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Un sommet sur la fraude à l'identité autochtone a débuté mardi à Winnipeg

durée 14h21
14 mai 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Un sommet de deux jours s'est ouvert mardi à Winnipeg et permettra aux dirigeants autochtones à travers le pays d'échanger sur ce qu'ils appellent la fraude à l'identité autochtone et sur la façon d'y remédier.

Coorganisé par la Fédération des Métis du Manitoba et les Chefs de l'Ontario, le sommet réunit aussi des dirigeants inuits et innus qui ont exprimé leurs préoccupations sur le sujet. 

Jacques Watso, membre du Conseil des Abénakis d’Odanak, près de Sorel, au Québec, participera également à une session mercredi sur les impacts de cette fraude à l'identité autochtone dans le reste du pays. 

L'un des sujets de discussion demeure le projet de loi C-53, qui vise à reconnaître officiellement certains gouvernements métis en Alberta, en Ontario et en Saskatchewan.

Ce projet de loi est vivement contesté par la Fédération des Métis du Manitoba et les Chefs de l'Ontario, qui affirment que l'inclusion de la «Nation métisse de l'Ontario» dans le projet de loi menace leurs droits. Ces deux groupes remettent en question la validité même de cette organisation.

Le chef de la Première Nation de Nipissing, Scott McLeod, est vivement opposé à ce projet de loi. Lors du sommet, il a évoqué son enfance dans sa communauté, dans les années 1960 et 1970, lorsque les aînés hésitaient à partager leur culture avec les jeunes générations par crainte des répercussions du gouvernement fédéral.

«J'ai lutté pendant des années pour récupérer ces (connaissances)», a lancé M. McLeod, portant une chemise sur laquelle était écrit «Dites non au projet de loi C-53». Mais aujourd’hui, la crise est différente, dit-il.

«Nous luttons contre des gens qui essaient d'être nous, a-t-il déclaré. Nous luttons depuis plus de 400 ans maintenant pour maintenir notre identité, et ceci n'est qu'un autre chapitre de cette lutte.»

La présidente de la Nation métisse de l'Ontario, Margaret Froh, défend depuis longtemps son organisation et affirme qu'on lui a systématiquement refusé des demandes de rencontre avec les dirigeants des Premières Nations de l'Ontario pour faire amende honorable et expliquer l'histoire des Métis dans cette province.

Dans une lettre adressée au président de la Fédération des Métis du Manitoba (FMM), David Chartrand, au début du mois de mai, Mme Froh a demandé la permission de prendre la parole lors du sommet de Winnipeg, affirmant que cela pourrait être l'occasion de «rectifier les faits sur l'histoire, l'existence et les relations entre les communautés métisses de l'Ontario et la Nation métisse au sens large».

Dans une autre lettre adressée ce mois-ci aux membres de la FMM, Mme Froh a déclaré que face à «la campagne continue et calculée de la Fédération des Métis du Manitoba visant à effacer l’histoire des communautés métisses en Ontario», il était important de partager des récits «basés sur les faits». 

L'organisation ontarienne a ainsi commencé à publier de courtes vidéos, dont une sur les Métis de Sault-Sainte-Marie, et encourage ses membres à les partager.

S'exprimant lors du sommet, David Chartrand a fustigé l'organisation. «Les temps changent et maintenant, tout le monde veut sauter dans le wagon de la rivière Rouge», a-t-il déploré. Il a souligné la résistance historique des Métis du Manitoba, notamment par l'intermédiaire de leur défunt chef Louis Riel, et a exhorté les Premières Nations de l'Ontario à se joindre à leur lutte contre la fraude à l'identité.

«Nous allons ébranler les fondements du moteur politique de ce pays (…) Nous sommes prêts à mener cette bataille et nous ne sommes plus démunis.»

Mme Froh a envoyé mardi un avis aux médias au sujet de l'identité métisse, critiquant la «tendance préoccupante concernant la représentation et la fausse représentation flagrante du peuple métis, de son histoire et de ses droits dans certains médias canadiens».

Au-delà des Métis de l'Ontario, le sommet se penchera sur les «revendications illégitimes et changeantes en matière d'indigénéité» dans l'est du Canada, selon les dirigeants inuits et innus.

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne