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Chemin Roxham: «On va peut-être avoir quelque chose à annoncer», dit Trudeau

durée 16h44
22 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a laissé entendre mercredi qu'une annonce pourrait être faite relativement au chemin Roxham lors de la visite du président américain Joe Biden jeudi et vendredi à Ottawa.

«On va peut-être avoir quelque chose à annoncer», a lâché M. Trudeau lors d'une mêlée de presse à son arrivée à la réunion hebdomadaire du caucus libéral alors qu'il était alors questionné quant à la possibilité d'avancements ou d'une entente avec les Américains.

«Ça fait plusieurs mois qu'on travaille de proche avec les Américains pour rétablir la situation au chemin Roxham et de regarder l'entente sur les tiers pays sûrs», a-t-il simplement ajouté.

Tant la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, que le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, ont refusé de s'avancer sur un possible dénouement, se contentant de vanter les rencontres des derniers mois avec leurs homologues où le sujet a été abordé.

L'Entente sur les tiers pays sûrs fait en sorte qu'un réfugié potentiel se présentant à un poste frontalier officiel canadien et ayant d'abord foulé le sol américain est refoulé puisqu'il doit poursuivre sa demande d'asile dans le premier «lieu sûr» où il est arrivé.

Ainsi, des personnes souhaitant tout de même demander l'asile au Canada traversent la frontière canado-américaine par des passages de fortune, et ce, dans de très nombreux cas par le chemin Roxham, situé en Montérégie. Une fois qu'ils sont au Canada et ont été interceptés par les autorités canadiennes après qu'ils eurent officiellement mis les pieds au pays, leur demande d'asile peut être traitée.

En après-midi, alors qu'il se rendait à la Chambre des communes, M. Trudeau a expliqué aux journalistes que les Américains ont une perspective «très différente» sur la protection de leur frontière avec le Mexique que celle avec le Canada. Ottawa, a-t-il dit, tente de «les rassurer» et trouver «quelque chose qui pourra marcher pour eux (et) pour les demandeurs d'asile».

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a pour sa part réitéré sa demande que le premier ministre ordonne de «fermer» le chemin Roxham plutôt que de tenter de trouver un compromis avec les Américains.

«C'est vraiment Justin Trudeau qui a la capacité de fermer le chemin Roxham, a-t-il affirmé. Il devrait le faire. C'est lui qui indique que c'est la responsabilité de Joe Biden de protéger nos frontières. Moi, je crois que c'est le premier ministre du Canada qui doit protéger les frontières des Canadiens.»

M. Poilievre a aussi blâmé M. Trudeau pour la situation étant donné que lorsque sa formation politique était au pouvoir, «il n'y avait pas de migration massive illégale (au chemin) Roxham ni ailleurs, et on avait la même frontière avec le même pays».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, juge quant à lui que M. Trudeau doit agiter le spectre de se retirer unilatéralement de l'entente advenant que les États-Unis refusent de la renégocier. «D'habitude, c'est de nature à accélérer un peu une discussion», a-t-il dit.

M. Blanchet, qui continue de solliciter «une brève rencontre» avec le président Biden, croit par ailleurs que seuls deux scénarios permettent de conclure à une visite fructueuse.

«C'est soit on annonce une réelle négociation où tout est sur la table - ça pourrait dans le meilleur des mondes impliquer, dans l'intérim, dans l'intervalle, en effet une suspension - et si les États-Unis ne sont pas ouverts à cette idée-là (...) le premier ministre du Canada (...) devrait suspendre l'entente.»

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) réclame aussi la suspension de l'entente. Son chef, Jagmeet Singh, a soutenu que cela permettrait aux migrants de traverser la frontière de manière régulière.

«En ce moment, ils doivent faire quelque chose de dangereux, qui (met) beaucoup de pression sur les épaules des provinces, des villes», a-t-il déclaré.

En 2022, un nombre record de 39 171 personnes ont ainsi traversé irrégulièrement la frontière, selon le nombre d'interceptions rapportées par la Gendarmerie royale du Canada.

Michel Saba, La Presse Canadienne