Des groupes autochtones envoient un avis d’expulsion à plusieurs scieries


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Par La Presse Canadienne, 2024
Dans la foulée du dépôt de la réforme du régime forestier par le gouvernement Legault, des groupes autochtones ont envoyé des avis d’expulsion à plusieurs compagnies forestières dans les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie et de la Côte-Nord.
Deux organisations atikamekw auraient envoyé le même avis d’expulsion à 11 compagnies forestières.
«Par la présente, nous vous informons que tous vos employés et contracteurs doivent évacuer immédiatement nos territoires traditionnels autochtones non cédés, sur ordre de Première Nation Mamo et des Gardien·nes du Nehirowisiw Aski», peut-on lire dans une photographie de l’avis d’expulsion que les groupes atikamekw ont publié sur les réseaux sociaux.
Ceux-ci se décrivent comme des organisations vouées à lutter contre la surexploitation de leurs terres par les entreprises minières, forestières et énergétiques, qui menacent les traditions et leurs coutumes ancestrales.
Dans la lettre envoyée aux scieries, ils ont écrit que les entreprises forestières opèrent de façon illégale sur leur territoire et que leur présence constitue une «grave infraction de la souveraineté autochtone».
Première Nation Mamo et les Gardien·nes du Nehirowisiw Aski «vous ordonne de quitter le territoire immédiatement, de cesser toute coupe forestière illégale ainsi que toute intrusion et toute intimidation à l’égard des autochtones».
Ils font valoir que «le nouveau projet de loi 97 sur la refonte du régime forestier a été voté sans le consentement des peuples autochtones, portant gravement atteinte à nos droits ancestraux et à notre souveraineté millénaire».
«En détruisant les forêts, c’est notre milieu de vie et notre identité qui sont détruits, bafouant ainsi notre droit de léguer un territoire sain pour que nos générations futures puissent poursuivre le mode de vie que nous avons conservé depuis des millénaires avant la colonisation», peut-on lire dans la lettre envoyée aux compagnies forestières.
L’ordre d’expulsion vise «spécifiquement les abatteuses multifonctionnelles», ont écrit les organisations en indiquant qu’elles ne veulent «aucune nouvelle coupe forestière».
Les militants autochtones ont également avisé les scieries que «nous vous laisserons récupérer votre machinerie, vos effets personnels et vos véhicules afin de quitter notre territoire dans un délai raisonnable de façon pacifique».
Par contre, ont-ils ajouté, «si votre départ n’est pas immédiat et si les coupes persistent, nous nous réservons le droit d’occuper et d'exercer notre souveraineté ancestrale millénaire sur notre territoire».
Projet de loi 97
Le projet de loi 97, déposé il y a quelques semaines, vise à créer des «zones d’aménagement forestier prioritaire» afin de donner les coudées franches à l’industrie forestière pour qu’elle puisse optimiser chaque hectare de coupes.
L’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) ainsi que plusieurs acteurs de la forêt, comme des groupes environnementaux, des syndicats ainsi que des gestionnaires de zecs et de pourvoiries, ont vivement critiqué ce projet de loi.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne