La porno : le pire venin du monde selon Marie-Paul Ross
Devant plus de 400 étudiants, la sexologue, Marie-Paul Ross, a fait valoir l’importance de vivre la sexualité dans sa globalité. Après la répression sexuelle, voilà que l’être humain est affligé par le pire venin du monde, la pornographie.
Lundi soir dernier, elle a prononcé un discours dans le cadre de la conférence de prestige à l’Auditorium du Cégep Beauce-Appalaches sous le thème de « La sexualité dans sa globalité ».
La célèbre religieuse détentrice d’un doctorat en sexologie clinique rappelle que la sexualité est pour l’être humain une pulsion de vie qui l’incite à atteindre la maturité qui permet d’aimer en liberté. Cependant, la pornographie vient déshumaniser la personne ce qui fait de la porno le pire fléau de la société. « On fait la guerre à une multinationale », renchérit Mme Ross. Pour cause, l’industrie de la pornographie, seulement sur Internet, aurait rapporté en 2006 une somme de 97 milliards $.
« Il y a multiples problèmes au niveau de la société, de la famille et de l’estime de soi. C’est énorme comme problème », lance cette dernière qui possède une vaste expérience clinique dans le domaine.
Cette dernière croit qu’il est essentiel de préparer les enfants dès leur bas âge et surtout pour lutter contre cette multinationale de la pornographie. « Il faut donner à nos jeunes le potentiel de distinguer ce qui est une pathologie sexuelle. D’après moi, avec la consommation sexuelle que nos jeunes ont présentement, il y aura de plus en plus d’abus chez nos jeunes par des adolescents à cause de cette consommation. Il y a beaucoup de brisures de couples à cause de la porno. Il faut lutter par l’information, de la formation sexuelle et il faut protéger les enfants contre cela », pense Mme Ross.
Pendant sa conférence, Mme Ross a cité des exemples percutants. Elle a souligné que la surexposition à la pornographie a poussé un jeune gardien d’enfant de 15 ans à abuser d’une fillette. Il y a aussi le cas d’un père de famille inconfortable à serrer son adolescente en pleine puberté dans ses bras à cause de sa consommation de pornographie. « La porno vient causer la perte de son naturel. Pourtant, il n’y a rien de plus de normal qu’un père puisse prendre sa fille dans ses bras sans avoir aucune inquiétude de ce côté », indique Mme Ross.
Éduquons nos enfants tôt
Un programme d’éducation sexuelle devrait donc être mis en place le plus tôt possible chez l’enfant afin de les guider convenablement et de lutter contre la pornographie. « Pour avoir un bon programme d’éducation sexuelle, le plus urgent, selon moi, c’est au niveau primaire pour les élèves de la 3e, 4e et 5e année. Au secondaire, il est trop tard. Bien qu’il ne soit jamais trop tard, si l’on veut faire une bonne éducation et bien orienter nos jeunes. Il faut qu’ils puissent se situer dans ce qui est proposé par la société actuelle. Ils doivent être capables de distinguer ce qui est bon, ce qui est sain et déviant en sexologie. Ce programme, il faut le faire le plus tôt possible. À partir de la 3e année, ce serait fondamental », urge-t-elle.
Elle tire ce constat d’après ses expériences menées auprès des jeunes du secondaire et du niveau primaire. « J’ai été extrêmement surpris des questions des élèves de la maternelle, 1re année et de 2e année. Ils avaient des questions sur la déviance sexuelle, et ce, avec de vrais mots. C’est très surprenant. Ils captent tout », indique Mme Ross.
Cet éveil de l’enfant débute très tôt. « L’enfant commence à poser des questions à propos de la sexualité dès l’âge de trois ans », indique cette dernière. Mme Ross a aussi rappelé que l’enfant apprend la sexualité aussi par le contact avec ses parents dès qu’il est poupon. Il apprend donc, c’est quoi être caressé et aimé d’amour.
Au 21e siècle, le parent doit prendre ses responsabilités et éduquer ses enfants à propos de la sexualité. Cela ne devrait plus être un sujet tabou. « Quand ils sont petits, de 3 ans à 10 ans, c’est préférable que les parent donnent l’éducation sexuelle. Ils doivent leur enseigner le respect du corps et des organes génitaux. Cette région plus intime du corps est dotée d’une grande sensibilité. Il faut leur enseigner de ne pas se laisser toucher par n’importe qui, même pas le bras et surtout pas les parties intimes du corps », partage cette dernière.
La castration n’est pas la solution
Après son allocution, Marie-Paul Ross a dû répondre à l’épineuse question de la castration des pédophiles. « C’est un gros débat. Personnellement, non avec l’expérience clinique que j’ai faite auprès des personnes qui ont recours à des traitements. Ils peuvent cesser cette pratique très dommageable pour eux et pour la victime. Je ne vois pas pour eux le besoin de la castration physique avec le modèle que je propose », expliquait cette dernière.
Pourquoi deviennent-ils des prédateurs? Selon elle, ces gens ont été exposés grandement à la pornographie ou qu’elles ont été victimes ou très souffrant de leur sexualité par le passé ou à leur enfance. « En traitant ces détresses-là, et en leur donnant des outils, ils doivent utiliser ces outils pour ne pas s’adonner à la consommation. Je n’appuie pas du tout la castration. Je trouve que l’être humain est bien fait. J’ai trop accompagné de personnes humaines pour qu’elles puissent s’en sortir en travaillant en humain et non être castrées », pense Mme Ross.
Spécialisée dans la déviance sexuelle, cette dernière souligne cependant que dans des cas sévères, il faut protéger les enfants. « Exceptionnellement, si la structure du cerveau a été atteinte et que leur consommation est totalement incontrôlable, là il faut vraiment protéger les enfants et la société. Il faut encadrer ces personnes-là pour ne pas qu’il n’y ait pas d’autres victimes », pèse Mme Ross.
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