Mise au point sur la tendance anti-sucre

Mise au point sur la tendance anti-sucre

Après s’être fait détrôner par les tendances sans cholestérol, sans gras trans et sans gluten,  vous avez sûrement remarqué que sans sucre regagne désormais en popularité.

Voilà maintenant près d’un an qu’on annonce que l’étiquetage nutritionnel sera modifié au Canada¹.  Alors qu’on ne savait plus trop où ce dossier en était, la ministre fédérale de la santé Rona Ambrose annonçait, le 12 juin dernier, que Santé Canada proposait bel et bien de modifier certaines exigences quant à l’étiquetage nutritionnel². Pas de date encore n’a été fixée, on sait tout au plus que les modifications annoncées feront l’objet de consultations jusqu’au 26 août.

Bon.

Depuis le début du processus, plus de 10 000 canadiens; des consommateurs, des nutritionnistes et autres professionnels de la santé, ont déjà émis leur avis. « Googlez » nouvel étiquetage nutritionnel canadien et vous découvrirez les controverses que celui-ci suscite. Quoiqu’il en soit,  la façon d’afficher les sucres ajoutés semble être la tête d’affiche.

À la demande des canadiens, la ministre Ambrose propose notamment :

1. De modifier la façon dont le sucre est indiqué dans le tableau de la valeur nutritive. Ainsi, on pourrait distinguer le sucre ajouté du sucre naturellement présent dans l’aliment;
    
2. De modifier la façon dont le sucre est indiqué dans la liste des ingrédients.
   Rappelons que les ingrédients sont indiqués en ordre décroissant de poids. Pour le moment, les différents types de sucres présents dans un aliment ne sont pas regroupés. Ainsi séparés, ils pèsent chacun moins lourd et se retrouvent plus loin dans la liste des ingrédients que s’ils étaient regroupés.
    
3. D’indiquer le pourcentage de l’apport quotidien en sucre par portion. Ainsi, si un produit affiche 25% sous la colonne de la valeur quotidienne, cela signifiera qu’une portion fournira le quart du sucre ajouté pouvant être consommé dans une journée.

Il faut dire que dans le « star-système » alimentaire, le sucre attire actuellement les gros titres. Addictif, dommageable pour la santé, promu par l’industrie; il est sur toutes les lèvres. Reportages, articles et documentaires se succèdent pour dénoncer la relation entre le lobby du sucre et les organisations publiques. Le documentaire « Sugar Coated »³ présenté en grande première canadienne à Québec jeudi dernier dresse d’ailleurs un parallèle étroit entre les campagnes de relations publiques menées par l’industrie du sucre et celles de l’industrie du tabac.

Certes, outiller le consommateur à consommer moins de sucre ajouté est une excellente chose. Mais ne nous lançons pas têtes baissées dans une autre tendance qui nous aveuglera et nous fera oublier l’importance de l’alimentation dans sa globalité.

Demandez à l’industrie des produits moins sucrés et vous en recevrez. Mais ceux-ci contiendront peut-être  des substituts de sucre, plus de gras ou plus de sel afin d’en rehausser la saveur. Gardons les yeux ouverts.

Faire la guerre à un seul nutriment, c’est chercher à faire porter le chapeau à un seul coupable alors que les dommages ont été réalisés en collectivité.

	Vous avez des questions qui pourraient inspirer une chronique? Besoin d’expertise-conseil en matière de nutrition?  N’hésitez pas à me joindre : [email protected]