L'uranium est ajouté à la liste des minéraux critiques de la Nouvelle-Écosse


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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a ajouté l'uranium à sa liste de minéraux critiques prioritaires, mercredi, et a lancé des propositions d'exploration sur trois sites qui, selon lui, contiennent des gisements connus de ce métal lourd.
Le ministre des Ressources naturelles, Tory Rushton, a déclaré que le gouvernement espérait tirer des avantages économiques de l'exploration à l'avenir, mais un fonctionnaire du ministère a avancé que tout projet d'exploitation minière potentiel pourrait se dérouler seulement dans «des décennies».
«Nous commençons par l'exploration pour connaître notre potentiel en uranium. Au moyen d'un appel d'offres, nous ouvrons des zones où nous savons qu'il existe des gisements d'uranium. Pour les explorer, nous ferons appel à des entreprises qui ont fait leurs preuves en matière de sécurité et de responsabilité environnementale», a indiqué M. Rushton lors d'une conférence de presse à Halifax.
Chacun des trois sites se trouve sur des terres privées et le ministre a déclaré que le gouvernement entamerait des discussions avec les propriétaires fonciers au sujet de son intention d'explorer les sites. Il s'agit d'un site de 80 hectares à Louisville, dans le comté de Pictou, d'un site de 64 hectares à East Dalhousie, dans le comté d'Annapolis, et d'un site de 2300 hectares à Millet Brook, dans le comté de Hants.
«Le monde exige des minéraux essentiels qui sont exploités de manière responsable, éthique et durable. Nous devons saisir ces occasions dès aujourd'hui», a indiqué M. Rushton.
L'objectif de la province est d'utiliser l'uranium pour l'énergie nucléaire et dans les isotopes médicaux pour traiter les problèmes de santé, mais Janice Zinck, directrice exécutive des géosciences et des mines au ministère des Ressources naturelles, a soutenu que les projets d'exploitation minière de l'uranium peuvent prendre de 10 à 20 ans avant de démarrer.
«Il faut au moins une décennie pour réaliser tous les travaux de développement, obtenir les autorisations et lever des fonds, mais chaque projet est différent et progresse à un rythme différent», a-t-elle dit aux journalistes.
La législation adoptée en mars a levé un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de l'uranium datant de 1981, et une interdiction totale datant de 2009. Le premier ministre Tim Houston a soutenu que les changements législatifs étaient nécessaires pour permettre à la province de mieux résister aux défis économiques posés par les droits de douane américains.
Claudia Chender, cheffe du NPD, a affirmé que l'interdiction de l'uranium était le résultat d'une étude scientifique et d'un engagement public, deux éléments qui font défaut dans l'approche du gouvernement actuel, selon elle.
«Nous entendons parler d'une course au développement économique qui, selon le ministère lui-même, pourrait prendre des décennies, et dans l'intervalle, nous n'avons aucune idée de la manière dont les propriétaires fonciers et les communautés autochtones seront consultés», a souligné Mme Chender.
Elle s'est également interrogée sur l'utilité de cette liste, étant donné que de nombreux Néo-Écossais sont davantage préoccupés par le coût de la vie et par des problèmes tels que le manque de logements et d'emplois. Mme Chender pense qu'il s'agit d'un cas où le gouvernement «a besoin de dire quelque chose» à propos de ses plans pour l'économie.
Par ailleurs, M. Rushton a indiqué que la silice, l'argent et le tellure ont également été ajoutés à la liste des minéraux critiques, ce qui porte leur total à 20. La silice est utilisée pour les panneaux solaires et les semi-conducteurs, tandis que l'argent et le tellure sont utilisés pour les panneaux solaires et les dispositifs thermoélectriques.
Les minéraux sont choisis pour figurer sur la liste en fonction de certains facteurs, notamment leur utilisation pour aider la province à atteindre ses objectifs en matière d'émissions de gaz à effet de serre, la demande mondiale et l'opportunité économique stratégique qu'ils représentent pour la Nouvelle-Écosse. Actuellement, aucun des minéraux figurant sur la liste n'est exploité dans la province.
M. Rushton a également publié mercredi un sous-ensemble de «minéraux stratégiques» qui sont également prioritaires. Il s'agit notamment des granulats utilisés dans la construction des routes, de l'or utilisé dans l'électronique et la dentisterie, du gypse utilisé pour les cloisons sèches, le plâtre et le ciment, et de la potasse utilisée dans les engrais.
Keith Doucette, La Presse Canadienne