Guilbeault refuse de dire s'il est favorable à un pipeline qui traverserait le Québec


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le ministre Steven Guilbeault refuse de dire s'il est favorable à un projet de pipeline qui traverserait le Québec que laissent entrevoir le premier ministre du Canada, Mark Carney, et plusieurs de ses vis-à-vis provinciaux.
M. Guilbeault, qui a longtemps occupé le portefeuille de l'environnement et qui a été militant écologiste au point d'escalader la tour du CN, est arrivé, mercredi, comme une fusée à la réunion hebdomadaire du caucus libéral.
Il a finalement accepté de s'arrêter lorsqu'un journaliste de La Presse Canadienne lui a signalé avoir promis de s'arrêter à la sortie d'une réunion du cabinet la veille et qu'il ne l'avait pas fait.
Questionné à savoir s'il est favorable «de manière générale» à un projet de pipeline qui traverserait le Québec, M. Guilbeault a répondu que «les discussions commencent sur ces questions-là» et que les journalistes ont «entendu» ce qu'avait à dire le premier ministre Carney.
«Mais pourriez-vous y être favorable ou pas», s'est-il à nouveau fait demander.
M. Guilbeault, désormais un politicien d'expérience, a déclaré que «le premier ministre Carney a dit que pour qu'un projet de loi comme ça puisse se faire, il faudrait qu'il y ait de l'acceptabilité sociale».
Donc s'il y en a, il y serait favorable? «Ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est ce que le premier ministre a dit», a-t-il envoyé en tournant les talons dans l'échange d'une trentaine de secondes.
En campagne électorale et par la suite, le premier ministre et chef libéral Mark Carney a répété vouloir faire du Canada «une superpuissance énergétique», et vouloir notamment miser sur l'énergie «conventionnelle», soit notamment le pétrole et le gaz.
M. Carney compte accélérer la mise en œuvre de plusieurs projets qui seraient d'intérêt «national». Des oléoducs pourraient en faire partie. Cela aurait pour objectif d'élargir les marchés d'exportation et rompre la dépendance avec les États-Unis.
Il y a tout juste trois semaines, M. Guilbeault a plaidé que ce n'est pas le moment pour construire de nouveaux pipelines, soulignant que l’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande en pétrole mondiale va plafonner autour de 2028-2029.
Or, en marge d'une réunion des premiers ministres à Saskatoon, plus tôt cette semaine, le président du Conseil de la fédération et premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré qu'il souhaite que son homologue québécois François Legault fasse traverser un oléoduc par sa province.
Et lundi, en conférence de presse, la possibilité de construire un nouvel oléoduc au nom de l'«unité nationale» était sur toutes les lèvres.
La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a néanmoins proposé de prioriser un tracé reliant Prince Rupert, en Colombie-Britannique, au port de Churchill, au Manitoba.
Une fois arrivé à Churchill, le pétrole albertain pourrait voyager à bord de brise-glaces jusqu'aux raffineries du Nouveau-Brunswick, a-t-elle suggéré.
Michel Saba, La Presse Canadienne