Nous joindre
X
Rechercher

La pizza et le pape

durée 10h59
23 juin 2014
Véronique Lessard
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Véronique Lessard

D’abord, la pizza…..(sujet un peu plus léger)

Mes neurones me supplient de cesser d’y penser, mes doigts fourmillent de sentir encore sa chaleur, mes lèvres de taquiner à la fois son croustillant et sa légèreté et mes papilles de goûter ses mélanges audacieux et exquis. À moi, les pizzas de Rome...
J’avais entendu parler du Pizzarium avant notre arrivée. Un restaurant au look un peu décharné, minuscule et dépourvu de toute place assise pour déguster LA spécialité : la pizza déjantée !


Alors, un soir, mon chum et moi partons à la recherche de ce restaurant, muni de notre carte numérique de Rome. Heureusement que je savais à quoi m’attendre avant d’y arriver, car je ne suis pas certaine que j’aurais pensé manger une pizza digne de ce nom dans cet endroit !
On entre. Sous nos yeux se dévoilent une quantité impressionnante de grandes pizzas rectangulaires de saveurs différentes : aux pommes de terre, à la croûte de pois chiches et mortadelle, à la mozzarella et aux tomates confites, aux oignons caramélisés. Le concept est simple, tu prends la portion que tu veux et le gentil commis la coupe avec un ciseau et en termine la cuisson.


Je vais alors m’asseoir sur l’unique banc de la rue et j’attends mon chum. Il sort, sourire fendu jusqu’aux oreilles, avec deux plateaux sur lesquels fument nos en-cas. S’ensuit alors la dégustation la plus vorace que Rome n’ait jamais vue. Je pique dans son plateau, il pique dans le mien…à deux, on doit bien avoir l’entièreté des variétés du présentoir. C’est un surprenant délice! La pizza aux pommes de terre est onctueuse et salée, celle aux pois chiches et à la mortadelle, un ingénieux contraste entre spongieux et crémeux, celle à la mozzarella et aux tomates cerises, fondante et acidulée…..AH……….à la dernière bouchée, j’entends alors toutes les cellules de mon corps repu me dire dans un soupir: merci.

 

Ensuite, le pape….(sujet un peu plus corsé)

Il y a dix ans à peu près que j’ai évacué la catholique en moi. Pourtant, je les ai récité les louanges à l’église tous les dimanches matins avec mes parents. Encore aujourd’hui, les rares fois où il m’arrive encore d’aller à l’église, je les vois venir et les dit sans peine, à la grande stupéfaction de mon chum. J’ai lâché la religion progressivement, mais le début de la fin a commencé lorsque j’ai appris que les belles histoires qu’on m’avait racontées sur la vie de Jésus n’étaient pas nécessairement réelles, mais étaient plutôt des images pour illustrer les valeurs de la religion. J’étais furieuse. Je devais avoir 11 ans. On m’avait trafiqué la vérité pendant toutes ces années. Depuis ce temps, j’ai réinventé ma foi en ne croyant qu’en une seule chose : une puissance supérieure qui est là pour moi et à qui je peux parler, demander et remercier. Elle n’a pas vraiment de visage, elle pourrait être un homme, une femme, avoir une seule jambe, être un oiseau. Pas d’importance.

Mais, lorsque j’ai vu le pape François 1er  pour la première fois, j’ai été happé par son regard rempli de bonté. J’ai été impressionnée lorsqu’il a refusé l’habit traditionnel de pape orné de mille dorures de même que les appartements officiels qu’il jugeait trop luxueux. J’ai été séduite lorsque je l’ai vu prendre des bains de foule pour embrasser les fidèles et déambuler sans aucune protection anti-balles sur son véhicule à moteur. J’ai été ébranlée lorsqu’il s’est excusé au nom de l’Église (le premier à le faire) pour les victimes d’agressions sexuelles de certains prêtres. Oui, le Vatican est démesurément riche. Je l’ai vu. C’est bien loin des conditions de vie de beaucoup de catholiques. C’est honteux. Certains membres de l’Église ont commis des actes odieux et impardonnables. C’est immonde. Je ne sais pas si Jésus s’imaginait que les choses prendraient cette tournure. Lui, qui vivait simplement et dont le message était : aimez-vous les uns les autres. Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. L’Église n’est pas épargnée.

À Rome, j’ai assisté un matin à une bénédiction du pape François 1er à la Place Saint-Pierre. Il est arrivé parmi les fidèles, il souriait, il saluait. Il était présent. Il dégageait une bienveillance, une paix d’esprit hors du commun. J’ai été émue par sa bénédiction qui s’adressait à moi, mais également à tous mes proches. Cet homme m’inspire confiance. J’ai eu envie de croire en lui. J’ai eu envie de reconnecter avec le message propre de Jésus et de balayer tout le reste (je n’ai pas dit excuser). C’est comme si ce nouveau pape avait rétabli le lien, le canal entre Jésus et moi.

Lorsque j’ai fermé les yeux ce soir-là et que je me suis adressée à ma puissance supérieure, je l’ai enfin aperçue : il avait un regard bon, un nez fin et droit, une barbe pointait sur ses joues et quelques boucles brunes lui balayaient le cou. Il m’a souri.
 

 

 

commentairesCommentaires

1

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

  • DL
    Denise Leclerc
    temps Il y a 9 ans
    Je peux facilement imaginer l'émotion qui nous traverse l'intérieur durant cette belle rencontre avec le pape François 1er