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La lettre de droits à 35% «est l'accord» dit Trump avant la réunion du cabinet Carney

durée 17h36
14 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

Le président américain Donald Trump a déclaré lundi que les lettres qu'il a envoyées au premier ministre Mark Carney et à d'autres dirigeants concernant les nouveaux droits de douane constituent «les accords», alors que M. Carney se prépare à rencontrer son cabinet pour discuter des droits de douane et des négociations commerciales.

Donald Trump semblait perdre patience face aux efforts de son administration pour conclure des accords commerciaux avec des nations du monde entier. Le président a envoyé des lettres à ses partenaires commerciaux, dont le Canada, menaçant d'imposer des droits de douane plus élevés le 1er août.

La lettre envoyée à M. Carney la semaine dernière indiquait que le Canada serait frappé de droits de douane de 35 %, mais la Maison-Blanche a ensuite précisé que ces droits ne concerneraient pas les marchandises conformes à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) sur le commerce.

«J'ai regardé une émission ce matin et ils disaient : "Quand va-t-il conclure l'accord ?" Les accords sont déjà conclus. Les lettres sont les accords. Les accords sont conclus. Il n'y a pas d'accord à conclure, a déclaré M. Trump lors d'une réunion dans le Bureau ovale avec le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte. Ils aimeraient conclure un autre type d'accord et nous sommes toujours ouverts à la discussion.»

Samedi, Donald Trump a publié sur les réseaux sociaux une lettre adressée à la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, annonçant que le Mexique serait frappé par des droits de douane de 30 %.

Une lettre distincte adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé des droits de douane de 30 % pour l'Union européenne.

On ne sait pas clairement pourquoi le Canada est confronté à des droits de douane plus élevés que le Mexique ou l'UE.

Christopher Sands, directeur du Centre d'études canadiennes de l'Université Johns Hopkins, a expliqué que le Canada et le Mexique sont les deux principaux partenaires commerciaux des États-Unis, et que le Canada est également un partenaire en matière de sécurité nationale.

«Maintenant, le Canada est frappé d'un droit de douane de 35 %, tandis que le Mexique n'en subit que 30 %, a déclaré M. Sands dans un message texte. M. Carney a fait des efforts supplémentaires pour Trump jusqu'à présent, mais il pourrait ne pas bénéficier du soutien public canadien nécessaire pour poursuivre dans cette voie bien longtemps.»

Dans une récente publication sur Substack, M. Sands a souligné que M. Carney avait été proactif en matière de dépenses de défense et de sécurité frontalière. Il serait difficile pour les États-Unis de prétendre que le Canada n'a pas négocié de bonne foi, a écrit M. Sands. Bien que le Canada ait été «gentil», il a été frappé par des droits de douane presque aussi élevés que les 50 % auxquels le Brésil est actuellement confronté, a-t-il écrit.

MM. Carney et Trump négocient ce qu'ils appellent un nouveau pacte économique et de sécurité depuis leur rencontre à la Maison-Blanche début mai. Lors du sommet du G7 le mois dernier, Mark Carney a déclaré avoir fixé au 21 juillet la date limite pour conclure cet accord.

Donald Trump a reporté unilatéralement cette date au 1er août la semaine dernière.

Il a augmenté les droits de douane sur l'acier et l'aluminium de 25 à 50 % en juin, et M. Carney a attendu de voir si un accord pouvait se concrétiser avant de faire de même. Le Canada a pris quelques autres mesures pour aider l'industrie de ce côté-ci de la frontière, notamment en imposant de nouvelles limites à la quantité d'acier étranger pouvant entrer avant l'imposition de droits de douane élevés.

Une nouvelle politique sur les marchés publics réciproques

Lundi, le Canada a mis en œuvre une nouvelle politique provisoire sur les marchés publics réciproques afin de restreindre la capacité des entreprises à soumissionner pour des contrats gouvernementaux si leur pays d'origine limite l'accès du Canada à ses contrats gouvernementaux. Le ministre de l'Approvisionnement, Joël Lightbound, a expliqué que cette politique visait à donner la priorité aux entreprises canadiennes et à celles de «partenaires commerciaux fiables».

Le premier ministre Carney rencontrera son cabinet mardi pour la première fois depuis la dernière offensive de Donald Trump concernant l'accord commercial, et il doit rencontrer les premiers ministres la semaine prochaine.

Fen Hampson, professeur d'affaires internationales à l'Université Carleton, a souligné que Mark Carney devrait faire profil bas, ne pas céder à l'appât d'une réponse directe et publique à la dernière menace de Donald Trump et obtenir le meilleur accord possible à la table des négociations avec les responsables américains.

«Il existe une asymétrie fondamentale dans les relations commerciales canado-américaines. Nous exportons principalement des matières premières et des biens intermédiaires, ce qui donne à Trump un certain pouvoir de négociation, a expliqué M. Hampson. Mais cela expose également les industries et les fabricants américains. Nous en voyons déjà la preuve, vous savez, les droits de douane de 50 % sur l'aluminium.»

Fen Hampson a ajouté que si Donald Trump devait réagir à quoi que ce soit, ce serait à ces pressions intérieures exercées par les consommateurs et les fabricants américains qui se voient facturer davantage de biens et de matériaux.

«Il commence à subir des critiques politiques, et cela se répercute sur le Canada. Il faut simplement être patient, a expliqué Fen Hampson. C'est très difficile quand les gens disent : "Il faut tenir tête à ce type, il faut brandir le gros bâton". Non, ce n'est pas comme ça qu'on gagne avec Trump.»

La lettre de Donald Trump concernant les droits de douane cible une fois de plus la question du fentanyl en provenance du Canada et à destination des États-Unis, justification initiale des droits de douane imposés au Canada et au Mexique, ainsi que l'immigration illégale et la sécurité frontalière.

Les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis indiquent qu'environ 26 kilogrammes de drogue ont été saisis à la frontière canadienne au cours du présent exercice financier, tandis que 3700 kilogrammes de cette drogue ont été saisis à la frontière mexicaine au cours de la même période.

David Baxter et Kelly Malone, La Presse Canadienne

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