Des cliniques disant vouloir informer leurs patients sur le PL106 créent le malaise


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Par La Presse Canadienne, 2024
QUÉBEC — À l'instar du ministre de la Santé, Christian Dubé, les partis d'opposition ont déploré mercredi l'envoi par plusieurs cliniques de lettres informant leurs patients qu'ils risquaient de perdre leur médecin si le projet de loi 106 était adopté.
«Je trouve ça limite éthique, a réagi en point de presse le porte-parole libéral en santé, André Fortin. On dépasse peut-être les bornes, là. Je ne sais pas si c'est la meilleure façon de véhiculer son argument.»
Dans ces lettres qu'a pu consulter La Presse Canadienne, des cliniques préviennent leurs patients que le projet de loi 106 visant à lier la rémunération des médecins à des objectifs de performance aura des «conséquences majeures» sur eux.
Par exemple, la clinique Fort Chambly avertit que «plusieurs de (ses) médecins réfléchissent activement à leur avenir». «Il est important pour nous de vous en informer, car ces décisions pourraient vous toucher directement», écrit-on dans la missive.
«Je n'aime pas les menaces», a brièvement commenté le ministre Dubé, mercredi. Il avait demandé la veille au Collège des médecins d'enquêter pour voir s'il s'agissait d'une action concertée des cliniques, ce que le Collège a accepté de faire.
«Toute tactique de désinformation est condamnable, a déclaré en mêlée de presse Vincent Marissal, de Québec solidaire. Il y a des trucs qui ne sont pas vrais dans ces lettres-là. (...) Ces cliniques doivent se rétracter, parce que là, on fait peur au monde.»
Il déplore que des cliniques aient laissé entendre que des patients perdront leur médecin si celui-ci n'est pas dans la même région. «Il y aura des clauses grand-père. Si vous avez déjà un médecin à Laval, mais que vous habitez à Ahuntsic, vous allez garder votre médecin.»
«Toute instrumentalisation des patients à des fins politiques (...) est à proscrire», a également déclaré le député péquiste Pascal Paradis.
Depuis son dépôt le 8 mai dernier, le projet de loi 106 provoque une montée de boucliers. Les deux fédérations médicales, ainsi que le Collège des médecins, ont pourfendu la pièce législative en commission parlementaire, exhortant le gouvernement à refaire ses devoirs.
Les médecins plaident qu'en voulant augmenter le volume, le gouvernement va nuire à la qualité des soins. Ils déplorent aussi qu'on leur impose des objectifs de performance, alors qu'ils n'ont aucun contrôle, par exemple, sur la disponibilité des blocs opératoires.
Après avoir promis un médecin pour chaque Québécois, le gouvernement Legault vise désormais à ce que chaque personne soit prise en charge par un «milieu de soins» d'ici 2026. Environ 1,5 million de Québécois n’ont pas de médecin ni de professionnel de la santé attitré.
Caroline Plante, La Presse Canadienne