L'utilisation de la pilule abortive dans les avortements a doublé en 3 ans au Québec


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les avortements médicamenteux sont en augmentation au Québec. Le nombre de personnes ayant reçu un remboursement de la pilule abortive a doublé en trois ans, selon les données publiques de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ). Cela ne veut pas dire qu'il y a plus d'avortements dans la province, mais plutôt qu'il y a un meilleur accès à ce moyen pour avorter, explique la gynécologue Diane Francoeur.
Les données pour les mois de janvier, février et mars 2025 montrent que 479 personnes ont reçu un remboursement de la Mifégymiso, le médicament prescrit dans le cadre du Programme d’accès universel gratuit à l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse.
Pour le même trimestre au cours des dernières années, on constate que le nombre d'individus ayant eu ce service remboursé a augmenté graduellement. Pour le trimestre de 2024, on comptait 349 personnes; pour celui de 2023, 337 personnes; pour celui de 2022, 222 personnes; pour celui de 2021, 181 personnes; et pour celui de 2020, 178 personnes.
Pour toute l'année 2024, le nombre de femmes ayant eu un remboursement de la pilule abortive s'élevait à 1586. En 2023, elles étaient 1363.
La pilule abortive est disponible au Québec depuis 2017 et elle est utilisée dans 17 % des avortements, ce qui est moindre qu'en Ontario où elle est utilisée dans 32 % des avortements. L'écart est encore plus grand avec la France où ce taux grimpe à 72 %.
Les données pour le début de 2025 indiquent que l'accès à la pilule abortive est plus facile au Québec et que les femmes sont peut-être mieux informées de leurs options, estime la Dre Diane Francoeur, directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC).
«Pour moi, c'est une bonne nouvelle. Il n'y a pas plus d'avortements, c'est à peu près stable, rappelle-t-elle. Quand on regarde au Québec, il y a à peu près 78 000 naissances par année, environ 20 000 pertes de grossesse précoces, puis 20 000 avortements. Ça reste grosso modo les chiffres qu'on voit dans les dernières années, donc il n'y a pas une augmentation, même au contraire. Il y a de beaux succès de certains programmes (...) on voit qu'il y a beaucoup moins de grossesses chez les adolescentes, moins d'avortements aussi parce que maintenant les méthodes de contraception prolongée comme le stérilet, les implants sont plus faciles d'accès.»
Le gouvernement de la Coalition avenir Québec promet de rendre la pilule abortive plus accessible dans la province. En novembre dernier, la ministre responsable de la Condition féminine du Québec, Martine Biron, annonçait un premier plan gouvernemental sur l’accès à l’avortement dans lequel son gouvernement s'engage à injecter 7,5 millions $ jusqu'en 2027 pour améliorer l'accès aux services d’interruption de grossesse.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne