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La rédemption du lutteur Carl Leduc commencera en Beauce

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28 juillet 2015
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Gabriel Gignac
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Par Gabriel Gignac, Journaliste

Le lutteur professionnel Carl Leduc, fils de l'ancienne vedette de la lutte Paul Leduc, a du sang beauceron. Il faut dire que la mère du combattant est native de La Guadeloupe en Beauce. Voici un portrait d'un homme qui ne l'a pas toujours eu facile et qui est en quête de rédemption.

Les débuts

Carl Leduc était né pour être lutteur tout comme son père. « J'ai toujours voulu faire comme mon père qui était mon idole. Je tripais chaque fois que je sortais avec mon père et qu'il discutait avec les gens de ses combats de lutte dans des endroits publics et qu'il racontait des anecdotes. J'ai commencé à travailler mon charisme en imitant notamment Maurice Vachon quand j'étais tout jeune et que je travaillais dans un club de golf. Plus tard, je me suis mis à hésiter entre le hockey et la lutte. Le déclic s’est fait lorsque j'ai vu le combat de retraite de Jacques Rougeau et que mon père décrivait l'affrontement pour la radio CKAC à Montréal. J'avais rencontré la famille Hart lors de cette journée », raconte-t-il.

Le lutteur ne cache pas que la renommée de son père lui a ouvert des portes très rapidement. « Au début, j'ai monté très rapidement et le jugement a été très rapide. Si je réussissais, c'était parce que j'étais le fils de la légende et si je manquais mon coup, je n'avais pas le talent de mon père. J'ai commencé au haut de l'échelle, mais je n'avais seulement qu'une base de lutteur. Il me manquait beaucoup pour être capable de pouvoir exploiter mon potentiel. On se servait de mon nom de famille pour vendre. Pour vous donner un exemple après peu de temps dans le domaine, j'ai eu un match à Montréal non télévisé contre Bradshaw lors d'un événement de la World Wrestling Entertainment (WWE) et j'ai obtenu la victoire alors que ce n'était que ma première présence. Je n'étais pas bien perçu dans le vestiaire par les autres lutteurs, car je n'avais pas nécessairement leur talent au début et j'obtenais des chances à cause de mon nom de famille. La situation n'était pas idéale », avoue-t-il.

Si plusieurs lutteurs ne respectaient pas Carl Leduc dans ce temps, un homme est venu le voir et lui a fait confiance, son nom, le regretté Owen Hart. « Hart m'a dit que si je voulais une longue carrière, je devais changer et gagner le respect de tout le monde dans le sport. Il m'a offert l'opportunité d'aller m'entraîner chez son père, dans le donjon, à Stampede Wrestling à Calgary. J'ai appris à la dure, mais j'ai compris réellement ce qu'était mon métier. Je suis sorti de cet endroit avec un bon bagage d'expérience et j'ai gagné en crédibilité. J'ai été en nomination en 1997 comme recrue de l'année dans le monde de la lutte derrière Big Show et The Rock », déclare le combattant qui raconte que la mort d'Owen Hart a été très douloureuse pour lui. « J'aurais aimé avoir la chance de lui parler une dernière fois avant qu'il meure et de lui dire combien il a été bon pour moi et comment il a été gentil avec mon père. Il a ouvert ses bras à ma famille et moi alors que plusieurs les avaient fermés. Je lui en serai éternellement reconnaissant », dit Carl Leduc.

Les déboires et les aveux

Les problèmes de carrière de Leduc commencent en 1999 après une blessure. « Je venais de perdre Owen Hart et ensuite j'ai subi une vilaine blessure dans un duel contre un lutteur qui ne m'aimait pas, car nous étions en compétition. J'ai fait un saut et il devait m’attraper, mais il ne l'a pas fait. Je suis convaincu qu'il a fait exprès », fulmine le catcheur encore aujourd'hui. Le Québécois a par la suite eu un dégoût de la lutte pendant un certain temps et a tenté de percer au cinéma et dans la musique. « Je suis encore dans le monde du cinéma, mais pas dans celui de la musique », ajoute-t-il. 

Leduc retourne dans la lutte avec la compagnie de son père, la FLQ Théâtre extrême et d'autres fédérations pendant plusieurs années, mais les problèmes, bien que cachés, ne sont pas finis. « Il est vrai que j'ai consommé beaucoup de drogue pendant de nombreuses années. Quand j'ai eu cette blessure en 1999, c'était pire, et ce, pendant de nombreuses années. » Le lutteur mentionne qu'il s'en servait pour oublier, s'amuser, mais également pour s'automédicamenter. Le lutteur sort finalement du placard et indique qu'il a une maladie mentale. « J'ai un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Je le sais depuis l'âge de huit ans, mais avec le sport, tout se passait bien. Ma mère le savait, mais elle ne le digérait pas. Il y avait beaucoup plus de préjugés auparavant et ma mère a voulu me protéger. Je ne lui en veux aucunement, car elle a fait, je crois, ce que toute bonne maman aurait fait pour le bien de son enfant. Elle m'a fait faire du sport, je n'ai manqué de rien et ça ne paraissait pas trop », avoue-t-il avant de fondre en larmes. « Je m'en veux à moi, car même si j'étais malade, je lui ai fait beaucoup de peine. Elle a perdu trois emplois à cause de moi notamment et je lui pétais de solides crises. Si vous avez vu le film “Mommy” de Xavier Dolan, et bien c'était sensiblement pareil. Elle a sacrifié son travail et sa vie pour moi et ma maladie. Elle était ma meilleure amie et je ne l'ai malheureusement pas respecté autant qu'elle le méritait. Elle me défendait toujours, et ce, même quand j'avais tort. J'ai eu l'occasion de lui demander pardon sur son lit de mort en 2011, mais je ne peux enlever le mal que je lui ai fait. Maman, du haut du ciel, si tu lis cet article, je veux te dire que je t'aime » déclare Leduc avec la voix tremblante remplie d'émotion.

Leduc, aujourd'hui âgé de 40 ans, prend maintenant une médication pour son TDAH depuis janvier 2015 et est suivi par un médecin. « J'ai un message à lancer aujourd'hui. Tout d'abord, ne jugez pas les gens qui ont des maladies mentales, car ce n'est pas facile à vivre. Je dirais deuxièmement, aux personnes qui ont ce problème, d'en parler et de ne pas vous isoler. Je me suis servi de la lutte pour cacher mon problème et j'ai donné des cours de lutte à des jeunes qui n'avaient pas d'argent. J’ai ouvert un programme pour sortir les jeunes de la rue. J'aidais les autres, car je me sentais valoriser. Je fuyais mon problème et ça ne m'a pas servi de le fuir, car j'ai tenté deux fois de m'enlever la vie. Aujourd'hui, j'avoue mon problème et je n'ai plus peur. Je l'accepte et je vis avec », affirme-t-il avec conviction en ajoutant qu'il aimerait pouvoir faire des conférences dans les écoles pour éduquer les adolescents sur la maladie mentale.

L'homme a également survécu à une tentative de meurtre dans les dernières années. « Je me suis fait poignarder et j'ai vécu un choc post-traumatique. Je crois avec le recul que la vie m'a envoyé un message qui voulait dire que malgré tout ce que j'avais vécu, j'avais encore ma place sur Terre et que je pouvais faire du bien. C'est ce que je vais faire », dit-il d'un ton affirmatif.

La rédemption

Maintenant que sa vie est sur les bons rails, quels sont les projets de Carl Leduc ? « J'ai repris possession de la fédération de lutte FLQ Théâtre extrême avec mon partenaire Guillaume Thomas et nous voulons organiser un gala à La Guadeloupe. Ma mère, Pierrette Brault (Leduc), est née à cet endroit et je commence ma rédemption de cette façon. J'ai passé beaucoup d'étés en Beauce quand j'étais plus jeune et j'aime votre coin de pays. Je veux faire ce spectacle pour ma mère et marquer le retour des Leduc et des Brault en Beauce. Mon père, Paul Leduc, va m'accompagner ici et je veux rendre les Beaucerons fiers en impliquant vos lutteurs locaux. Je vais également revenir combattre dans le ring, car j’ai retrouvé la passion de la lutte. Aujourd'hui, j'ai passé aux aveux pour pouvoir mieux rebâtir et je veux commencer ça ici pour montrer que je peux réussir. Je mérite une dernière chance et je reviens où tout a commencé: la Beauce », conclut Leduc avec émotion.

 

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3

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  • PL
    Paul Leduc
    temps Il y a 8 ans
    Excellent article, c'est beaucoup d'émotions pour un père, j'ai eu de la misère à me rendre jusqu'à la fin.
    Paul Leduc
  • RF
    René Fortier
    temps Il y a 8 ans
    Carl, je comprends mieux qui tu es maintenant et pourquoi nous nous sommes querellés. Lorsque tu as tenté de commencer la lutte à Longueuil, se fût notre séparation amicale...
    Si tu es dans le chemin de cette rédemption,mon ami, soit fort et je t'appuis!

    Pour tous, Carl est une personne à connaître et comme son idole, il m'a donné une chance dans la lutte et maintenant, je lui dit: Merci pour la FLQ!
  • L
    Lucien
    temps Il y a 8 ans
    Carl, jadis j'ai été te voir lutter dans le passé avec René ( mon fils ) . Il a toujours cru en toi comme je croyais en la formation de catcheur LES LEDUC. Ne lache surtout pas; les québécois sont derrière toi comme nous l'étions avec Paul et Jo Bonne chance et crois en l,avenir.
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