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L'Alberta cherche à séduire le secteur privé pour la construction d'un oléoduc

durée 18h41
11 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

CALGARY — Le gouvernement de l'Alberta s'efforce d'inciter un acteur du secteur privé à construire un important pipeline de pétrole brut vers les eaux côtières, a indiqué mercredi la première ministre Danielle Smith.

«Nous discutons avec tous les promoteurs de pipelines; tous ceux qui ont déjà construit un pipeline au Canada et qui sont intéressés à former un consortium. Ou, si l'un d'eux se révèle être le promoteur principal, nous serons également intéressés à discuter avec lui, a expliqué Mme Smith aux journalistes après un discours au Global Energy Show. Mais nous savons que c'est le problème de l'œuf et de la poule: personne ne présentera un projet sans une garantie d'approbation.»

L'Alberta pourrait contribuer au projet en s'engageant à fournir des barils de bitume physique en remplacement des redevances en espèces versées par les producteurs de sables bitumineux, a déclaré Mme Smith.

Elle s'est montrée enthousiaste à l'idée de relancer un projet d'expédition de pétrole brut issu des sables bitumineux vers la côte nord de la Colombie-Britannique pour exportation vers l'Asie, et le point final qui lui semble le plus logique est Prince Rupert, en Colombie-Britannique.

Nécessité d'une refonte majeure de la réglementation fédérale

La société Enbridge avait déjà prévu d'expédier du pétrole brut vers un autre port du nord de la Colombie-Britannique, Kitimat, via son projet d'oléoduc Northern Gateway. Ce projet a été abandonné en 2016 lorsque le gouvernement fédéral a interdit la circulation des pétroliers au large de la côte nord de la Colombie-Britannique.

Le PDG d'Enbridge, Greg Ebel, a affirmé qu'une refonte majeure de la réglementation fédérale serait nécessaire pour que son entreprise réexamine une telle proposition.

Mme Smith a indiqué que Prince Rupert pourrait être un choix plus viable que Kitimat, car il offre une route moins dangereuse vers le Pacifique et que de nombreux autres produits en sortent déjà.

Elle a ajouté qu'aucune entreprise n'acceptera de construire un oléoduc vers la côte nord de la Colombie-Britannique tant que les pétroliers seront interdits, et que les entreprises d'exploitation des sables bitumineux n'augmenteront pas leur production tant qu'il y aura un plafond fédéral d'émissions.

La première ministre a exhorté les participants à la conférence à maintenir la pression sur le gouvernement du premier ministre Mark Carney afin qu'il prenne les mesures nécessaires pour concrétiser des projets «d'édification nationale».

«Ne pas réussir, c'est ne pas agir pour le Canada. C'est ne pas défendre la démocratie et un développement mondial pacifique, a-t-elle dit. Et surtout, cela signifie une perte de prospérité économique sur laquelle les jeunes et les familles canadiennes de demain ne peuvent compter pour améliorer leur niveau de vie localement et éliminer la pauvreté énergétique à l'échelle mondiale.»

Alors que les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump perturbent les relations commerciales canado-américaines, de plus en plus de voix s'élèvent pour que le Canada exploite d'autres marchés pour ses ressources.

Le seul moyen actuel d'acheminer des quantités significatives de pétrole canadien vers des clients hors des États-Unis est par l'oléoduc Trans Mountain, propriété du gouvernement fédéral, jusqu'au Lower Mainland de la Colombie-Britannique, dont l'expansion a débuté il y a environ un an.

Le PDG de Trans Mountain, Mark Maki, a expliqué aux journalistes en marge de la conférence que son entreprise faisait partie des entreprises avec lesquelles Danielle Smith avait discuté de la possibilité de piloter un nouvel oléoduc.

«Mais pour nous (…) optimiser le matériel existant est la priorité absolue», a-t-il dit.

L'oléoduc Trans Mountain fonctionne à environ 85 % de sa capacité de 890 000 barils par jour. Cette capacité pourrait être portée à 1,14 million de barils par jour grâce à des additifs chimiques réduisant la traînée et à une puissance de pompage accrue.

M. Maki a affirmé que Mark Carney, ancien dirigeant de banque centrale, lui apparaît comme un dirigeant déterminé et soucieux du détail qui «comprend la situation».

«Je pense que c'est en grande partie grâce à son lien avec les entreprises que je suis optimiste», a-t-il ajouté.

Mark Carney a récemment rencontré les premiers ministres des provinces et des territoires pour connaître les projets qu'ils souhaiteraient voir accélérer en vertu de la nouvelle loi, mais n'a pas précisé lesquels avaient été retenus.

Mme Smith a affirmé qu'elle donnerait aux libéraux jusqu'à la session législative d'automne, soit de quatre à six mois, pour déterminer si Mark Carney tient vraiment sa promesse de faire du Canada une «superpuissance énergétique». La première ministre Smith souhaite également accéder aux marchés mondiaux par la côte Est ou par un pipeline vers le port de Churchill, dans le nord du Manitoba, ce qui permettrait aux pétroliers d'accéder à la baie d'Hudson.

Mme Smith a félicité le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew — un néo-démocrate d'une allégeance politique très différente de celle de son Parti conservateur uni — pour son ouverture à cette idée.

«Il a exprimé haut et fort son souhait de faire de Churchill une plaque tournante majeure des exportations, notamment de pétrole et de gaz, et il l'a affirmé sans équivoque», a ajouté Mme Smith.

Le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique, David Eby, s'est quant à lui montré sceptique quant à la poursuite d'un projet semblable à celui de Northern Gateway, alors que Trans Mountain, déjà en exploitation, fonctionne à pleine capacité et présente un potentiel d'expansion.

Mme Smith n'a pas semblé découragée. Lors d'une entrevue avec l'ancien présentateur de CBC Peter Mansbridge, lors de la conférence, elle a déclaré en riant: «Je vais convaincre David Eby».

Lauren Krugel, La Presse Canadienne

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