Derniers préparatifs à Ottawa en vue de la visite du roi Charles et la reine Camilla


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Des équipes sont au travail au centre-ville d’Ottawa depuis vendredi matin, pour les préparatifs en vue de la visite royale, dès lundi, apportant notamment les dernières retouches au revêtement protecteur sur les statues de bronze autour du Monument commémoratif de guerre du Canada.
Le roi Charles et la reine Camilla débarqueront au Canada pour leur première visite depuis le couronnement, il y a plus de deux ans.
Les observateurs royaux disent que le voyage est important à plusieurs niveaux.
«Si vous m’aviez dit il y a six mois, voire trois mois, que le roi inaugurerait le Parlement canadien en prononçant le discours du Trône, je ne vous aurais pas cru», a déclaré Robert Finch, président de la Ligue monarchiste du Canada.
«Les événements du monde et les circonstances ont fait en sorte que les étoiles s’alignent», a-t-il souligné.
Le premier ministre Mark Carney a demandé au roi d’ouvrir le Parlement, ce que la mère du souverain, la reine Elizabeth II avait fait à deux reprises en 1957 et 1977.
Le discours, rédigé par le gouvernement, doit signaler ses priorités pour la session parlementaire. Il est généralement lu par le gouverneur général en tant que représentant du monarque.
Ce discours du Trône vise à envoyer un signal clair au-delà des frontières canadiennes. «Le Canada a un défenseur indéfectible dans sa souveraineté», avait déclaré M. Carney dans un communiqué le jour où il a annoncé la visite du Roi.
«Nous voyons le système du gouvernement du Canada en action», a déclaré l’historienne et commentatrice royale Carolyn Harris.
«Nous voyons aussi l’histoire distinctive du Canada à une époque où le président des États-Unis, Donald Trump, menace de faire du Canada le 51e état», a-t-elle ajouté.
La guerre commerciale des États-Unis a mis le roi dans une «situation diplomatique délicate», souligne Mme Harris, parce qu’il est conseillé par plusieurs premiers ministres.
«Dans le climat politique actuel, certains des différents pays où il est roi ont différentes approches de la diplomatie avec les États-Unis», a-t-elle déclaré.
Le premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer, a demandé au roi Charles d’inviter le président des États-Unis à une deuxième visite d’État sans précédent, alors qu’il faisait face à ses propres menaces tarifaires de la part de l'administration Trump à la fin février. Le président américain Donald Trump n’a pas caché qu’il était très heureux d’obtenir l’invitation.
Bien que le roi et la famille royale soient expressément apolitiques, Mme Harris a dit qu’il est courant que les tournées royales soient fortement influencées par les événements politiques de l’époque et qu’elles soient rappelées dans le contexte de cette histoire.
En 1959, par exemple, la reine Elizabeth et le prince Philip ont visité des usines et des mines afin de présenter l’économie canadienne d’après-guerre en pleine croissance.
«Nous voyons que l’accent est mis sur ce que le gouvernement canadien voulait que le monde sache au sujet du Canada», a expliqué Mme Harris.
Le roi Charles et la reine Camilla commenceront leur visite par une halte au marché agricole et à un événement communautaire au parc Lansdowne, lundi après-midi, avant une cérémonie de plantation d’arbres et des activités plus officielles plus tard à Rideau Hall.
Le discours du Trône de mardi débutera après un court défilé sur la rue Wellington, qui devrait attirer une grande foule dans les environs de la colline du Parlement.
Le Roi et la Reine seront conduits dans un landau, une calèche tirée par des chevaux et conduite par un membre de l’unité d’équitation musicale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Les membres de la cavalerie de la GRC escorteront au Sénat le landau, construit au Québec et offert au Canada pour des visites royales.
Une fois que le couple royal arrivera au Sénat, le roi recevra tous les honneurs militaires et un salut de 21 canons. Les spectateurs pourront également le voir inspecter une garde d’honneur.
Depuis qu’il est devenu premier ministre, Mark Carney a parlé du Canada comme étant «un pays construit sur les fondations de trois peuples: les Autochtones, les Français et les Britanniques», et les événements de la journée visent à incorporer des éléments des trois parties de l’histoire du pays.
Les dirigeants autochtones ont été invités à assister au discours du Trône de mardi. Les activités de la journée comprendront un groupe de tambours des Premières Nations, un violoniste métis et un aîné inuit allumant une lampe de cérémonie.
La cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, la grande cheffe Kyra Wilson, sera présente et affirme que la participation est un symbole puissant.
«Les membres des Premières Nations sont les premiers peuples de ce pays. Nous sommes ici depuis des temps immémoriaux», a-t-elle déclaré en entrevue.
«Nous devons simplement veiller à ce que chaque jour soit un rappel du fait que les Premières Nations sont ici, et que nous avons des traités qui doivent être honorés et respectés», a ajouté Mme Wilson.
Le discours lui-même sera rédigé et lu dans les deux langues officielles, et il est probable qu’il recevra plus d’attention que n’importe quel autre discours du Trône depuis des années.
Il est en quelque sorte le moteur d’une renaissance du statut de la monarchie au Canada, selon M. Finch qui dit répondre aux appels des personnes intéressées à rejoindre son organisation.
En 2023, lorsque Charles a accédé au trône, la firme de sondage Léger a publié un sondage qui suggérait que 63 % des Canadiens pensaient qu’il était temps de reconsidérer les liens du Canada avec la monarchie.
M. Finch attribue cela à l’apathie, plutôt qu’à un réel désir de former une république, mais il a dit croire que les choses ont changé depuis que le président américain Donald Trump a commencé à menacer la souveraineté du Canada.
«Il y avait une énorme pression publique, et les gens disaient: nous voulons que le roi dise quelque chose», a-t-il dit.
Le discours du Trône est «l’acte le plus important qu’un monarque fait au Canada depuis la signature de la Constitution par la reine en 1982», a-t-il dit.
«Ce sera un de ces événements où, dans 25, 50 ou 75 ans, vous regarderez des photos et direz : “C’était un moment charnière dans l’histoire du pays”», selon lui.
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Avec la collaboration de Brittany Hobson à Winnipeg
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne