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Les enfants et les écrans

durée 18h00
13 mai 2024
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Récemment, une attention particulière a été accordée au phénomène de l’utilisation des écrans (cellulaires, tablettes et autres) par les enfants. On se questionne sur les impacts de ces outils auprès de nos jeunes.

Une étude en France et des initiatives aux États-Unis ont attiré l’attention des dirigeants et des parents d’ici et je me permets de vous en faire part.

Phénomène récent

L’utilisation régulière des téléphones cellulaires et des ordinateurs par les jeunes est un phénomène relativement récent. Ça ne remonte pas au déluge.

En effet, c’est à la fin des années 2000 et au début des années 2010 que le téléphone cellulaire intelligent s’est installé dans la vie des mineurs et a pris une place de plus en plus importante. Et cela s’est effectué avec le plein consentement des parents.

À la base, le téléphone intelligent est un outil très utile permettant aux parents de communiquer avec leurs enfants quand bon leur semble et de savoir où ils se trouvent.

Mais, comme tout bon outil, l’usage qu’on en fait peut également créer des problèmes. Plusieurs études ont permis de constater que l’utilisation régulière du cellulaire intelligent finit par créer de l’anxiété chez les jeunes qui ont tendance à s’isoler, à devenir sédentaire et à ne fréquenter les autres que via les réseaux sociaux. 

On ne joue plus dehors, on ne rencontre plus ses amis en présentiel, on passe un temps fou sur les réseaux sociaux et plusieurs deviennent accrocs au point de ne plus vivre dans la réalité.

Et, généralement, tout cela se fait sans supervision des parents.

En France

Un comité d’experts français qui se sont penchés sur la question de l’utilisation des écrans par les jeunes a remis au Président Macron un rapport qualifié de «coup de poing» dans un article d’Emmanuelle Latraverse dans le Journal de Québec du 5 mai dernier.

Le rapport intitulé : «Enfants et écrans : à la recherche du temps perdu» fait ressortir à quel point les dirigeants des réseaux sociaux développent des outils susceptibles de charmer les jeunes et de les attirer à passer de plus en plus de temps sur leurs écrans.

Tel que mentionné dans l’article précité : «… tous ces gadgets qui règnent sur nos vies ne servent qu’à une chose : faire faire de l’argent aux entreprises qui les ont conçus.»

Les auteurs du rapport français n’y vont pas de main morte avec des recommandations drastiques concernant l’utilisation des écrans. Voici quelques-unes de ces recommandations : zéro écran chez les moins de 3 ans, écran déconseillé entre 3 et 6 ans, usage modéré des écrans et pas de cellulaires entre 6 et 11 ans, cellulaire sans internet à partir de 11 ans, cellulaire avec internet, mais sans réseaux sociaux à partir de 13 ans et, cellulaire avec accès limité aux réseaux sociaux à partir de 15 ans. 

Au Québec, l’âge légal pour avoir accès à TikTok est de 14 ans, alors qu’il est de 13 ans pour Snapchat. Mais, en réalité, qui vérifie si ces limites sont respectées? Qui empêche un jeune de moins de 13 ans d’accéder à ces réseaux sociaux? 

Aux États-Unis

Des études américaines ont permis de constater que les ados passent de 7 à 9 heures par jour sur les écrans (cellulaires, tablettes et autres),

Dans un article du Washington Post publié récemment, il était question de l’école Illing au Connecticut, une école secondaire de 800 étudiants où on a décidé d’interdire totalement l’usage des téléphones cellulaires tant dans les classes qu’à l’intérieur de l’école et dans la cour.

Dès leur arrivée sur le terrain de l’école, les étudiants doivent déposer leur cellulaire dans une pochette verrouillée. Ils pourront récupérer leur cellulaire à la sortie du terrain de l’école à la fin de la journée.

Évidemment, cette mesure n’a pas été implantée dans l’enthousiasme. De nombreux étudiants et parents s’y sont opposé. On a protesté, on a fait signer des pétitions, on accusait l’école de nuire à la sécurité des jeunes et d’empêcher les parents de contacter leurs enfants durant la journée.

La direction de l’école ne s’est pas laissé influencer par toutes ces objections et a mis en application son règlement.

Moins de quatre mois plus tard, la mesure est toujours en place et, croyez-le ou non, de nombreux élèves en sont ravis. On a assisté un changement radical du climat au sein de l’école. Des élèves disent s’être fait de nouveaux amis, il y a moins de conflits attisés par les réseaux sociaux. Les enseignants ont constaté une importante amélioration de la concentration des élèves durant les cours.

Aujourd’hui, cette mesure est acceptée tant par les élèves que par les parents. Évidemment, il existe quelques poches de résistance, mais il s’agit là d’exceptions qui ne remettent nullement en question le règlement.

Même que cette initiative a fait boule de neige et que, présentement, plus de 2 000 autres écoles ont adopté une mesure similaire.

Le rôle des parents

Au Québec, on en est à interdire l’usage des cellulaires en classe. On songe même à étendre cette interdiction à toute l’école.

Les parents ont souvent tendance à remettre entre les mains des autorités la responsabilité de réglementer l’usage des écrans de toutes sortes, mais, en réalité, les premiers responsables sont les parents.

Ce sont eux qui décident de doter leur progéniture de cellulaires et/ou d’autres écrans. Ce sont eux qui devraient également superviser l’usage que leurs jeunes en font. Les parents doivent également donner l’exemple en faisant une utilisation raisonnable de leurs écrans.

Je peux avoir l’air d’un dinosaure par mes propos, mais, rassurez-vous, je ne suis pas en train de rêver au retour du téléphone à roulette. Le cellulaire et les ordinateurs sont de précieux outils, mais leur utilisation devrait être l’objet d’un certain dosage.

Il y va de la santé physique et mentale de nos jeunes.

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Pensée de la semaine

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