Des artefacts préhistoriques découverts sur le chantier d’une patinoire à Sorel-Tracy


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTREAL — L'automne dernier, alors que l'archéologue Yves Chrétien supervisait une équipe qui creusait sur le site d'une future patinoire de hockey au nord-est de Montréal, une mini excavatrice a déterré des morceaux de pierre taillée.
Formées sous une ancienne mer, ces pierres portent des marques faites par des membres des Premières Nations il y a entre 6150 et 8200 ans.
Cette découverte, faite sous le site d'un ancien centre de distribution Shell et de fermes des XVIIIe et XIXe siècles, pourrait contribuer à faire la lumière sur une période préhistorique méconnue de la région.
Lors d'une récente entrevue, M. Chrétien a déclaré que les pierres découvertes sur le site de la future patinoire de Sorel-Tracy ont été extraites d'un ancien sédiment marin, dont les couches stratifiées lui ont permis de calculer la période approximative d'où elles provenaient.
«J'ai tout de suite compris qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. C'était quelque chose de spécial», a-t-il indiqué.
D'autres sites préhistoriques ont été découverts dans la région, mais la plupart ne remontent pas à plus de 4500 ans.
«Ce que j'ai découvert est plus ancien que cela. Ce sont des sites très rares et très peu connus, d'où l'importance de bien les documenter», a-t-il affirmé.
À partir de quelques morceaux de pierre taillée, M. Chrétien estime qu'il est possible de reconstituer une histoire.
Selon lui, le site était autrefois recouvert d'une vaste étendue d'eau salée, la mer de Champlain. Lorsque les eaux se sont retirées, il y a un peu plus de 8000 ans, les gens ont pu marcher sur le rivage.
Il croit que les marques d'impact dans les pierres indiquent probablement les endroits où les gens ont testé la roche pour l'utiliser comme outil.
«Il est probable que des gens marchaient au bord de la rivière et, lorsqu’ils découvraient un bloc de pierre, ils le testaient pour voir si elle se prêtait bien à la fabrication d'outils», a avancé M. Chrétien.
L'archéologue précise qu'il n'a pas trouvé d'outils achevés – peut-être parce que la pierre n'était pas d'assez bonne qualité – ni d'indication d'un campement ou d'un établissement.
Néanmoins, il considère que les découvertes de cette époque peuvent aider les chercheurs à en savoir plus sur la façon dont les gens vivaient, sur les matériaux qu'ils utilisaient et sur la source de ces matériaux.
«Chaque nouvel élément d'information que nous recueillons ajoute à la connaissance de cette époque, qui est très peu connue, donc chaque nouvel élément est un plus», s’est-il réjoui.
Dans un communiqué de presse, la Ville de Sorel-Tracy indique que d'autres fouilles sont en cours et que la construction de l'anneau de patinage commencera dès que celles-ci seront terminées, soit dans les semaines à venir.
La Ville a rapporté que d'autres artefacts importants ont été trouvés sur son territoire dans le passé, y compris d'autres objets préhistoriques, un ancien camp militaire et des objets liés à la visite en 1787 de William Henry, un futur roi anglais.
Selon M. Chrétien, les fouilles ont également permis de découvrir d'autres objets, notamment des morceaux de céramique, des pipes en argile et des morceaux de bouteilles datant du XVIIIe siècle.
Aussi passionnantes que soient toutes ces découvertes, l’archéologue rêve toujours de déterrer un objet lié de manière concluante à une date spécifique ou à une période historique précise.
Alors qu'il avait d'abord espéré trouver un site qui pourrait être utilisé pour la datation au carbone, cela semble maintenant moins prometteur. Il continuera cependant à chercher «jusqu’à la dernière minute», a-t-il assuré.
M. Chrétien a fait savoir que tous les objets trouvés seront nettoyés, analysés et éventuellement remis à la Ville de Sorel-Tracy, qui pourra ensuite les exposer.
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne