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Gilbert Rozon continue de tout nier avec véhémence à son procès civil

durée 13h41
30 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Gilbert Rozon a passé lundi les sœurs Moreau, Sophie – qui est une des plaignantes – et Véronique, son ancienne conjointe venue témoigner contre lui dans ce procès, dans la même passoire que les autres plaignantes avec qui il nie avoir eu des contacts ou des relations sexuelles non consentantes.

Gilbert Rozon subit un procès civil dans lequel neuf femmes le poursuivent à hauteur de près de 14 millions $ au total, alléguant avoir été agressées sexuellement par l’ex-magnat déchu de l’humour.

Gilbert Rozon a connu les deux sœurs dans le cadre de ses échanges avec leur père aujourd’hui décédé, le célèbre humoriste et imitateur Jean-Guy Moreau.

Aucun souvenir

Dans le cas de Sophie Moreau, celle-ci avait 15 ans lors des premiers gestes allégués, en 1988, alors qu’elle affirme que Gilbert Rozon l’a coincée dans les combles de la Place des Arts alors qu’il l’emmenait voir un humoriste dans sa loge. Il l’aurait prise dans ses bras et demandé de l’embrasser, ce qu’elle a refusé. «Je n’en ai aucun souvenir», a répondu Gilbert Rozon. «Je n’ai jamais eu d’attirance pour elle, peut-être elle en a-t-elle pour moi, je ne sais pas. Je n’ai jamais agressé d’aucune façon Mme Sophie Moreau.»

L’année suivante, alors qu’elle était âgée de 16 ans, il lui aurait fait des attouchements à plusieurs reprises et lui aurait fait part à deux reprises de son intention de lui «prendre sa virginité». «Je n’ai jamais fait ça. Je n’ai jamais eu d’attirance pour elle. Je ne lui ai jamais fait d’avances», a-t-il insisté.

«L'amour d'une vie»

Le cas de Véronique Moreau est plus complexe. Elle et Gilbert Rozon sont devenus un couple une première fois en 1989 alors qu’elle a 17 ans et lui en a 34. Cette première relation durera une année et demie durant laquelle le couple se verra surtout en cachette puisque Rozon est marié. Leur relation reprendra en 1997 et durera jusqu’en 2001. Gilbert Rozon a affirmé à quelques reprises que Véronique Moreau était la femme de sa vie. «Même aujourd’hui, je reste amoureux de cette femme. Ç’a été l’amour d’une vie.»

Mais alors qu’elle a raconté une relation où, insatiable, il lui faisait l’amour deux fois par soir à tous les soirs et qu’elle se réveillait régulièrement en pleine nuit pour découvrir qu’il était en train de la pénétrer sans son consentement, Gilbert Rozon rétorque qu’un tel rythme serait une «prouesse dont je ne suis pas capable». Au contraire, dit-il, «elle me demandait pourquoi je ne lui faisais pas plus l’amour».

«Abasourdissant»

Lorsqu’elle affirme qu’il la violait 90 % du temps où ils faisaient l’amour, il rétorque que c’est «abasourdissant tellement ça n’a pas de sens. (…) Jamais de ma vie lui ai-je fait l’amour contre son gré», a-t-il insisté.

D’après lui, «Véronique était très belle femme avec qui j’ai fait l’amour régulièrement. On était en synchronicité parfaite.» Il a qualifié sa séparation d’avec elle de «violente», un épisode qui l’a envoyé en dépression.

Il a qualifié de «surprise sur toute la ligne que ces deux-là (Sophie et Véronique Moreau) aient décidé d’unir leurs forces», contre lui et de former ce qu’il a appelé une «coalition». «J’ai été choqué profondément, détruire 11 ans d’histoire d’amour pour commencer à se reconstruire. J’ai été troublé.»

Au début des années 1990, a-t-il raconté, Véronique Moreau a subi un avortement, mais lorsqu’elle était tombée enceinte, «j’ai vu ça comme un signe du ciel. Je voulais qu’on le garde, elle ne voulait pas. J’ai été malheureux; je le suis encore», a-t-il raconté au sujet de l’avortement.

Son témoignage devait se poursuivre en après-midi.

Un long parcours judiciaire

La poursuite intentée par Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy fait suite à une demande, en 2017, d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses. D’abord accueillie en première instance en 2018, Gilbert Rozon a obtenu que cette demande soit rejetée par la Cour d’appel en 2020.

Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait retenu que celle d’Annick Charrette. Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.

Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, a été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes ont suivi et l’ensemble des poursuites ont été regroupées pour mener au procès qui s’est ouvert en décembre dernier et qui a été interrompu à maintes reprises en raison de débats sur des questions de droit.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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