Honda est toujours déterminé à investir dans les véhicules électriques, confirme Joly


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, affirme que Honda Canada demeure pleinement engagée dans des investissements majeurs dans les véhicules électriques au Canada, après que l'entreprise a annoncé mardi la suspension d'un projet de véhicules électriques de plusieurs milliards de dollars en Ontario.
Mme Joly a indiqué mercredi dans un communiqué avoir discuté avec le président-directeur général de Honda Canada, Dave Jamieson, qui lui a assuré qu'«aucun emploi ne serait perdu».
«Il a également confirmé que Honda est toujours pleinement engagée dans des investissements majeurs dans les véhicules électriques ici même au Canada, et nous travaillerons ensemble pour y parvenir», a-t-elle ajouté.
Honda a annoncé mardi le report d'un projet de véhicules électriques de 15 milliards $, invoquant la demande du marché, et le transfert d'une partie de la production de son populaire modèle CR-V destiné au marché américain vers son usine de l'Ohio en raison des droits de douane.
L'interruption des investissements constitue de loin le plus important retard de projet à ce jour au Canada, alors que les perspectives de croissance des véhicules électriques s'assombrissent.
Mme Joly a affirmé aux journalistes plus tôt mercredi que son objectif était de s'assurer que le gouvernement soit en «mode solution».
Lors d'une conférence de presse sur les résultats trimestriels mardi au Japon, le directeur général Toshihiro Mibe a indiqué que l'entreprise examinerait l'état du marché des véhicules électriques dans deux ans avant de décider de poursuivre ou non le projet.
«Nous devons observer la situation après deux ans et le lancement du projet avant de prendre une décision finale», a-t-il affirmé, lors de propos traduits.
Tout en invoquant la demande de véhicules électriques pour expliquer ce retard, il a expliqué que la décision de l'entreprise de délocaliser la production du CR-V aux États-Unis était une conséquence plus immédiate des droits de douane.
«Il est possible d'augmenter la capacité de production aux États-Unis, et nous étudions les conséquences de cette augmentation, a expliqué M. Mibe. À moyen terme, si les mesures tarifaires doivent perdurer, nous devrons augmenter notre capacité de production aux États-Unis.»
Lors d'un dîner de gala mercredi au Musée canadien de l'histoire à Gatineau, au Québec, pour le lancement du Sommet Business 7, Mme Joly a déclaré que sa priorité absolue était de s'assurer que le Canada soutienne les secteurs en première ligne de la guerre commerciale, notamment ceux de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium.
Elle a ajouté que le Canada doit continuer à protéger ses emplois et à attirer des investissements dans un contexte d'incertitude lié à la guerre commerciale avec les États-Unis.
Mme Joly a ajouté qu'elle passerait également à l'offensive et stimulerait la croissance économique avec un premier ministre qui, selon elle, est obsédé par l'économie.
«Nous sommes engagés dans cette compétition mondiale pour attirer les investissements à un moment où le monde est plus complexe et plus dangereux», a-t-elle reconnu.
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, qui était également présent à l'événement et a passé au moins 20 minutes à discuter avec l'ambassadeur des États-Unis au Canada, Peter Hoekstra, a déclaré que le premier ministre Mark Carney avait mis le gouvernement au défi d'être ambitieux et de renforcer la résilience de l'économie.
Honda était le deuxième constructeur automobile en importance au Canada l'an dernier, avec une production d'environ 420 000 véhicules, et le CR-V représente près de la moitié de ce total.
Le porte-parole de Honda Canada, Ken Chiu, a assuré que l'entreprise n'avait pas l'intention de réduire sa production ni ses emplois au Canada, et qu'elle modifiait plutôt la destination des véhicules en fonction des droits de douane.
«En fait, nous échangeons les destinations d'exportation d'une petite partie des CR-V entre nos usines», a-t-il précisé par courriel.
Il a ajouté que la décision de reporter le projet de véhicules électriques, qui comprendrait une usine de batteries, une chaîne de montage réorganisée et deux autres usines, n'a aucune incidence sur les 4200 personnes qui travaillent actuellement à l'usine Honda d'Alliston, en Ontario.
La décision de Honda, qui affecte des projets qui devaient créer 1000 emplois, survient alors que l'entreprise a annoncé une baisse de ses bénéfices et que d'autres baisses sont à venir en raison des mesures tarifaires américaines. L'entreprise a déclaré que les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump devraient réduire son bénéfice d'exploitation de 4,4 milliards $ pour cet exercice, en grande partie en raison du volume important de véhicules importés du Canada et du Mexique aux États-Unis.
— Avec les informations de Ian Bickis
Catherine Morrison, La Presse Canadienne