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Deuil périnatal : Quand la douleur devient trop intense

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6 décembre 2014
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Véronique Veilleux
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Par Véronique Veilleux, Journaliste

Chaque année au Québec, ce sont plus de 23 000 bébés qui décèdent durant la grossesse, à la naissance ou durant la première année de vie. Pour sa part, Statistique Canada estime qu’une grossesse sur cinq se terminera en fausse couche. Contrairement à la croyance populaire qui veut que les parents se remettent plus vite de la perte de leur bébé qu’ils ont peu ou pas connut, les recherches tendent à démontrer que les familles éprouvées vivent un deuil aussi important que s’ils avaient perdu un être cher qu’ils ont connus et avec qui ils ont partagé de nombreux souvenirs. Peu importe le stade de la grossesse, la peine et le chagrin peuvent être aussi grands pour les parents que s’ils avaient perdu un être cher qu’ils ont connus et avec qui ils ont des souvenirs. C’est pourquoi bon nombre d’entre eux auront de la difficulté à surmonter cette épreuve.

« Le deuil périnatal, comme tout autre deuil, peut être accompagné d’émotions intenses et douloureuses, telles que la colère, l’impuissance, la culpabilité ou encore la tristesse. Cependant, ce deuil peut être plus complexe pour plusieurs raisons. Lorsqu’un parent perd un bébé, il peut difficilement faire le deuil du passé comme lors du deuil vécu au décès d’un enfant plus vieux ou d’un adulte. Il s’agit plutôt, pour celui-ci, de faire le deuil d’un avenir et de tous les rêves faits pour cet enfant qui ne se réaliseront jamais », explique l’Association Parents Orphelins.

Pour Mélanie qui a vécu six fausses couches, chaque deuil a été une épreuve difficile à vivre, mais le premier a été le plus douloureux de tous. C’est il y a treize ans qu’elle fait sa première fausse couche à trois mois de grossesse. Tant à l’hôpital que dans son entourage elle se fait dire de ne pas s’en faire, qu’elle est jeune et qu’elle a le temps d’avoir d’autres enfants. « Un autre bébé, ça ne remplacera jamais ceux qu’on a perdus », confesse-t-elle. À sa sortie de l’hôpital, elle retourne chez elle où elle doit, chaque jour, se retrouver devant une chambre de bébé vide, ce qu’elle trouvait intolérable. « Personne ne voulait entendre ce que je disais. J’avais l’impression d’être incomprise, que personne ne comprenait combien je pouvais avoir de peine » raconte celle qui a dû faire le deuil d’une vie. Comme les gens minimisaient sa peine, elle s’est renfermée sur elle-même et a souffert en silence.

Deux ans plus tard, elle se retrouve à nouveau enceinte. Bien que cette fois, elle ait mené sa grossesse à terme et que tout se passera à merveille sur le plan médical, sur le plan psychologique elle vivra de l’anxiété jusqu’à l’accouchement. « Ma grossesse a été très difficile. J’étais constamment sur les nerfs. Je faisais de l’anxiété » se remémore-t-elle. « On reste toujours avec une certaine crainte que ça recommence », ajoute-t-elle.

Les fausses couches recommencent et se succèdent

Trois ans après la naissance de sa fille, Mélanie est enceinte pour une troisième fois. À cinq semaines, elle perd le fœtus. « Ce n’est pas la fausse couche en tant que telle qui a été le pire. Mais c’est ça qui m’a fait revivre la première ». Elle réalise alors qu’elle n’a jamais surmonté le deuil de sa première fausse couche qu’elle avait enfoui au plus profond d’elle parce que personne ne voulait l’écouter parler de sa peine. « Personne n’acceptait que j’en parle alors je n’en ai plus parlé. Mais on ne guérit pas dans ce temps-là », confesse celle qui a traîné sa souffrance pendant cinq ans. Rien ne va plus pour elle qui a plus que jamais besoin de parler de sa peine à quelqu’un. Mélanie décide donc de consulter une psychologue qui l’a beaucoup aidé.

Malgré toutes ces épreuves, elle continue de rêver d’avoir un enfant. Après avoir passé de nombreux tests médicaux afin de découvrir pourquoi elle n’arrivait pas à mener une grossesse à terme, elle n’obtient pas de réponse. Par la suite, elle se retrouve de nouveau enceinte, mais elle perd le bébé à onze semaines de grossesse. Un an plus tard, elle se retrouve enceinte pour une cinquième fois. Mais encore là, l’échographie révèle que le cœur du bébé a cessé de battre. À la suite de cette fausse couche, rien ne va plus pour Mélanie qui souffre de dépression. Mélanie sera donc en arrêt de travail durant 6 mois. Le retour au travail n’est cependant pas facile. « On a l’impression que les gens autour ne comprennent pas ce qu’on vit », affirme la mère.

L’Institut national de santé publique du Québec explique que « la majorité des parents qui perdent leur bébé en période périnatale réussissent à traverser cette épreuve avec le temps. Toutefois, la perte d’un bébé peut être particulièrement difficile pour certains parents. Environ un parent sur cinq est susceptible de vivre un deuil plus difficile et de manifester des troubles d’adaptation, tels qu’une dépression, un état de stress post-traumatique ou un deuil compliqué ».

Une fois remise de sa dépression, Mélanie décide qu’elle ne veut plus d’enfants. Elle se fait donc poser un stérilet. Le malheur s’acharne cependant sur elle puisque, malgré ses précautions, elle est à nouveau enceinte, mais elle fait grossesse ectopique (ou grossesse extra-utérine) c’est-à-dire qu’elle se développe en dehors de l’utérus. En octobre dernier, Mélanie a fait sa sixième fausse couche.

Aider les autres

Malgré ses mauvaises expériences, Mélanie a fini par s’en sortir. Aujourd’hui, elle souhaite venir en aide à d’autres parents qui vivent un deuil périnatal afin de leur permettre de trouver de l’aide et du support dont ils ont besoin, ce qu’elle n’a jamais pu obtenir lorsqu’elle en avait besoin. « Moi j’aurais eu besoin durant toutes ces années de parler à des gens qui ont vécu la même chose que moi », confie Mélanie. C’est pourquoi elle a décidé de créer la page Facebook « Parents d’anges en Beauce » et un café-causerie. Actuellement, elle tâte le terrain afin de vérifier si la demande est là. Si tel est le cas, elle pourrait éventuellement fonder un organisme.

Un dossier à suivre

Ne manquez pas notre entrevue avec la psychologue Amélie Mathieu qui nous explique les conséquences psychologiques du deuil périnatal chez les parents. À lire samedi prochain.

Nos autres articles sur le sujet

Le deuil périnatal : Comment s’en sortir

 

Des ressources pour les parents vivant un deuil périnatal

Partout au Québec :

Association Parents Orphelins  www.parentsorphelins.org

 

À Québec :

Association Les Perséides (groupe d’entraide)  http://acclesperseides.wix.com/perseides

 

En Beauce :

Page Facebook Parents d’anges en Beauce  www.facebook.com/pabeauce

Groupe-causerie Facebook de Parents d’anges en Beauce www.facebook.com/groups/pabeauce/

Support psychologique : Amélie Mathieu psychologue chez Les alternatives éducatives  www.alternativeseducatives.com/

 

Sur internet

Nos petits anges au Paradis  http://www.nospetitsangesauparadis.com/

 

Livre

Isabelle Clément et Manon Cyr, Fausse couche, vrai deuil, éditions Caractère, 2013

 

commentairesCommentaires

1

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  • LP
    Lynne Pion
    temps Il y a 9 ans
    Merci pour ce dossier.
    Je vous suggère aussi l'excellent livre: Fausse couche vrai deuil de ma collègue et amie Manon Cyr infirmière spécialisée en deuil périnatal (co-écrit avec Isabelle Clément et la préface signée par Marie Plourde). Le livre est publié aux Éditions Caractère.

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