Carney a guidé le G7 à travers les «Rocheuses diplomatiques», selon un expert


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney a réussi sa mission en accueillant le Sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta, selon certains dirigeants mondiaux et experts en politique étrangère, qui ont souligné son pragmatisme et son discernement apparents.
Fen Osler Hampson, professeur d'affaires internationales à l'Université Carleton, a déclaré que M. Carney a guidé le G7 «à travers les Rocheuses diplomatiques», naviguant dans des conditions changeantes sur la scène internationale et évitant les «avalanches et les écueils dangereux».
Le sommet de cette année s'est déroulé dans un contexte d'escalade de la violence entre Israël et l'Iran, ce qui a poussé le président américain Donald Trump à quitter l'Alberta un jour plus tôt. Lundi, les dirigeants du G7 ont publié une déclaration affirmant qu'Israël «a le droit de se défendre» et que l'Iran «ne pourra jamais se doter de l'arme nucléaire».
M. Hampson a décrit le premier ministre Carney comme pragmatique et a ajouté qu'il avait été «assez habile» dans la gestion de la déclaration du G7 sur le Moyen-Orient.
«Il a réussi à garder Trump à bord avec cette déclaration», a indiqué M. Hampson.
Il a également noté que les discussions productives sur les priorités du G7, comme la sécurité mondiale, s'étaient poursuivies malgré le départ du président Trump.
Une avancée avec les États-Unis
Au cours du sommet de deux jours, Mark Carney a tenu des réunions bilatérales avec plusieurs dirigeants mondiaux, dont M. Trump. Le bureau de M. Carney a déclaré lundi que le président américain avait accepté de conclure un accord sur une nouvelle relation économique et sécuritaire entre le Canada et les États-Unis d'ici la mi-juillet.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré mardi lors d'une conférence de presse qu'il soutenait la façon dont M. Carney traite avec M. Trump.
«Il a affaire à un type différent avec Trump. On ne sait jamais de quel côté il va aller du matin au lendemain, a souligné M. Ford. Il se réveille, mange ses céréales et, soudain, tout change. Je soutiendrai donc le premier ministre à 100 %, et je sais que tous les premiers ministres le feront aussi. Nous devons parvenir à un accord.»
Doug Ford a qualifié de «bonne nouvelle» l'accord intervenu entre MM. Carney et Trump pour conclure une entente au cours du mois prochain. Malgré le départ prématuré de M. Trump, le premier ministre Ford a affirmé: «Au moins, ils ont eu l'occasion de se rencontrer, et je suis convaincu que nous parviendrons à un accord.»
Les dirigeants internationaux satisfaits
M. Carney a semblé impressionner plusieurs dirigeants mondiaux présents au sommet de cette année.
S'adressant aux journalistes à bord d'Air Force One après avoir quitté le Sommet du G7, M. Trump a reconnu avoir passé un «bon moment».
Le président français Emmanuel Macron, qui accueillera le G7 l'année prochaine, a estimé mardi que M. Carney avait rempli sa mission d'hôte du G7, qui était de préserver l'unité de l'organisation multilatérale.
«Il ne faut pas non plus demander à la présidence canadienne de régler tous les sujets de la Terre aujourd'hui, ce serait injuste. Mais il a tenu le groupe ensemble», a soutenu M. Macron.
Le premier ministre indien Narendra Modi a écrit sur les réseaux sociaux avoir eu une «excellente» rencontre avec le premier ministre Mark Carney. Il a félicité ce dernier et le gouvernement canadien pour l'organisation réussie du sommet.
Le Canada et l'Inde ont convenu de nommer de nouveaux hauts-commissaires et de rétablir les services diplomatiques réguliers aux citoyens des deux pays.
Le Canada a expulsé six diplomates et agents consulaires indiens l'automne dernier, après que les forces de l'ordre eurent identifié des agents du gouvernement indien dans une campagne ciblée contre des citoyens canadiens.
«Une agilité diplomatique»
Lors du sommet, M. Carney a également promis 4,3 milliards $ de soutien supplémentaire à la défense de l'Ukraine, dont 2 milliards $ pour des armes telles que des drones, des munitions et des véhicules blindés, ainsi qu'un prêt de 2,3 milliards $ pour aider l'Ukraine à reconstruire ses infrastructures.
M. Hampson a affirmé que l'annonce du programme de soutien à l'Ukraine souligne que M. Carney positionne le Canada comme l'un des principaux soutiens de l'Ukraine parmi les pays du G7.
«Il fait preuve d'agilité diplomatique et d'une approche axée sur les résultats lors de cette réunion», a noté M. Hampson.
Avant le sommet, M. Carney a essuyé des critiques pour avoir distribué des invitations à certains dirigeants mondiaux, comme M. Modi. Plus de 100 Sikhs se sont rassemblés à Calgary lundi pour condamner le premier ministre Modi avant sa visite au sommet.
M. Hampson affirme qu'«il n'y a jamais eu de bon moment pour tenter de tourner la page avec les Indiens», mais que d'autres pays sont toujours invités au sommet.
«Il serait étrange que la cinquième économie mondiale ne soit pas présente à cette réunion, n'est-ce pas?», a-t-il avancé.
Srdjan Vucetic, professeur à l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa, a déclaré que toute critique des invitations de M. Carney sera probablement «atténuée» et qu'il pouvait affirmer qu'il entamait son rôle de premier ministre «de manière pragmatique».
M. Vucetic a déclaré que le premier ministre Carney avait fait un «excellent» sommet et qu'il avait fait preuve de «perspicacité» lors de sa rencontre avec M. Trump, notamment lorsqu'il est intervenu pour interrompre les propos du président et passer à d'autres sujets.
Catherine Morrison, La Presse Canadienne