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Un Ukrainien qui vit au Canada craint de devoir rentrer pour aller combattre

durée 05h46
26 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Un Ukrainien qui vit aujourd'hui au Canada craint qu'un gel des services consulaires pour les Ukrainiens vivant à l'étranger puisse mettre son avenir en péril.

Mykyta Zakharchenko, âgé de 18 ans, a vécu deux conflits majeurs dans son pays d'origine avant de s'enfuir au Canada lors de l'invasion russe, en 2022.

Il a récemment obtenu son diplôme d'études secondaires, participe à des compétitions internationales en tant que rameur et est déterminé à étudier la finance dans quelques années.

Mais ses projets pour les prochaines années pourraient bien être en péril, alors que cette semaine, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a annoncé que les hommes ukrainiens en âge de combattre qui vivent à l'étranger ne pourraient plus accéder aux services consulaires.

Cela fait partie d'une tentative de Kyiv visant à faire rentrer au pays les hommes ukrainiens admissibles au service militaire, où ils pourront être enrôlés pour l'effort de guerre.

M. Zakharchenko, qui n'avait que 16 ans à son arrivée au Canada, témoigne que son passeport est sur le point d'expirer et que s'il n'en obtient pas un autre, il ne pourra peut-être pas renouveler son visa canadien ni voyager à l'étranger.

«J'ai fêté mes 18 ans au Canada, donc je ne peux pas obtenir de passeport ukrainien», explique-t-il en entrevue.

Pour renouveler ses documents, M. Zakharchenko devrait retourner en Ukraine, mais une fois sur place, il lui serait interdit de partir.

La loi martiale en vigueur

L'Ukraine a mis en œuvre la loi martiale peu après le début de l'invasion russe, en février 2022. Les hommes âgés de 18 à 60 ans n'ont donc pas le droit de quitter le pays en raison de la conscription militaire.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a récemment annoncé que l'accès aux services consulaires pour les hommes vivant à l'étranger prendra fin le 18 mai, jour où plusieurs amendements à la loi martiale entreront en vigueur.

Un article du projet de loi adopté par le parlement ukrainien exigera notamment que les hommes soient inscrits auprès d'un bureau afin de bénéficier des services consulaires.

Les hommes qui vivent à l’étranger ne devraient pas être exemptés de toute responsabilité, a plaidé le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Dmytro Kuleba.

«Vivre à l'étranger ne libère pas un citoyen de ses devoirs», a soutenu M. Kuleba sur le réseau social X.

«Un homme en âge de combattre part à l'étranger, démontrant à son pays qu'il ne se soucie pas de sa survie, mais il veut recevoir des services consulaires de ce même pays. Ça ne fonctionne pas comme ça», a-t-il fait valoir.

Pas de nouvelles du gouvernement canadien

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur la manière dont Ottawa traitera les demandes des hommes ukrainiens sans passeport valide.

«Ça n'a aucun sens», réagit M. Zakharchenko à propos des changements apportés par le gouvernement ukrainien.

À son avis, la stratégie de Kyiv visant à faire rentrer des hommes en Ukraine pour combattre ne fonctionnera pas.

«Qu'est-ce que les gens qui vivaient dans des territoires qui sont aujourd'hui occupés sont censés faire? Ils n'ont plus rien», mentionne-t-il.

Pour sa part, M. Zakharchenko souhaite rester au Canada afin de pouvoir subvenir aux besoins financiers de sa famille, qui vit en Allemagne.

«Je dois travailler», dit-il, précisant qu'il aura deux emplois cet été afin de commencer à économiser pour pouvoir aller à l'université dans quelques années. Il demande le statut de résident permanent pour rester au Canada à long terme.

Il espère pouvoir retourner en Ukraine un jour, mais pas au péril de son avenir.

«Je veux juste être en sécurité», laisse-t-il tomber.

L'ambassade de l'Ukraine au Canada n'a pas répondu à la demande de réaction.

Simon Hopkins, La Presse Canadienne