Formenton aurait demandé conseil à ses coéquipiers avant de passer à l'acte

L'un des cinq joueurs de hockey accusés d'avoir agressé sexuellement une femme dans une chambre d'hôtel de London, en Ontario, a demandé conseil à certains de ses coéquipiers avant de se rendre aux toilettes avec elle, a témoigné un autre joueur mardi.

Alex Formenton a fait une remarque du genre «Devrais-je faire ça ?» à quelques autres joueurs présents dans la pièce alors que lui et la femme s'en allaient, a confié Brett Howden au tribunal.

La femme avait demandé aux hommes présents d'avoir des relations sexuelles avec elle, mais personne n'a accepté, a-t-il affirmé, bien que deux d'entre eux aient eu une fellation.

M. Howden a dit ne pas se souvenir comment la femme et Formenton s'étaient retrouvés ensemble ni si quelqu'un avait répondu directement à Formenton.

«Tout le monde lui laissait le choix, a déclaré Howden, qui joue actuellement dans la LNH pour les Golden Knights de Vegas. Personne ne lui disait de ne pas le faire, car elle semblait excitée à l'idée de l'emmener aux toilettes.»

Personne n'a parlé à la femme, qui se trouvait à côté de Formenton, a affirmé M. Howden, et il ne se souvenait pas non plus si elle avait dit quoi que ce soit.

Formenton et ses anciens coéquipiers Michael McLeod, Dillon Dube, Carter Hart et Callan Foote ont plaidé non coupables d'agression sexuelle en lien avec une rencontre survenue aux premières heures du 19 juin 2018.

McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de participation à l'infraction d'agression sexuelle.

Tous les accusés étaient membres de l'équipe canadienne de hockey junior du monde 2018, et les événements qui font l'objet du procès se sont déroulés alors que plusieurs joueurs de l'équipe de cette année-là étaient à Londres pour un gala célébrant leur victoire au championnat.

Les procureurs allèguent que McLeod, Hart et Dube ont obtenu des relations sexuelles orales de la femme sans son consentement, et que Dube lui a giflé les fesses alors qu'elle était en train d'avoir des relations sexuelles avec une autre personne. Foote est accusé d'avoir fait le grand écart sur son visage et d'y avoir frotté ses parties génitales sans consentement. Formenton aurait eu des relations sexuelles vaginales avec la plaignante dans les toilettes sans son consentement.

Plus tôt dans le procès, la femme a témoigné avoir rencontré un groupe d'hommes, dont McLeod, dans un bar du centre-ville où elle buvait avec des collègues. Elle a bu au moins huit shots, une vodka soda et une bière au bar, ainsi que deux panachés à la maison avant de sortir, a-t-elle déclaré.

Elle et McLeod ont quitté le bar ensemble et sont retournés dans sa chambre d'hôtel, où ils ont eu des relations sexuelles, a-t-elle ajouté. Cette rencontre n'est pas évoquée dans le procès.

Par la suite, plusieurs hommes sont entrés dans la pièce alors que la femme était encore nue, a-t-elle déclaré. Elle était ivre et effrayée, et sentait qu'elle n'avait d'autre choix que de se plier à leurs désirs, a-t-elle ajouté. La femme s'est livrée à des actes sexuels en mode «pilote automatique», a-t-elle dit.

La défense affirme que la femme aurait initié l'acte

Les avocats de la défense ont suggéré que la femme avait plutôt activement participé à l'activité sexuelle, voire l'avait initié.

La défense a suggéré que c'est elle qui a demandé à McLeod d'amener ses amis dans la pièce et qui a demandé à plusieurs reprises aux hommes si quelqu'un accepterait d'avoir des relations sexuelles avec elle, les narguant parfois.

La femme, dont l'identité est confidentielle en raison d'une ordonnance de non-publication, maintient ne pas se souvenir d'avoir tenu de tels propos et que les mots rapportés ne ressemblent à aucun de ceux qu'elle emploierait. Si elle a effectivement demandé aux hommes d'avoir des relations sexuelles avec elle, cela indiquerait qu'elle était ivre morte, a-t-elle déclaré.

L'avocat de Formenton, Daniel Brown, a suggéré la semaine dernière que la femme avait entraîné son client dans les toilettes pour avoir des relations sexuelles après qu'il ait déclaré ne pas vouloir le faire devant les autres.

La femme, quant à elle, a décrit quelqu'un la suivant lorsqu'elle s'est levée pour aller aux toilettes et a déclaré qu'elle se résignait à l'idée d'avoir des relations sexuelles avec lui.

Mardi également, les avocats de la défense ont terminé le contre-interrogatoire de Tyler Steenbergen, un autre joueur qui a témoigné avoir été présent dans la pièce pendant un court instant. Le procès a connu un bouleversement majeur la semaine dernière lorsque le juge a révoqué le jury, craignant que certains jurés nourrissent des sentiments négatifs envers la défense.

Plutôt que de déclarer le procès nul, la Couronne et la défense ont convenu de poursuivre le procès devant un juge seul, ce qui signifie que les témoins ayant déjà témoigné, y compris la plaignante, n'auront pas à le faire à nouveau.

Paola Loriggio, La Presse Canadienne