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Climat: une équipe de McGill défend la science contre les menaces de Trump

durée 10h00
4 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Au moment où l’administration Trump congédie des chercheurs du climat, interdit certains mots dans des articles scientifiques, coupe dans le financement des recherches sur l’environnement, menace de retirer l'aide financière à des universités et efface des rapports scientifiques de sites gouvernementaux, des chercheurs de l'Université McGill à Montréal aident la communauté universitaire à sauvegarder des données sur les changements climatiques.

Il y a six mois, des chercheurs de la faculté de gestion Desautels de l’Université McGill ont lancé la plateforme SUSANHub.com, une base de données qui permet de centraliser des recherches et des données sur le climat.

«Initialement, on a créé cette plateforme pour permettre aux chercheurs et aux professionnels du développement durable et des changements climatiques de connecter entre eux», a expliqué Juan Serpa, professeur à la faculté de gestion Desautels, en décrivant la plateforme comme une sorte de «LinkedIn» du développement durable.

Mais depuis quelques semaines, la plateforme a gagné en popularité et s'est dotée d'une nouvelle mission.

«L'objectif est de protéger les données scientifiques contre les menaces du gouvernement américain», a indiqué Juan Serpa.

Le professeur a expliqué qu’environ 39 000 universitaires et chercheurs par semaine se rendent sur la plateforme créée par son équipe.

«Le gouvernement a commencé à supprimer des données scientifiques de certains sites web, alors ces chercheurs les téléchargent et les transfèrent sur la plateforme.»

Des données scientifiques sur les feux de forêt, la protection des forêts contre les insectes et les maladies, les conséquences des changements climatiques sur l’agriculture, les risques d'inondation, la pollution plastique des océans, les industries qui émettent le plus de gaz à effet de serre sont quelques exemples de données que l’on peut consulter sur le site SUSANHub.com, et qui risqueraient autrement d'être perdues.

«On veut être proactif et non réactif, car une fois que des données disparaissent, on ne peut plus rien faire», a indiqué le professeur Serpa.

Les milliers de données que son équipe a permis de sauvegarder sont libres d’accès et classées selon 65 thèmes liés au développement durable.

La plateforme donne également accès à un répertoire de 60 000 chercheurs et 25 000 instituts de recherche.

«C’est un réseau international, mais principalement des chercheurs américains», a indiqué Juan Serpa, en soulignant qu’il est très inquiet pour ses collègues des États-Unis.

«C'est terrible, c'est très triste ce qui se passe», a -t-il indiqué.

«Je ressens de la compassion et de l’empathie pour tous ces chercheurs. C'était un moment très difficile pour eux. Beaucoup de monde a peur présentement.»

Le professeur Serpa craint de ne plus pouvoir aller aux États-Unis en raison de son implication dans la plateforme SUSANHub.com.

Un statut de «réfugié scientifique»

Depuis le début du deuxième mandat de Donald Trump, les agences fédérales américaines ont supprimé des informations sur les changements climatiques sur plus de 200 sites web gouvernementaux, selon l’Environmental Data and Governance Initiative, un réseau qui tente de sauver des données scientifiques.

L’administration Trump a également licencié des milliers d’employés du Service des forêts des États-Unis et des centaines d’employés de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), une agence qui étudiait notamment les changements climatiques.

Il y a quelques jours, l'administration Trump a congédié les centaines de chercheurs qui travaillaient à la Sixième évaluation nationale du climat, un important rapport, publié tous les cinq ans, sur l’évolution des changements climatiques.

Les licenciements, les compressions budgétaires, les coupes dans les subventions et ce que beaucoup de chercheurs décrivent comme de la censure ont donné naissance au mouvement «Stand Up for Science» aux États-Unis.

À l’étranger, la fronde de Donald Trump contre la science fait également naître des initiatives qui auraient été jugées improbables il y a quelques années.

Par exemple, en France, l’ancien président devenu simple député François Hollande a déposé, le14 avril, un projet de loi pour créer un statut de «réfugié scientifique», afin de faciliter l’accueil en France des scientifiques menacés par les politiques du président américain.

«Les chercheurs, contraints à l’exil par l’administration Trump, doivent être reconnus comme des réfugiés à part entière», a écrit l’ancien président français dans une tribune du journal Libération, quelques jours avant de déposer son projet de loi.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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