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Le travail des pompiers et la pluie freinent l'expansion du feu de Fort McMurray

durée 07h14
17 mai 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

FORT MCMURRAY, Alb. — Chaque jour depuis qu'un incendie de forêt a commencé à menacer la ville de Fort McMurray, en Alberta, des pompiers épuisés descendent des hélicoptères au terme d'un autre quart de travail des plus difficiles.

Un travail pénible et manuel?

«Oui, très», a avoué sans détour le commandant Gavin Hojka, qui est responsable de 172 pompiers forestiers.

Il n'existe aucun accès routier pour se rendre jusqu'aux lignes de front de l'incendie, qui n'a pas gagné en superficie ces 24 dernières heures grâce au temps frais et humide, ainsi qu'au travail acharné des équipes de lutte contre les flammes.

Des équipes de huit à vingt personnes sont déployées par hélicoptère tôt le matin. Elles se dirigent ensuite à pied vers les flammes, tout en transportant des pompes, des tronçonneuses, des pelles, des haches et des tuyaux.

Beaucoup, beaucoup de tuyaux.

«Il faut amener une dizaine de boîtes de tuyaux pour la journée», a expliqué le commandant Hojka.

«Chaque jour, on apporte plus de tuyaux. Nous sommes rendus à des milliers de pieds de tuyaux.»

Chaque boîte de tuyaux pèse environ 27 kilogrammes. Les pompes qui les remplissent pèsent environ 30 kilogrammes, toutes transportées sur le dos jusqu'à l'étang ou le ruisseau le plus proche.

Avec de l'eau et des outils manuels, les pompiers combattent les flammes pendant 12 à 14 heures d'affilée, revigorés uniquement par le contenu de leur boîte à lunch. Puis, l'hélicoptère vient les récupérer pour qu'ils se reposent un peu avant de se remettre à la tâche.

«On fait tout ce qu'on peut pour s'assurer qu'ils puissent rentrer chez eux le soir, a souligné M. Hojka. On s'assure qu'il y a toujours quelqu'un qui vole dans l'hélicoptère pour avoir un point de vue depuis le ciel, un guetteur.»

Les évacuations maintenues

Malgré tout le travail des pompiers, l’incendie demeure incontrôlable et environ 6600 résidants de ce pôle des sables bitumineux ne peuvent toujours pas rentrer chez eux.

Des quartiers comme Beacon Hill et Grayling Terrace étaient déserts jeudi, les poubelles étant soigneusement alignées dans les allées à côté des voitures, des camions et des VTT. La police et les secouristes étaient les seules personnes présentes sur place, mis à part les oiseaux.

À Grayling Terrace, des équipes installaient des arroseurs capables de pulvériser 600 litres d'eau par minute sur les arbres et les buissons à proximité des maisons. À Beacon Hill, de jeunes peupliers près des maisons ont été pulvérisés d'une teinte orange foncé avec un produit ignifuge.

Le feu s'étendait toujours sur environ 200 kilomètres carrés et demeurait à un peu moins de six kilomètres de la banlieue sud de Fort McMurray jeudi. Malgré la météo favorable, les personnes évacuées ne devraient pas être autorisées à rentrer chez elles avant la fin de la longue fin de semaine.

Le système judiciaire de la ville a été temporairement fermé, tout comme les écoles.

Un sentiment de déjà-vu

Des milliers d'habitants ont fui la ville mardi, craignant une répétition des incendies de 2016, qui ont forcé l'ensemble de la communauté à partir et incendié plus de 2400 maisons.

Mais dans les quartiers qui ne sont pas frappés par l'ordre d'évacuation, la vie revient peu à peu à un rythme aussi normal que possible.

Les épiceries sont ouvertes et bien approvisionnées, avec du papier toilette en abondance. Les restaurants, dont beaucoup étaient fermés mardi, ont rouvert.

«Nous avons fermé le premier jour, juste pour que tout notre personnel puisse s'occuper de leurs familles», a expliqué Shelby Thompson, du Montana's BBQ and Bar.

«Nous avons ouvert le lendemain, aux heures régulières», a-t-elle aussitôt ajouté.

Au centre commercial Peter Pond, il y a eu une certaine confusion, dans les premières heures, à propos de l'ordre d'évacuation publié mardi. Ainsi, certains magasins ont fermé leurs portes, a mentionné Shauna Hannam, qui est responsable des locations spécialisées.

De nombreux employés, craignant que le scénario de 2016 se répète, ont décidé de «prévenir plutôt que guérir», a-t-elle raconté.

«Pour beaucoup de gens, c'était la même histoire qui se répétait, donc ils se sont dits: "Je vais juste faire sortir ma famille d'ici tout de suite."»

«Le lendemain, alors que la moitié de la ville n'a pas été évacuée, c'est là que la confusion s'est installée. Les gens ne savaient pas s'ils devaient venir travailler», a-t-elle souligné.

Petit à petit, les travailleurs sont revenus. Jeudi, plus de la moitié des magasins étaient ouverts.

Ailleurs dans l'Ouest

D'autres incendies qui font rage dans l'Ouest canadien ont également contraint des gens à fuir leur domicile.

Dans le nord de la Colombie-Britannique, un feu menaçant Fort Nelson s'étendait sur environ 120 kilomètres carrés, mais s'éloignait de la ville. La communauté de 4700 personnes reste tout de même sous le coup d'un ordre d'évacuation.

Le maire de la municipalité régionale de Northern Rockies, Rob Fraser, a révélé que certaines structures avaient été endommagées sur des propriétés rurales à l'extérieur de Fort Nelson. Il n’a pas précisé combien ni si des maisons avaient été touchées.

Des températures plus fraîches et une humidité plus élevée devraient aider les pompiers au cours des prochains jours. Malgré ces bonnes nouvelles, M. Fraser ne peut pas dire à quel moment les personnes évacuées pourront rentrer chez elles.

«Ce qu'on ne veut pas, c'est permettre aux gens de rentrer chez eux, simplement pour les forcer à repartir trois jours plus tard. Ça, ça serait un cauchemar», a-t-il expliqué.

Au Manitoba, 675 personnes ont été forcées de quitter la zone autour de la communauté de Cranberry Portage, dans le nord-ouest de la province. Aucune date de retour n'a été annoncée là non plus.

La province a indiqué que l'incendie restait à moins de deux kilomètres de la communauté. L'électricité et le service téléphonique ont cependant été rétablis.

Jeudi, Ottawa et le gouvernement du Manitoba ont annoncé un accord prévoyant une somme combinée de 38,4 millions $ sur quatre ans pour renforcer la lutte contre les incendies et la prévention.

Bob Weber, La Presse Canadienne