Quand la lumière se tamise

Quand la lumière se tamise

Ils sont loin dans le fond de mon armoire et pourtant, je remets vite la main dessus. Ils étaient joliment pliés, attendant patiemment le retour de leur utilité. Mes doigts les frôlent, sentent leur douceur et leur chaleur. Je retrouve ces fidèles compagnons, qui non seulement me réchauffent les pieds, mais aussi l’âme. Ils feutrent mes pas pendant la saison froide et m’ancrent les deux pieds bien au sol. Ils font le trajet entre le bain chaud et mon lit, entre la chambre des enfants et la mienne. Ils pointent dans la télé lorsque je suis allongée sur le divan, une tisane à la main.

J’en ai des tonnes : des bleus, des roses, des rayés, à pois : mes bas de laine. La première journée où je les enfile sonne la fin de l’été. Ça ne me rend pas triste du tout. L’automne pour moi, c’est le calme. Le calme après la tempête. L’atterrissage après le décollage. Les rapprochements après l’éloignement. C’est la saison où les lumières se tamisent.

On entre chez-soi. On est près les uns des autres. La pénombre nous permet de voir seulement ce qui est important et aussi, de fixer notre attention à l’intérieur de nous-mêmes. On n’est plus étourdit par le soleil et les mouvements incessants qu’il entraîne dans son sillage. Finit les enfants qui hurlent sur la trampoline du voisin, finit les traces de pieds nus sur le plancher, les enfants qui veulent aller se baigner chez le voisin, qui veulent faire un feu et manger des guimauves. On ne fait plus une multitude d’activités qui nous amènent un peu partout, qui font que les enfants sont éparpillés et s’activent. Non. On flâne à table, on jase. On se colle sur le divan, on écoute un bon film. On s’installe par terre dans le sous-sol et on joue à des jeux de société. Le bonheur. On entre dans une douce langueur. Une langueur qui se glisse partout, jusque dans le fourneau où les viandes cuisent lentement avec du petit bouillon et des légumes.

On prépare doucement notre corps pour l’hiver, on se fait une petite couenne, avec des excès ou enveloppés dans une couverture moelleuse.

Profitez-en bien…..