La FTQ hausse le ton pour l'augmentation du salaire minimum à 15 $
Par Nady Larchet, Journaliste
À l’approche des élections provinciales qui auront lieu cet automne, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a récemment présenté sa plateforme électorale, qui défend tout d’abord les droits des travailleurs et travailleuses. Au sein des nombreuses revendications, le dossier de la hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure se hisse en haut de la liste. D’autres provinces dont l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont déjà annoncé leur intention à cet égard et la FTQ souhaiter que Québec fasse de même.
Plusieurs études, dont celle de l’Iris qui est mise à jour annuellement, démontrent que le salaire viable pour vivre dignement et décemment au Québec tourne en moyenne aux alentours de 15 $ de l’heure. Chacune des régions de la province est étudiée de manière indépendante et il est certain que les données ne sont pas les mêmes pour chacune des régions, mais la moyenne demeure 15 $ de l’heure.
Nos revendications à 15 $ de l’heure ne sont pas la parce que 15 est un chiffre rond. Nos revendications sont appuyées sur des études qui prouvent qu’il faudrait un salaire minimum de 15 $ de l’heure pour vivre dignement et décemment au Québec, souligne M. Daniel Boyer, président de la FTQ.
Ce qu’on dénonce dans le fond, c’est la méthode de calcul que le gouvernement utilise, que l’économiste Pierre Fortin a monté il y a quelques années, qui veut que le salaire minimum soit à 47 % du salaire moyen. Là, le gouvernement tend à augmenter ça à 50 % du salaire moyen, mais nous, ce que l’on répond à cela est qu’un pourcentage du salaire moyen n’a rien à voir avec ce que ça prend réellement pour vivre dignement et décemment au Québec en 2018.
M. Boyer croit qu’il est important de s’appuyer sur de réelles études qui démontrent les besoins réels afin de maintenir un niveau de vie décent et que les 12 $ de l’heure actuels ne sont pas suffisant pour y arriver. En plus, il mentionne que les écarts entre les classes sociales ne cessent de s’agrandir. Les riches s’enrichissent davantage, tandis que les citoyens dont la situation est précaire ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins.
À 12 $ de l’heure, on voit que ça ne fonctionne pas. D’ailleurs, on fait actuellement face à une rareté de main-d’œuvre un peu partout au Québec et si on veut effectivement attirer de la main-d’œuvre compétente, il va falloir penser à la payer comme il faut et non seulement au niveau salarial, mais de donner aussi davantage de disposition dans la conciliation travail-famille.
Dans le dossier de l’augmentation du salaire minimum, la FTQ soutient qu’il y a 3 mythes à déboulonner. Tout d’abord, ils ne pensent pas qu’il y aura une perte d’emploi importante suite à une hausse du salaire minimum. Par exemple, en Ontario, il y a eu une hausse drastique du salaire et le taux de perte d’emploi n’a pratiquement pas changé, et c’est de même pour les autres régions qui ont connu de telles mesures. L’inflation ne semble pas non plus avoir augmenté suite aux hausses salariales de ces mêmes régions, ce que beaucoup craignent également.
Finalement, le dernier mythe à déboulonner est au niveau du décrochage scolaire. Par exemple, l’Ontario a mis en place d’autres méthodes afin de diminuer le taux de décrochage scolaire qui semblent fonctionner. M. Boyer soutient qu’il faut arrêter de laisser vivre les gens dans la pauvreté parce qu’il y a des mythes qui font reculer les décideurs fasse à une hausse salariale.
Et les PME dans tout cela?
M. Boyer est conscient qu’une telle obligation peut avoir un impact sur les PME à situation précaire, mais maintient sa position concernant la hausse.
Nous ce qu’on dit, c’est montons le salaire minimum, et regardons effectivement les impacts que ça pourrait avoir sur certains secteurs de notre économie, sur certaines petites et moyennes entreprises. Il y aura peut-être des moyens qui pourront être pris pour les aider ces entreprises. Tant et aussi longtemps que l’on se crée ces peurs, nous laissons vivre des gens dans la pauvreté.
4 commentaires
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Tous les biens et services vont augmenter de prix drastiquement (et ce pour tous). DOnc les gens à 15$ de l'heure vont dire qu'ils n'arrivent plus car tout augmentera de prix. Il faudra mettre le minimum à 18$ ?
Ça deviendra un cercle vicieux de juste augmenter et penser que ça va tout régler...
Une personne qui travaille 40 heures par semaine au salaire minimum gagne moins de 22 000 $, donc est sous le seuil de faible revenu. Le salaire minimum actuel condamne donc des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs à la pauvreté.
Chaque année, cette situation se traduit par une augmentation des demandes aux banques alimentaires venant de ménages ayant au moins une personne en emploi. En 2014, il s’agit d’une demande sur dix.
Le salaire minimum actuel est bien loin de ce que l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) appelle le salaire viable : un «salaire horaire permettant à un·e salarié·e à temps complet une pleine participation sociale et une marge de manœuvre pour une sortie de la pauvreté et ce, dans une situation et une localité données». En effet, ce salaire s'élève en moyenne au Québec à 15,10 $ en 2016, soit un salaire 40 % plus élevé que le salaire minimum.
Les entreprises peuvent-elles se permettre de payer leurs employés 15$/h?
En 2014, les 100 PDG les mieux rémunérés du Canada ont gagné le salaire moyen annuel d’un Canadien en une journée et demie. Couche Tard a engrangé près d'un milliard $ de profit l'an dernier et a un PDG qui gagne 15 millions $, soit 7500$ par heure tandis que la plupart de ses employé.e.s travaillent au salaire minimum.
Il n’y a aucun doute qu’on a les moyens de garantir un niveau de vie décent pour tout le monde.