On est fiers d’être beaucerons. Mais d’où vient ce nom de Beauce? Cette appellation a son origine pendant la période où nous étions sous le régime français. Les historiens qui se sont penchés sur cette question croient qu’on a choisi ce nom en référence à la région de la Beauce en France, reconnue pour sa vocation agricole, traditionnellement alors surnommée le «grenier de la France» pour sa culture du blé. Bien que les paysages de la Beauce québécoise diffèrent énormément par la présence de la vallée de la Chaudière, c’est bien le potentiel agricole de ce nouveau territoire qui lui a valu de rendre hommage à cette région française si fertile. Quant à l’étymologie du mot, elle proviendrait du gaulois «belsa», qu’on pourrait traduire par «espace découvert». Ce serait à l’époque de la fondation de Saint-Joseph, en 1737, qu’on aurait commencé à utiliser l’expression «Nouvelle-Beauce». Mais il semble aussi qu’on ignorait son orthographe exacte de sorte qu’il y eut un certain flottement quand à la façon de l’écrire, ce qui transparaît dans les plus anciens documents qu’on a retracés à ce sujet. Voyez des extraits de quatre documents officiels anciens qu’on a découverts de cette période (document 2). En 1739, l’arpenteur Beaupré écrit «Bauce» dans un dossier d’arpentage. La même année, le notaire Barolet utilise des orthographes différentes dans deux contrats: «Beausse» et même «Bosse». Il continue de chercher et écrit «Bausse» en 1742 dans un autre contrat. Notez que sur les mêmes documents, on parle de «Nouvelle-Beauce» et non pas Beauce tout court. Ce n’est qu’après quelques décennies qu’on a laissé tomber le «Nouvelle» pour ne garder que Beauce. Une petite digression: Il y a quelques années, on a eu chez nous l’hebdomadaire «Beauce-Nouvelle», qui n’avait toutefois aucun rapport avec l’ancienne désignation (inversée) de notre comté. Ressemblance accidentelle, simple coïncidence.
Incidemment, savez-vous que Saint-Georges a déjà appartenu au comté de Dorchester? Incroyable. Quelqu’un qui s’aventure à faire des recherches élaborées à ce sujet risque de se heurter au problème des multiples juridictions utilisant le vocable «Beauce». Faut se méfier des nombreux dédales administratifs: comtés, districts électoraux, MRC (municipalités régionales de comté), etc. Le territoire de la Beauce couvre principalement une partie de la région de Chaudière-Appalaches mais comprend une petite partie dans les Cantons de l’Est, et est divisé entre les MRC de Beauce-Sartigan, la Nouvelle-Beauce, Robert-Cliche et une partie de Les Etchemins et de Le Granit. La capitale a déjà été Beauceville et le chef-lieu est Saint-Joseph, la métropole étant Saint-Georges. Concernant les districts électoraux, il faut savoir que ceux-ci sont parfois modifiés pour conserver une population équilibrée par rapport à l’ensemble des districts. Ainsi, Saint-Georges était au début dans la Beauce, mais il fut transféré dans Dorchester lors de la création de ce comté en 1792. En 1841, le comté de Beauce est complètement disparu et son territoire fut fusionné au comté de Dorchester. On s’appelait alors «Saint-Georges de Dorchester» (document 3, de 1844). Mais on a été recréé en 1867, le comté de Dorchester perd alors le territoire de la Beauce, donc retour de Saint-Georges en Beauce! Ironie du sort, le comté de Dorchester a depuis été aboli, il n’existe plus, c’est maintenant Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, comme on le constate à la carte récente du Comté (document 1). Wow, de quoi perdre son latin...
Collaboration spéciale à la recherche de Rénald Lessard archiviste-coordonnateur à la direction de la BAnQ de Québec et de Louis-Marie Poulin de Beauceville. Nos remerciements. Texte de Pierre Morin.
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Assez spécial, n’est-ce pas ?