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La thérapie génique donne de l'espoir pour soigner une maladie héréditaire rare

durée 12h29
4 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — Un chercheur affirme qu'une thérapie génique expérimentale pour une maladie héréditaire rare permet d'économiser presque autant d'argent pour le traitement de cinq patients que le coût de l'étude elle-même.

L'étude préliminaire publiée l'année dernière a révélé que trois des hommes traités pour la maladie de Fabry ont pu cesser de suivre un traitement enzymatique substitutif, qui coûte environ 300 000 $ par an, après avoir commencé la thérapie génique «unique».

Le Dr Michael West, coauteur et néphrologue à Halifax, affirme que les économies totales se sont élevées à 3,7 millions $, contre des coûts de recherche d'environ 4 millions $ à ce jour, financés en grande partie par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

La maladie de Fabry est une maladie rare qui empêche l'organisme de produire la version correcte d'une enzyme qui décompose les lipides, ce qui entraîne des lésions importantes des organes vitaux et une réduction de l'espérance de vie. Certaines personnes souffrent de divers symptômes, notamment de douleurs aux mains et aux pieds, de troubles intestinaux et de fatigue chronique.

La thérapie génique utilise des cellules souches prélevées dans la moelle osseuse d'un patient pour administrer une copie de remplacement du gène défectueux.

L'équipe de recherche a écrit dans le Journal of Clinical and Translational Medicine l'année dernière qu'un des hommes atteints d'une maladie rénale avancée avait vu son état se stabiliser. Les chercheurs ont également constaté qu'aucun d'entre eux n'avait subi d'événements majeurs, tels qu'une crise cardiaque ou une insuffisance rénale causée par la maladie de Fabry au cours des cinq dernières années, a rapporté le Dr West.

«Ces patients produisent encore plus d'enzymes nécessaires qu'avant la thérapie génique», a relevé le médecin de 72 ans, qui travaille au Centre des sciences de la santé Queen Elizabeth II, à Halifax, et est professeur à l'Université Dalhousie.

Peu de cas d'effets secondaires

Le Dr West a indiqué que, dans d'autres cas de thérapie génique, des effets secondaires graves ont été observés, notamment le développement de diverses formes de cancer. Cependant, il a précisé que, depuis que les patients ont reçu leur thérapie génique pour la maladie de Fabry entre 2016 et 2018, il n'y a eu que deux cas d'effets secondaires, aucun n'étant une conséquence directe de la thérapie elle-même.

Dans un cas, un médicament de chimiothérapie utilisé pour «faire de la place» dans la moelle osseuse pour la greffe de cellules modifiées a entraîné une baisse du nombre de globules blancs chez un homme. Il a été traité par antibiotiques pour une infection potentielle et s'est rétabli, a détaillé le chercheur.

Dans un autre cas, un homme a développé une importante ecchymose à la jambe, que les chercheurs attribuent aux effets secondaires possibles du médicament de chimiothérapie.

Même si la recherche doit être menée à plus grande échelle avant de devenir un traitement conventionnel, le Dr West estime qu'elle mérite d'être poursuivie, notamment en raison des coûts et du «soutien pour les patients» que représente le traitement actuel.

Le spécialiste a précisé que le traitement enzymatique substitutif conventionnel doit être administré toutes les deux semaines, chaque séance nécessitant environ deux heures.

Sur les quelque 540 personnes atteintes de la maladie de Fabry au Canada, le chercheur indique qu'une centaine se trouvent en Nouvelle-Écosse. On pense que la première personne porteuse de cette mutation génétique remonte à une Française qui a immigré à Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, à l'époque coloniale. Ses descendants ont été porteurs du gène défectueux pendant les 18 générations suivantes.

«Actuellement, il existe des cas en Ontario, en Colombie-Britannique, au Royaume-Uni et en Floride, mais ils sont tous originaires d'ici et partagent la même mutation», a expliqué le Dr West.

Le spécialiste a précisé que le coût final de la thérapie génique par patient reste à déterminer, car elle devrait d'abord être approuvée par les principaux organismes de réglementation comme traitement reconnu.

Il a toutefois indiqué qu'une option pour les maladies génétiques héréditaires, où le groupe de patients est relativement restreint, serait que les organismes de recherche gouvernementaux développent et s'approprient le traitement, puis perçoivent des honoraires pour le fournir à d'autres systèmes de santé nationaux.

Le Dr West a déclaré être conscient de la petite taille de l'échantillon et que l'objectif est maintenant de réaliser une étude similaire auprès de 25 à 30 patients, dont des femmes, sur une période de deux à trois ans.

Le directeur principal de la recherche à Santé Nouvelle-Écosse a déclaré vendredi dans un courriel que le projet offre un nouvel espoir aux personnes atteintes de la maladie de Fabry, car il remplace les traitements à vie par une «solution curative potentielle».

«L'impact pourrait être à la fois profondément personnel et économique, permettant de sauver des vies, d'améliorer la qualité de vie et d'économiser des millions de dollars en soins de santé. C'est un parfait exemple de l'importance de la recherche», a écrit la Dre Ashley Hilchie.

Michael Tutton, La Presse Canadienne

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