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Code Béluga: une expérience de science participative

durée 10h00
18 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Génome Québec et le Biodôme invitent la population à prélever des échantillons d’eau dans l’estuaire du Saint-Laurent afin de participer à une évaluation de la santé du fleuve, plus particulièrement de celle du béluga.

Le béluga, «c’est une espèce sentinelle, s’il va mal, c’est le signe que d’autres espèces ne vont pas bien», a expliqué le directeur du Biodôme, Nicolas Gruyer, dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

Collecter des données dans l’habitat de cette petite baleine blanche, a-t-il souligné, permet aux scientifiques de mieux comprendre l’état de santé de tout un écosystème.

C’est précisément ce que compte faire le projet Code Béluga, une expérience de science participative initiée par Génome Québec et le Biodôme.

«On invite les citoyens à venir nous rejoindre sur les berges, on va leur montrer le protocole de collecte d'échantillon» et «ils pourront participer à au moins une étape de la démarche d'investigation scientifique», a indiqué la biologiste Noémie Poirier Stewart, conseillère en éducation et vulgarisation scientifique chez Génome Québec.

Les échantillons d’eau contenant de l’ADN environnemental et prélevés par les citoyens seront envoyés au Centre d’expertise et de services Génome Québec pour être analysés.

«Ça va nous permettre de comprendre la composition, la biodiversité de tous les organismes présents dans l'estuaire au moment de l’échantillonnage», a expliqué Nicolas Gruyer en précisant «qu’on va être capable de détecter des poissons, des algues, des micro-organismes et finalement du béluga».

La cueillette d’échantillon débutera le jeudi 22 et le vendredi 23 mai à La Malbaie, Cacouna, Tadoussac et Rimouski, quatre endroits où vivent des populations de bélugas.

«Plusieurs dates d’échantillonnage sont prévues à différentes saisons, fin mai, juillet et août, ce qui va nous permettre de voir l'évolution de la biodiversité dans l'estuaire», a précisé le directeur du Biodôme.

Les résultats seront accessibles aux scientifiques pour les fins de différentes recherches, mais ils seront aussi accessibles au grand public.

Par exemple, dès l’été 2025, le Biodôme proposera une exposition éducative sur le thème de l’estuaire, du béluga et de l’ADN environnemental.

«On combine l'expertise de Génome Québec sur l'ADN et le séquençage» avec celle du Biodôme «pour la vulgarisation scientifique» et «l'accès au grand public, c'est vraiment chouette», a résumé Noémie Poirier Stewart.

Aider le béluga

Ce projet peut contribuer «de manière significative» à mieux comprendre les menaces qui pèsent sur les bélugas, selon le directeur du Biodôme.

Grâce à l’analyse de l’ADN environnemental (ADNe), on peut notamment identifier les espèces qui partagent l’habitat des bélugas, comme leurs proies.

«En comparant les données d’ADNe recueillies au fil du temps, les chercheurs pourront détecter des changements dans la composition des espèces, repérer l’apparition éventuelle d’espèces envahissantes ou la disparition d’espèces clés» et «ces informations sont essentielles pour évaluer l’impact de facteurs environnementaux tels que la pollution ou les effets du réchauffement climatique», a expliqué Nicolas Gruyer.

«Ultimement, ce projet soutient directement les efforts de recherche et de conservation. Il permettra de mieux cibler les actions à entreprendre, d’éclairer les décisions politiques et de prioriser les zones à protéger ou à restaurer dans l’habitat du béluga», a-t-il ajouté.

En déclin depuis 1979

La population de bélugas de l’estuaire du Saint‑Laurent comptait entre 7 800 et 10 100 individus au début du 20e siècle.

Selon les données du gouvernement, elle était estimée à seulement 1 850 individus en 2022.

La chasse, illégale depuis 1979, aurait été la principale cause du déclin initial de cette population de béluga.

«L’incapacité apparente de la population à se rétablir après l’arrêt de la chasse a été attribuée à une charge élevée en divers contaminants persistants et toxiques dans son environnement», peut-on lire dans les «Fiches des espèces fauniques» du gouvernement du Québec.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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