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Grossesse: les vitamines B atténueraient les méfaits de l'alcool

durée 05h00
9 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — L'ajout de certains nutriments à l'alimentation pourrait permettre d'atténuer les dangers de la consommation d'alcool excessive pendant les premiers jours de grossesse, laisse croire une étude publiée par des chercheurs montréalais.

Il ne faut toutefois surtout pas en conclure que les femmes qui essaient de devenir enceintes peuvent boire à volonté pour autant qu'elles incluent ces nutriments dans leur alimentation, a précisé Serge McGraw, qui est chercheur en épigénétique et spécialiste en biologie de la reproduction au CHU Sainte-Justine.

«On vise surtout d'avoir un message préventif, par exemple pour les femmes qui auraient des carences (alimentaires) et qui essaieraient de devenir enceintes, a-t-il dit. Le message ce n'est pas, "je peux prendre des vitamines avant de boire et ça va empêcher les problèmes".»

La science sait depuis un bon moment que la consommation d'alcool peut être périlleuse pour le fœtus à tous les stades de la grossesse. Les conséquences iront de légères à graves, et pourront inclure des déformations congénitales, un retard de croissance durant la grossesse et des problèmes émotionnels et comportementaux liés au développement du cerveau.

On estime, en Amérique du Nord, qu'environ 1 % des enfants souffrent des effets de l’exposition à l’alcool dans le ventre de leur mère.

On dispose toutefois de peu de connaissances concernant l'effet de l'alcool sur le fœtus pendant les premiers jours de grossesse, avant qu'il ne s'implante dans l'utérus et avant même que la femme ne sache qu'elle est enceinte.

Le professeur McGraw et ses collègues ont voulu savoir si l'ajout à l'alimentation de nutriments comme l’acide folique, la vitamine B12, la choline et la bétaïne aurait un effet protecteur sur des embryons de souris exposés à de fortes doses d'alcool.

Ces nutriments, a-t-il expliqué, jouent un rôle de premier plan dans le contrôle de l'expression génique.

«Un bel exemple est la carence en acide folique qui va mener à des problèmes de développement du tube neural, a dit M. McGraw. C'est pour ça qu'au Canada et dans plusieurs pays, l'acide folique est rajouté (à des aliments).»

Les chercheurs ont constaté que les souriceaux nés des femelles qui avaient profité de cette alimentation spéciale avaient trois fois moins de défauts morphologiques, par exemple en ce qui concerne la taille de leurs crânes.

L'impact bénéfique a toutefois été beaucoup plus modeste sur les retards de croissance, possiblement en raison de l'effet de l'alcool sur le placenta.

Les scientifiques essaieront maintenant de vérifier si ces bébés ont aussi moins de problèmes développementaux ou comportementaux que les autres, notamment en comparant les souriceaux issus de la même portée.

«Par exemple, est-ce que les souriceaux nés avec un faible poids ou des problèmes de développement du cerveau vont avoir des problèmes de cognition, a illustré M. McGraw. Est-ce qu'avec cette diète on va avoir été capables de réduire les impacts au niveau cognitif?»

Les résultats de cette étude ont été publiés tout récemment dans The FASEB journal, la revue de la Federation of American Societies for Experimental Biology.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne