Arthabaska : l’élection partielle imprévisible

QUÉBEC — La partielle dans Arthabaska n’est pas encore déclenchée que déjà les attaques fusent entre le Parti québécois et les conservateurs d’Éric Duhaime qui semblent prêts à tout pour arracher cette circonscription à la CAQ. Et bien malin celui qui pourra prédire le résultat de cette élection complémentaire.

La circonscription convoitée est détenue par la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis 2012.

Lors des élections générales de 2022, le caquiste Eric Lefebvre a gagné Arthabaska avec plus de 12 000 votes d’avance sur le candidat conservateur Tarek Henoud. Le PQ n’a obtenu que 10 % des votes.

Mais rien n’est certain pour la CAQ désormais.

Selon les chiffres actuels de l’agrégateur de sondage Qc125, Arthabaska sera une course à trois entre la CAQ, le Parti québécois (PQ) et le Parti conservateur du Québec (PCQ).

Pour la CAQ, le risque est grand, car perdre cette circonscription renforcerait le sentiment que le gouvernement Legault est à bout de souffle.

Le plus récent sondage Léger indique une baisse des appuis pour la CAQ. Également, 63% des répondants disent vouloir un changement de gouvernement.

«Méchant message»

Le PQ et le PCQ savent qu’ils ont des chances de ravir le comté d’Arthabaska. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu le déclenchement officiel de l’élection pour présenter leur candidat respectif.

L’ancien journaliste de Radio-Canada Alex Boissonneault se présente pour le PQ, alors que le PCQ a dépêché son chef, Éric Duhaime, afin qu’il fasse enfin son entrée à l’Assemblée nationale.

Le PQ espère répéter l’exploit de Jean-Talon, c’est-à-dire gagner une circonscription bien peu encline à voter pour leur formation politique. Cela fait plus de 25 ans que les électeurs d’Arthabaska n’ont pas envoyé un péquiste à l’Assemblée nationale.

«Si le PQ met toute la gomme et qu'ils concentrent leurs ressources, ils ont une chance de gagner et ça enverrait un méchant message», affirme le créateur de Qc125, Philippe J. Fournier, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Cela est d’autant plus vrai que les péquistes ont gagné les deux dernières élections complémentaires: Jean-Talon et Terrebonne.

«N’importe qui sauf Duhaime»

Éric Duhaime, bien qu’il jouisse d’une grande notoriété, doit composer avec le fait qu’il est «polarisant», affirme Philippe J. Fournier.

Selon lui, il pourrait y avoir un effet «n’importe qui sauf Duhaime» dans Arthabaska.

Il y a des racines conservatrices dans la circonscription. Son équivalent fédéral, Richmond—Arthabaska, est représenté par le Parti conservateur du Canada depuis 2015. (Le comté a toutefois été bloquiste de 2004 à 2015).

Pour Éric Duhaime, cette partielle est l'occasion de tenter de rallier des électeurs caquistes déçus par le fait que leur parti n’a pas gouverné à droite malgré les promesses initiales de leur chef.

«Le fait que M. Duhaime se présente, je serais prêt à dire que ce n'est pas une coïncidence. Il a dû prendre le temps de sonder, voir s’il avait une chance, pour ne pas essuyer une autre défaite», soutient Philippe J. Fournier.

La pression est très forte sur le chef conservateur pour remporter finalement un premier siège. Rappelons que, lors des élections de 2022, le PCQ a obtenu 13 % des votes, mais aucun député.

Si Éric Duhaime remporte son pari, il sera le premier député conservateur à être élu sur la scène provinciale depuis 1935. (La députée Claire Samson a été élue sous la bannière caquiste avant de passer au PCQ.)

Une circonscription changeante

La couleur politique d’Arthabaska a changé à plusieurs reprises dans les dernières décennies.

Avant la CAQ, Arthabaska a appartenu aux libéraux de 2003 à 2012, avec un bref intermède adéquiste entre 2007 et 2008.

De 1989 à 2003, la circonscription du Centre-du-Québec est péquiste.

Même l’Union nationale y a planté son drapeau à cinq reprises entre 1936 et 1966. Les électeurs d’Arthabaska sont donc tout sauf acquis à un parti politique.

La division du vote pourrait contribuer à la victoire de l’un des trois partis en tête. «Je serais très étonné que n'importe qui gagne par une marge importante», explique Philippe J. Fournier.

Le premier ministre a jusqu’en septembre pour déclencher l’élection partielle dans Arthabaska.

Peu importe le choix de la date, le prochain député de la circonscription ne sera pas élu pour bien longtemps, car les élections générales auront lieu en octobre 2026. Le gagnant devra donc retourner rapidement faire du porte-à-porte pour conserver son siège.

La circonscription d’Arthabaska a été créée en 1853 et est notamment composée de Plessisville, Victoriaville et Saint-Ferdinand.

Arthabaska en chiffres

-Population: 78 848

-Nombre d’électeurs inscrits: 62 120

-Superficie (km2): 1 881,41

-Densité de population (personnes par km2): 41,91

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Sources

-Élections Québec;

-Données colligées depuis le site web de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale et les informations disponibles sur le site Web de l’Assemblée nationale;

-Site Web de la Chambre des communes du Canada.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne