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OPINION | Démantèlement du chemin de fer entre Vallée-Jonction et Notre-Dame-des-Pins

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14 avril 2015
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Julio Trepanier
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Par Julio Trepanier, Journaliste multimédia

L’architecte Mathieu Lachance s’explique mal qu’une entente ait été conclue afin que le MTQ procède au démantèlement du tronçon de chemin de fer Québec Central entre Vallée-Jonction et Notre-Dame-des-Pins.

Dans un texte intitulé « Le règne de l’obscurantisme », celui-ci souhaite contrebalancer les points de vue sur cette décision qui concerne l’ensemble de la Beauce.

Le règne de l’obscurantisme

Par Matthieu Lachance, architecte

Nos gouvernements, tant au fédéral qu’au provincial, aiment bien faire de l’économie une priorité sur toutes les tribunes. Alors qu’on annonçait avec fanfare la résurgence du Plan nord afin de développer le potentiel minier du Québec septentrional, l’annonce subtile du démantèlement d’une partie vitale du réseau ferroviaire Québec Central, situé au cœur de la Beauce, passait sous le tapis. Ce qui est le plus choquant, c’est que le premier projet est d’abord et avant tout basé sur la spéculation et les prédictions à long terme de la demande des métaux tandis que l’autre se base sur un acquis industriel déjà établi dans une région dynamique de la province.

Malheureusement, on aura eu tout le loisir en Beauce de diviser artificiellement les partisans de la piste cyclable de ceux du chemin de fer, manière efficace de cacher que les deux infrastructures ne sont pas en concurrence et qu’elles peuvent même se supporter mutuellement à long terme dans l’optique possible du retour du transport passager. Sur ce point, les promoteurs du chemin de fer Sartigan, qui opère le seul tronçon fonctionnel du Québec Central, se sont toujours montrés partisans d’une double solution et il semble qu’ils ne soient pas les seuls à penser ainsi dans la vallée de la Chaudière.

Personne n’osera remettre en question la pertinence d’une piste cyclable, mais son impact réel demeure toujours très variable d’une région à l’autre. En revanche, de nombreuses études publiques récentes et l’intérêt soutenu de la communauté d’affaires beauceronne montrent que le Québec Central est un lien économique vital dans la région. Un préfet d’une MRC de la région des Bois-Francs avait d’ailleurs indiqué récemment que la conversion du chemin de fer en piste cyclable dans sa région à la fin des années 1980 avait été une « catastrophe monumentale ». Son cri de détresse s’est visiblement perdu dans le désert.

Ce qui frappe le plus, c’est qu’en cette période dite d’austérité, on ne tient pas compte du coût relatif de chacune des options. Le projet de piste cyclable, selon les rapports disponibles en ligne, se détaille entre 250 000 $ à 300 000 $/km tandis que la réfection du rail par le MTQ en Beauce coûte actuellement 110 000 $/km. Les impacts économiques, sociaux, environnementaux, territoriaux et sur le trafic routier des deux options n’ont aucune commune mesure. Est-ce vraiment là un usage sage et prudent des ressources publiques?

Mais ce qui frappe le plus, c’est l’absence de raisons valables pour détruire le réseau ferroviaire et il semble que dans ce cas-ci on se soit servi de la bonne volonté des amateurs de vélo comme d’un instrument mortel contre le train. Visiblement, la disparition du rail ne profitera ni aux cyclistes ni à la Beauce. La question est de savoir à qui profitera l’élimination d’un concurrent potentiel gênant… sinon, nous sommes face à un pathétique cas d’obscurantisme stérile.

Ne soyons pas dupes, l’expérience récente américaine a prouvé plus d’une fois que le rétablissement du rail là où il avait été abandonné est une entreprise ardue, coûteuse et parfois sans issue. Lors de sa construction, le Québec Central a pu bénéficier du parcours le plus direct possible entre le cœur de la Beauce et la ville de Québec. La réalisation d’une telle infrastructure de nos jours s’avèrerait physiquement impossible et nous voilà prêts à la sacrifier pour des retombées qu’on peine à chiffrer. À ce sujet, est-il nécessaire encore de dire que le coût de la réfection du Québec Central n’est qu’une infime fraction du milliard de dollars engloutis dans l’autoroute 73 depuis plus de 30 ans. L’un mène jusqu’au Mexique, l’autre à un chemin de campagne désolé…

Le plus triste dans cette histoire est que la vallée de la Chaudière est un des endroits les plus privilégiés du Québec pour tenter l’expérience du rail régional et s’intégrer aux pôles d’activités de la capitale et de Lévis. À une époque où la jeune génération se désintéresse de l’automobile à un rythme jamais vu, on se demande bien comment nos villes régionales pourront faire face à l’exode de la population locale.

Où se trouve donc l’esprit combatif et entreprenant des Beaucerons au moment où on se prépare à déconnecter définitivement Saint-Georges du réseau continental? Tout me porte à croire que l’indomptable George Pozer, grand visionnaire, doit bien se retourner dans sa tombe alors que sa ville décide irrémédiablement de faire un grand pas en arrière… Il fut un temps où la seigneurie d’Aubert-Gallion manquait moins de courage.

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7

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  • C
    Chantale
    temps Il y a 9 ans
    Le train en Beauce?...oui, surement qu'il a sa place, sur le tracé actuel?, certainement pas, c'est contraire au standard de sécurité d'aujourd'hui.
  • M
    Marie
    temps Il y a 9 ans
    "En revanche, de nombreuses études publiques récentes et l’intérêt soutenu de la communauté d’affaires beauceronne montrent que le Québec Central est un lien économique vital dans la région"
    Quelles études?....Quelles entreprises?
  • B
    Bernard
    temps Il y a 9 ans
    Mme Marie,

    Visiblement, vous n'avez pas encore consulté ces études, la dernière date de 2012, par la firme Dessau. En gros, ont détermine le potentiel commercial du réseau à 10 870 wagons/an. Le tronçon menacé de démantèlement représente à lui seul 3000 wagons/an, ceci établit selon un scénario RÉALISTE et un niveau de risque MODÉRÉ.

    Pour ce qui est des 35 entreprises ayant signifié un intérêt sur les 65 sondées, vous pouvez à même cette étude les identifier. 54% des répondants affirment donc leur intérêt à transiter leurs marchandises par rail. Qui nous a réussit à nous laisser croire que le démantèlement était envisageable, voir unanime?

    Une étude portant sur le même sujet et effectuées par la firme Jad Engineering consultants a aussi été fait en 2008, elle en venait aux mêmes conclusions. C'est d'ailleurs cette même étude qui a motivé le gouvernement Libéral de 2008 à acheter ce tronçon pour 8,3M.

    Si les liens sont possibles, voici comment accéder aux études:
    http://www.chaudiere-appalaches.qc.ca/upload/chaudiere-appalaches/editor/asset/2009/CFQC_Livrable%208.pdf

    http://www.chaudiere-appalaches.qc.ca/upload/chaudiere-appalaches/editor/asset/CRE-CA_Avis%20Analyse%20viabilite%20Quebec%20Central.pdf

    Chantale, j'imagine que vous êtes experte en ingénierie de géométrie ferroviaire pour affirmer avec tant de certitude que le chemin de fer n'a pas bien été implanté. La vérité est que ce tracé, comme tout ceux qui sillonnent l'Amérique du Nord a été implanté pour desservir les communautés. Or, pour transporter marchandises et passagers, il est essentiel de circuler dans nos centres urbains.

    Et non, la voie ferrée ne peut pas être construite en parallèle des l'A-73, c'est physiquement impossible, à moins que l'on croit logique de dépenser 1 milliard pour la reconstruire et jucher des remblais comme le pont de Notre-Dame-des-Pins.

    J'ai bien hâte d'entendre notre Premier Ministre et notre Ministre de l'Environnement sur le démantèlement maintenant avoué de leur infrastructure ferroviaire. Bourse du carbone, le secteur des transports qui ne rencontre pas ses objectifs de réductions des GES, la priorité emploie, bref que d'incohérence.

    IMPORTANT: Le bail permet une reprise des opérations ferroviaires durant la période de 60 ans. C'est acceptable, de payer 10M pour une piste cyclable temporaire? On a pas les moyens d'en payer une à la bonne place, mais on considère logique de s'en payer deux si le besoin y est. Je ne gère pas mon argent de cette façon, j'aurais perdu ma maison bien avant!

    Salutations
  • J
    Jacques
    temps Il y a 9 ans
    J'aimerais savoir combien d'argent on aura investi au total pour une piste cyclable de St-Marie à St-Georges?Est-ce que je me trompe sije crois que l'on va facilement atteindre 20 millions?Je pense que l'on surestime l'apport économique d'un tel projet.Je ne veux pas me porter à la défense du train.
  • M
    Mike
    temps Il y a 9 ans
    Combien de PME de beauce ont besoin de Wagons de train inflexibles?

    Combien peuvent mettre leurs marchandise dans un camion, l'apporter au train, décharger, charger ½ wagon, décharger ce wagon plus loin le remettre sur un camion etc... ?

    Aucune!
  • K
    Klaud
    temps Il y a 9 ans
    Le train est passé....puis lorsqu'il passait nous avions tous peur qu'il se renverse à cause d'une fondation instable.
    Maintenant il faut passé à autres choses, se réseau est passé date pour le train . Vous ne faites que retarder un beau projet....!
  • E
    Erick
    temps Il y a 9 ans
    L'histoire du Québec Central au début des années 2000 nous a bel et bien prouvé que cette ligne a du potentiel. Il y sortait des trains de 30-40 wagons (l'équivalent de plus de 100 camions de moins sur nos routes), 3 fois par semaine, et je me souviens d'un convoi record dépassant les 75 wagons. L'histoire du Québec Central ne s'est pas bien terminée, mais ce n'était pas une question de potentiel.

    Ce serait une erreur d'en retirer les rails, même si c'est pas pour demain que ce tronçon sera remis à niveau pour rejoindre à nouveau les industries éloignées telles Daaquam. La piste cyclable peut très bien se construire à coté, même si ça coûte plus cher.
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