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La dépendance du Canada envers les États-Unis s'est accrue au fil des années

durée 09h54
4 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — L'intégration de plus en marquante du Canada dans l'économie nord-américaine est un phénomène qui s'est amorcé il y a près de 40 ans, disent des politologues.

Il est donc faux de prétendre, comme le fait le chef conservateur Pierre Poilievre, que la dépendance accrue du Canada envers les États-Unis est de la seule faute du gouvernement libéral.

En attribuer le blâme à Justin Trudeau est même «un peu bête», souligne Blayne Haggart, professeur de sciences politiques de l'Université Brock, à St. Catharines. Ce phénomène est un «projet bipartite» depuis la fin des années 1980.

La volonté d'avoir un plus grand accès au marché américain avait conduit le premier ministre progressiste-conservateur, Brian Mulroney, à négocier une entente de libre-échange avec les États-Unis. Ce pacte et ses conséquences sur la société, la culture et l'industrie canadiennes étaient devenus le principal enjeu de la campagne électorale de 1988.

L'entente a été étendue au Mexique quelques années plus tard. L'ALÉNA, et son successeur, l'ACÉUM, ont été conclus par des gouvernements libéral et conservateur.

Greg Anderson, un professeur de sciences politiques de l'Université de l'Alberta, juge que certaines critiques formulées par M. Poilievre sont justifiées, particulièrement celles sur la dépendance économique du pays envers son voisin du sud.

«On dirait que le Canada a été incapable de réaliser un projet pendant une certaine période», dit-il.

La guerre commerciale lancée par l'imposition de nouveaux droits douaniers par le président américain Donald Trump a renouvelé l'intérêt des milieux d'affaires pour investir dans l'économie intérieure et assurer une circulation ouest-est aux ressources énergétiques.

Les conservateurs et les libéraux ont promis, au cours de la dernière campagne électorale, de favoriser la création d'infrastructures permettant de transporter des ressources dans tout le pays et même outre-mer.

«C'est plutôt intéressant de constater que l'opinion publique s'est rapidement renversée. Les gens veulent que ces infrastructures soient construites, affirme le Pr Anderson. On a pris un peu de recul par rapport à tout ça.»

Le Pr Haggart reproche au gouvernement Trudeau de ne pas avoir compris que la dépendance du Canada envers les États-Unis était devenue plus risquée après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2016.

«M. Trudeau n'a pas vraiment réagi à ça, mais je n'ai pas entendu les conservateurs s'en plaindre non plus. Ils n'ont pas suggéré de réduire la dépendance envers le marché américain, mentionne-t-il. Tout le monde était endormi au volant au cours des quatre dernières années.»

Diversifier le commerce canadien et diminuer la dépendance canadienne envers le marché américain seront des tâches difficiles, reconnaît le Pr Anderson.

Les produits provenant de différentes régions du pays, comme le bois d'œuvre, la potasse, les pièces automobiles ou l'électricité, sont acheminés vers les États-Unis, mentionne-t-il. «La gravité de cet énorme marché représente un défi.»

Le Pr Anderson estime qu'il sera aussi difficile d'éliminer les obstacles interprovinciaux au marché.

«On y travaille depuis des décennies et rien ne s'est produit. Il est vraiment difficile d'abolir ces barrières commerciales.»

Selon le Pr Haggart, le prix du renforcement de l'économie canadienne «sera très élevé», mais il semble y avoir une volonté populaire d'y parvenir. Il se demande tout de même si les Canadiens seront prêts à «faire des choix difficiles.»

Jim Bronskill, La Presse Canadienne

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