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Accepter la différence

durée 18h00
15 juin 2020
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

ACCEPTER LA DIFFÉRENCE

Depuis la mort de George Floyd lors d’une intervention policière à Minneapolis le 25 mai dernier, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans la plupart des grandes villes américaines et un peu partout ailleurs sur la planète.

Les images de l’intervention policière montrant Derek Chauvin maintenir son genou sur le cou de la victime durant plus de huit minutes ont fait le tour du monde et provoqué une remise en question face à la ségrégation raciale.

Les Noirs et la culture américaine

Si l’esclavage a été aboli aux États-Unis suite à la guerre de sécession en 1865, il a fallu attendre les années 1960 pour que l’on adopte des lois qui avaient pour but d’interdire la ségrégation raciale à l’égard des Noirs.

Toutes ces mesures n’ont pourtant pas suffi à changer la mentalité de plusieurs Américains, principalement dans les états du sud, où les Noirs sont encore des victimes quotidiennes de comportements répréhensibles.

On ne compte plus les interventions policières qui se sont soldées par la mort d’un Noir non armé et, dans la plupart des cas, les policiers ont été blanchis.

Je ne prétends pas que tous les Noirs n’avaient rien à se reprocher. Plusieurs ont résisté à leurs arrestations, mais il y a une différence entre effectuer une arrestation musclée et tirer sur une personne non armée et prétendre que l’on était en légitime défense.

Heureusement, aujourd’hui, grâce aux téléphones intelligents qui permettent de filmer plusieurs de ces interventions, les policiers ne peuvent plus prétendre qu’ils sont blancs comme neige et que toute la responsabilité repose sur les épaules de la personne arrêtée.

Depuis des siècles, les Noirs américains ne sont pas égaux devant la loi et, malgré les beaux discours et les protestations qui suivent chacune des interventions répréhensibles des policiers, je ne crois pas que la situation va changer de sitôt.

Les Américains sont excellents dans les démonstrations qui suivent des drames. On dépose des fleurs, on rend hommage aux victimes, on proteste dans les rues, mais, au bout du compte rien ne change.

C’est la même chose avec la réglementation des armes à feu que l’on promet de modifier suite aux nombreuses tueries qui coûtent la vie à des dizaines de milliers d’Américains annuellement. Les bottines ne suivent pas les babines.

Sommes-nous racistes?

Dans le cadre des réactions qui ont eu lieu au Québec, on s’est tapé de grandes déclarations affirmant que nous aussi nous sommes racistes.

On a mis de l’avant plusieurs interventions policières déplorables qui se sont terminées par la mort de huit autochtones au cours des trois derniers mois au Canada et on a conclu que nous étions dans un état de racisme systémique. D’autres ont reconnu que le racisme était présent dans notre société, mais se sont refusés à utiliser le mot systémique. Personnellement, je ne suis pas intéressé à me lancer dans un débat sémantique et de jouer sur les mots.

Oui il y a du racisme au sein de notre société, mais ce que je remarque depuis longtemps, c’est que les gens ont de la difficulté à accepter la différence chez les autres.

Cette crainte est parfois reliée à la couleur de la peau d’un individu (noir, jaune), à sa religion (juif, islamique), à un trait physique (yeux bridés) ou autres.

Lorsque j’étais jeune, je mesurais à peine cinq pieds (1,50 mètre). À l’école, cela m’a valu toute sorte de surnoms gentils du genre: «le p’tit boutte», «le bas-cul», «la crotte», etc. Depuis 1970, je porte la barbe. Alors, lorsque quelqu’un veut s’en prendre à moi, j’ai droit à du «maudit barbu», «sale poilu», etc.

Ne vous en faites pas pour moi parce que j’ai appris bien jeune que la vraie grandeur, elle se situe entre les deux oreilles.

Pourtant, si, au lieu de dénigrer les différences entre les individus, on acceptait de les valoriser, on en ressortirait gagnants, enrichis par ces mêmes différences.

Vous savez comme moi à quel point il peut être plate de vivre dans un monde où tout est pareil, où il n’y a pas de différences. On l’a vécu dernièrement lors du confinement dû à la pandémie créée par la COVID-19. Nous étions tous semblables, confinés dans nos résidences, surveillant les points de presse quotidiens de nos élus en espérant qu’ils mettent fin à notre confinement. On avait hâte que ça finisse.

Dans ma vie professionnelle, j’ai été en contact avec des gens de races, de religions et de couleurs diverses et j’ai beaucoup appris en les côtoyer. Évidemment, pour les apprécier, je devais faire preuve d’une certaine ouverture, aller au-delà des apparences physiques. 

Parmi ces gens, j’ai rencontré des malhonnêtes, des pourris, mais je dois vous avouer que j’en ai rencontré au moins autant chez les Blancs catholiques ou autres concitoyens bien de chez nous.

Le monde pourrait vite changer si, au lieu de porter un premier jugement sur les autres en s’attardant à la couleur de leur peau, à leurs traits physiques, à leur religion et à certains traits de leur culture, on se permettait d’établir des liens avec eux pour mieux les connaître. Vous pourriez être surpris des belles découvertes que vous feriez.

Et si, ensemble, on essayait?
 

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