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Le Canada dégringole quant au dépistage chez la femme dans un classement mondial

durée 04h30
7 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le Canada a chuté de 20 places en quatre ans en matière de santé de la femme pour atteindre le 63e rang sur 142 pays, indique l'Indice mondial Hologic de la santé des femmes, qui se base sur les réponses tirées d'entrevues avec des participantes à travers le monde.

Nos voisins du Sud, qui n'ont pourtant pas accès à un régime public d'assurance-santé universelle, semblent mieux performer que le Canada, entre autres en matière de soins préventifs, où ils se classent au 6e rang contre 70e pour le Canada.

Pour l'ensemble des aspects de la santé féminine évalués, le Canada obtient un score de 55 sur 100 (100 étant la note parfaite). Cela ressemble à la moyenne des pays du G20 qui est de 53.

Plus précisément, les données montrent qu'à peine 15 % des femmes canadiennes déclarent avoir passé un test de dépistage pour le cancer du sein ou du col de l’utérus contre 25 % aux États-Unis. «Ça, pour moi, c'est quelque chose de choquant parce que ces cancers-là augmentent, surtout le cancer du col de l'utérus est en croissance au Canada de 3,7 %. Ça ne s'était jamais vu depuis» 1984, commente en entrevue Isabelle Fortier, directrice canadienne des relations gouvernementales et l'accès au marché chez Hologic Canada.

Les données canadiennes indiquent par ailleurs que 36 % des femmes ont été testées pour l’hypertension au cours de la dernière année, 24 % pour le diabète et seulement 12 % ont subi un test de dépistage pour des infections transmises sexuellement (ITS).

Pour expliquer l'avance des États-Unis sur le Canada, Mme Fortier est d'avis que les Américaines ont sans doute un accès plus direct aux ressources de santé.

«On sait que le Canada, c'est un système qui est bien rodé, qui est universel, mais qui connaît des disparités significatives en matière d'accès aux services de santé, surtout dans les régions éloignées. Il y a plus de 6,5 millions de personnes au Canada qui n'ont pas de médecin de famille», soutient Mme Fortier.

Elle met aussi de l'avant que les États-Unis ont beaucoup investi dans des campagnes de sensibilisation. «Ils ont aussi des programmes qui encouragent le dépistage régulier des maladies. Il y a d'autres facteurs qui pourraient être pris en compte. Je sais par expérience que les États-Unis ont investi énormément dans des campagnes de dépistage», dit-elle, faisant mention du programme National Breast and Cervical Cancer Early Detection qui donne accès à des services de dépistage gratuits ou à faible coût.

Le Canada possède aussi de bons programmes de dépistage. Au Québec par exemple, toutes les femmes entre 50 à 74 ans ont accès à une mammographie dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein. L'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) évalue présentement la possibilité d'abaisser l'âge à 40 ans.

Élargir la première ligne et miser sur l'éducation

Pour améliorer la performance du Canada en matière de dépistage, Mme Fortier croit qu'il faut aller plus loin. «Au Québec, on envoie une lettre, mais il faut s'assurer de pouvoir rejoindre des femmes qui ne se font pas dépister. Malheureusement, on n'a pas une banque de données qui nous permet d'aller rejoindre ces femmes-là», soulève-t-elle. Environ 63 % de la population québécoise va faire sa mammographie offerte dans le cadre du programme de dépistage de la province.

Des enjeux similaires s'appliquent au dépistage du col de l'utérus, un cancer totalement soignable lorsqu'il est détecté assez tôt. «Je pense [que les États-Unis] adoptent une approche un peu plus proactive que le Canada en santé préventive. Ils ont des rappels de dépistages intégrés dans des systèmes de santé, ce qu'on ne voit pas malheureusement au Canada. Ce ne sont pas toutes les provinces qui offrent un rappel aux femmes d'aller se faire dépister. Par exemple pour le cancer du col de l'utérus, notre belle province québécoise, on n'a pas ce type de rappel», indique-t-elle.

Isabelle Fortier estime qu'il faut miser sur l'éducation auprès des filles et jeunes femmes. «À l'école, c'est important d'aller voir notre médecin en partant avec la contraception, ensuite avec les vaccins, le dépistage, donc tout au long du parcours de soins de la femme. Ça ne commence pas à 50 ans, ça commence à 15 ans quand les femmes commencent à avoir des relations sexuelles», souligne-t-elle.

Elle souligne aussi que l'accès à la première ligne repose beaucoup sur les médecins de famille au Canada. Bien que de bons coups commencent à voir le jour, par exemple avec les actes médicaux que peuvent faire les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), Mme Fortier souhaite voir la participation d'encore plus de professionnels à la première ligne pour prendre en charge la santé de la femme.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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