourses et commandites sont moins accessibles. Surtout : on accorde une attention médiatique accrue et impertinente à l’apparence physique des femmes. Les idées comme quoi les femmes ne sont pas faites pour certains sports contribuent à renforcer ces inégalités.

Voici la définition d’un propos sexiste : un propos qui discrimine ou traite différemment une personne, uniquement fondé sur le sexe et créant ainsi une inégalité.

La dénonciation des propos sexistes n’a pas pour but de juger personnellement un individu. Elle vise à démontrer une culture dans laquelle les femmes vivent une injustice. Elle sensibilise la population au sexisme et, au mieux, contribue à l’éliminer. Est-ce qu’une personne tenant des propos sexistes est sexiste ? Pas nécessairement. Elle peut les formuler de façon non intentionnelle et par méconnaissance de l’enjeu. Reconnaitre cette erreur, s’en excuser et y porter attention à l’avenir est assurément la preuve qu’une personne n’est pas sexiste et est sensible aux doubles standards.

Donner son opinion est naturel et sain dans une démocratie. Lorsqu’on exerce un poste d’influence, cela demande en plus, d’un point vue éthique, une certaine rigueur professionnelle.

Par exemple, si un chroniqueur émet l’opinion qu’une personne noire ne devrait pas accéder à certains postes de travail, certains défendront la liberté d’expression, d’autres condamneront ces propos racistes. Toutes ces réflexions sont légitimes. Il est cependant inutile de tenir un débat à savoir si ces propos sont racistes ou non, puisqu’ils le sont.

Voici donc des réflexions pertinentes que nous proposons à tous ceux qui se sont sentis offensés par une critique de propos sexistes ou qui s’intéressent à l’enjeu de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport :

Que peut-on faire pour reconnaitre les talents des sportives autant que ceux des sportifs ?

Que peut-on faire pour stimuler des débats sains et informer la population sur certains enjeux d’actualité ?

Comment aborder des enjeux collectifs sans tomber dans la critique d’individus ?

En ce sens, nous offrons notre appui aux organismes Vision Femmes et Centre-Femmes de Beauce, ainsi que toutes celles et tous ceux qui se sont courageusement levés pour contribuer à changer cette culture du sport féminin. Nous souhaitons des discussions saines sur cet enjeu et nous en appelons à des valeurs de respect, d’ouverture et de travail d’équipe pour faire évoluer de façon constructive notre culture et nos mentalités. » 

Respectueusement,

Laurie Bélanger, citoyenne

Cassiopée Dubois, citoyenne

Vanessa Roy, citoyenne

[1] LAVIGNE, B. (2014). Étude des rapports sociaux de sexe dans l’univers sportif : trajectoires de femmes sportives. Mémoire de maîtrise ; MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT (2008). La place des femmes dans le sport au Québec, Rapport de recherche

Les signataires: