Le nombre de décès d'enfants liés à la grippe atteint un sommet de 15 ans aux É.-U.


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Par La Presse Canadienne, 2024
Le nombre d’enfants américains décédés de la grippe atteint cette saison un niveau jamais vu depuis la pandémie de grippe porcine, il y a 15 ans, selon un rapport fédéral publié vendredi.
Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont recensé 216 décès pédiatriques liés à la grippe jusqu’à présent, dépassant les 207 décès enregistrés l’an dernier. Il s’agit du bilan le plus lourd depuis la saison 2009-2010, marquée par la pandémie mondiale de grippe H1N1.
Et ce chiffre pourrait encore grimper: la saison grippale est toujours en cours. Les données définitives pour 2023-2024 n’avaient été publiées qu’à l’automne.
«Le chiffre actuel est très certainement sous-estimé, et il augmentera à mesure que la saison prendra fin et que l’ensemble des données seront compilées», a déclaré le Dr Sean O’Leary, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques à l’Université du Colorado et membre de l’Académie américaine de pédiatrie.
Selon lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer la gravité de la saison actuelle, mais le principal est la baisse du taux de vaccination chez les enfants. En cinq ans, celui-ci est passé d’environ 64 % à seulement 49 %.
Même si les vaccins contre la grippe ne préviennent pas toujours l’apparition des symptômes, les recherches montrent qu’ils sont très efficaces pour éviter les hospitalisations et les décès, rappelle M. O’Leary.
Les adultes ne sont pas exemptés
La saison n’a d’ailleurs pas été difficile que pour les enfants. Les responsables des CDC la qualifient de «hautement grave»: jusqu’à présent, elle aurait causé quelque 47 millions de cas, 610 000 hospitalisations et 26 000 décès à l’échelle nationale.
Les CDC étaient en mesure de dire que près de 5200 des adultes hospitalisés avaient une condition médicale sous-jacente, et que 95 % d'entre eux présentaient au moins un problème de santé. En revanche, parmi les quelque 2000 enfants hospitalisés dont les dossiers médicaux étaient plus détaillés, seuls 53 % souffraient d’affections préexistantes, comme l’asthme ou l’obésité.
Le rapport des CDC ne précise pas combien des enfants décédés avaient été vaccinés, et l’agence n’a pas mis des experts à disposition afin de commenter la situation.
Il y a toutefois une lueur d’espoir: depuis février, les indicateurs de surveillance de la grippe sont en baisse, et, la semaine dernière, les 50 États américains signalaient une activité grippale faible ou minime.
Cette saison s’est distinguée par une plus grande diversité des souches grippales en circulation. Deux souches de virus de type A – H1N1 et H3N2 – ont particulièrement circulé, mais les données publiées plus tôt cette année suggèrent que les vaccins contre la grippe sont plutôt efficaces pour prévenir les décès et les hospitalisations.
Les CDC continuent donc de recommander la vaccination annuelle contre la grippe pour toute personne âgée de six mois et plus.
La baisse du taux de vaccination chez les enfants s’inscrit dans une tendance préoccupante. En plus de la désinformation en ligne et des polémiques liées aux vaccins contre la COVID-19, certains responsables politiques, comme Robert F. Kennedy fils, aujourd’hui secrétaire à la Santé, ont repris à leur compte des discours issus des mouvements anti-vaccins.
Mais d’autres facteurs plus concrets peuvent aussi entrer en ligne de compte, selon le Dr O’Leary. De nombreux cabinets pédiatriques font face à une pénurie de personnel et organisent moins de séances de vaccination en dehors des heures de bureau. Par ailleurs, bien que les pharmacies vaccinent de plus en plus d’Américains, certaines ne vaccinent pas les enfants.
«J’espère que cette saison servira de signal d’alarme et nous rappellera à quel point il est important de vacciner nos enfants contre la grippe», a conclu Sean O'Leary.
Mike Stobbe, The Associated Press