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La baisse des étudiants étrangers aggrave les difficultés budgétaires des universités

durée 10h37
24 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les universités canadiennes sont contraintes de se serrer la ceinture, alors qu'elles sont confrontées à la chute des inscriptions d'étudiants internationaux qui paient des frais de scolarité plus élevés.

Universités Canada affirme que les subventions de fonctionnement provinciales «inadéquates» sont également un facteur dans les difficultés budgétaires actuelles des établissements d'enseignement postsecondaire.

Le président-directeur général de l'organisation, Gabriel Miller, indique que les frais de scolarité et les droits d'inscription des étudiants internationaux constituaient une solution de rechange au financement, mais qu'elle est maintenant remise en question en raison de l'évolution des règles applicables aux étudiants internationaux, notamment la réduction des permis.

«Les étudiants étrangers ont été malmenés, mais le vrai problème est que les gouvernements jouent avec l'avenir de l'enseignement supérieur depuis plus d'une décennie», a soutenu M. Miller.

«Nous constatons actuellement un fossé des chances qui va se creuser : les futurs étudiants souhaitant étudier à l'université n'auront pas accès à autant de places. Ils seront contraints d'intégrer des classes plus grandes, car l'accord entre le gouvernement et les familles qui bâtissent nos universités n'est pas respecté.»

M. Miller a déclaré qu'il est «frappant» de constater l'uniformité des problèmes budgétaires à travers le pays.

L'Université McGill prévoit un déficit de 45 millions $ pour le prochain exercice financier, en partie dû à la baisse des inscriptions d'étudiants internationaux.

L'Université de Waterloo, en Ontario, envisage de réduire ses dépenses de 42 millions $ cette année, confrontée à un déficit de 75 millions $.

L'Université de Regina augmente pour sa part ses frais de scolarité de 4 %, la stagnation des inscriptions nationales et une baisse «significative» des inscriptions d'étudiants internationaux contribuant aux difficultés budgétaires.

«Nous constatons une perte importante de talents, plus importante que ce que la plupart des gens anticipaient. Cela signifie évidemment une perte de revenus et une perte d'opportunités pour les étudiants canadiens, car ces étudiants internationaux contribuent à payer les factures de nos universités», a expliqué M. Miller.

Mary Feltham, présidente de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), a indiqué recevoir des rapports faisant état de compressions de programmes et d'une réduction des services sur les campus.

Elle a ajouté que la réduction des inscriptions d'étudiants internationaux crée un effet domino qui s'étend au-delà du campus.

«Nous constatons actuellement une baisse des services offerts à tous, une baisse des emplois et une diminution de différents types de programmes, ce qui affecte la capacité des gens à s'instruire et à contribuer ensuite à leur province et à leur pays», a indiqué Mme Feltham.

L'objectif du gouvernement en matière de permis d'études cette année est de 437 000 à l'échelle nationale, soit une réduction de 10 % par rapport à 2024.

Ottawa a introduit pour la première fois le plafonnement des permis d'études en 2024, ce qui, selon le gouvernement, a contribué à une réduction d'environ 40 % du nombre d'étudiants étrangers et a «détendu» le marché du logement locatif dans les régions où la population étudiante est importante.

Les frais de scolarité pour ces étudiants varient selon l'établissement, mais les frais internationaux sont généralement quatre à cinq fois supérieurs à ceux des étudiants canadiens.

Une déclaration par courriel d'une porte-parole de la ministre de l'Immigration, Lena Metlege Diab, a fait valoir que le Canada apprécie les avantages «importants» que les étudiants internationaux apportent au pays, mais que le programme se heurtait à des difficultés de pérennité.

La déclaration ajoute que la nouvelle ministre a hâte de rencontrer les parties prenantes afin de répondre à leurs préoccupations et de s'assurer que le Canada continue d'attirer les meilleurs talents.

M. Miller a indiqué qu'Universités Canada avait sollicité une rencontre avec la ministre. Il a précisé que le plafond en soi n'était pas un enjeu aussi important que la demande de stabilité des règles pour les étudiants internationaux afin que le Canada soit perçu comme un pays attractif.

Mme Feltham a affirmé que la FCÉÉ exerce des pressions auprès de tous les ordres de gouvernement pour améliorer le financement de l'enseignement postsecondaire et qu'elle mettait en garde contre ces problèmes à venir «depuis des années».

«C'est vraiment frustrant de constater que les étudiants internationaux ont souvent servi de boucs émissaires pour ces problèmes ou de vaches à lait, a déclaré Mme Feltham. Les universités et les collèges comptent donc vraiment sur eux comme source de revenus, ce qui est également inapproprié, et c'est pourquoi nous demandons aux gouvernements de financer adéquatement ces établissements.»

David Baxter, La Presse Canadienne

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