Violence conjugale : « Au début c'était des insultes... après je me faisais battre » — Sabrina Loubier
Une jeune femme de 20 ans originaire de Beauceville, Sabrina Loubier, a accepté de raconter comment celle-ci s'est fait manipuler et violenter par son ex-conjoint. Elle dévoile son histoire avec l'objectif de conscientiser les femmes à ce phénomène et les inviter à dénoncer si jamais elle vit cette souffrance atroce.
La Beauceronne avait 19 ans lorsqu'elle a rencontré en janvier 2015 celui qui allait devenir pendant plusieurs mois son bourreau. « Il était mon plasteur à mon ancienne relation en plus. Mes parents et mes amis ne l'aimaient pas, mais moi j'étais tombée en amour. Je voyais le bon en lui et je me disais que si je l'aidais il deviendrait quelqu'un de très bien pour moi. Je ne suis pas quelqu'un qui a beaucoup confiance en moi et sa façon de me contrôler était extrême, mais je le voyais au départ comme s'il m'aimait vraiment et qu'il s'intéressait à moi », affirme-t-elle.
Après environ un mois de relation officielle, le conjoint de Sabrina démontre ses premiers signes de violence en la traitant de « salope », « vide couille », « criss de chienne » et « une chance que tu m'as, car tu ne trouveras jamais rien de mieux ». Les mots sont blessants et Sabrina commence à croire ce que lui dit son conjoint. Toutefois, en mai 2015, une chicane éclate et les deux tourtereaux décident de mettre fin à leur relation. L'homme et Sabrina se reverront à la fin juillet 2015 où l'histoire reprendra de plus belle et sera beaucoup plus intense.
Après les insultes, les coups
Le stratagème de l'homme reprend alors qu'il chante la pomme à Sabrina en lui affirmant comment il la trouve belle, drôle, intelligente et a quel point elle est différente des autres. Il reconnait même ses torts et dit qu'il va changer. Les insultes reviennent fréquemment après un mois de relation. La victime raconte que l'homme est contrôlant. Il vérifie ses messages sur Facebook et ses messages textes. Il tente de l'empêcher de mettre de nouvelles photos d'elle sur Facebook en soulignant que ce n'est que pour avoir de l'attention et que ce ne sont que les salopes qui font ça.
À la fin du mois d'août, un premier incident de violence survient dans un hôtel de Saint-Joseph. « Nous prenions un verre et il a commencé à m'insulter sur une relation du passé. Il m'a donné un bon coup de poing au visage et il m'a étranglé à deux reprises. Il s'est mis à pleurer tellement il était en colère. J'ai réussi à le calmer et je lui ai pardonné, car je croyais en son potentiel. J'ai été naïve », affirme-t-elle. En octobre 2015, Sabrina décide d'aller voir son amie, la soeur de son conjoint qui a déjà porté plainte à quelques reprises contre son frère pour violence. Ce dernier viendra chez sa soeur et brisera des chaises en plus de pousser sa soeur. Cette dernière portera plainte contre lui. « Il a toujours été blessant avec sa soeur. Il a probablement pris ses mauvais plis quand il était plus jeune et ça s'est poursuivi sur moi », souligne la Beauceronne.
Après Noël, une autre chicane éclate et Sabrina décide d'aller voir ses amies. Son bourreau l'appelle plus tard dans la soirée et lui dit de venir la rejoindre tout de suite sinon, il y aura des conséquences. La jeune femme va rejoindre l'homme où un deuxième épisode de violence intense surviendra. L'homme la frappera à de multiples reprises et lui cracha au visage en plus de lui tirer les cheveux. « Je suis rentrée chez moi plus tard et quand mes parents ont vu mes bleus, j'ai dit que j'étais tombée en faisant du ski », raconte-t-elle.
La fois suivante, Sabrina se fait casser deux doigts alors que l'homme lui claque la porte sur les doigts et maintient la pression pendant deux minutes. La souffrance est intense et la soeur de l'homme dit à Sabrina de porter plainte au policier. Lorsque les forces de l'ordre arrivent, Sarbrina affirme que ce n'était qu'un simple accident. « Je l'aimais et je le protégeais toujours », affirme la victime. L'homme lui dit qu'elle ne doit pas aller à l'hôpital et la torturera quelques jours en lui faisant craquer les doigts cassés, car il croyait que celle-ci le trompait. « Je n'ai jamais eu aussi mal », souligne Sabrina.
Sabrina a mis fin à sa relation avec ce dernier il y a quelques semaines. Un dernier épisode de violence a éclaté alors que l'homme a brisé sa voiture et a tenté de l'empêcher d'aller voir la police. Finalement, la Beauceronne a porté plainte et l'homme a passé une semaine en prison et est présentement en liberté sous certaines conditions, dont celle de ne pas entrer en contact avec la jeune femme.
Moral
Sabrina affirme que les femmes qui n'ont pas confiance en elle sont des victimes faciles pour ces prédateurs qui sont souvent de beaux hommes, manipulateurs, charmeurs et contrôlants. « Au début, on a l'impression que leur contrôle est protecteur et amoureux alors que c'est néfaste. Les femmes devraient mettre un “stop” à la relation dès le début de la violence conjugale et ne pas attendre que la roue tourne. Quand c'est commencé, il n'y a pas de fin », affirme-t-elle.
Sabrina a compris que la base d'une relation est de se respecter soi-même et de savoir ce qui est bon pour soi. Elle conclut en soulignant que cette histoire aurait pu lui faire perdre tout ce qui lui tient à coeur et que malgré tout, elle s’en sort pas si mal malgré des problèmes d'anxiété et des troubles de sommeil. « J'ai été chanceuse d'avoir de bons amis et l'aide d'une professionnelle. Je sais que je peux avoir une vie normale, j'y crois et surtout j'ai appris que je pouvais me faire plus confiance », conclut Sabrina.
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Je te souhaite du bonheur pour le future.