Le pacte de sécurité et de défense entre le Canada et l'UE sera signé lundi


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le pacte de partenariat en matière de sécurité et de défense que le premier ministre Mark Carney signera lundi à Bruxelles avec les dirigeants européens sera l'un des accords les plus ambitieux jamais conclus par l'Europe avec un pays tiers, a déclaré vendredi un haut responsable de l'Union Européenne (UE).
M. Carney s'envolera dimanche pour l'Europe afin de participer à un sommet Canada-UE, prévu lundi soir avec le président du Conseil européen, António Costa, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Lors du sommet du G7 en Alberta lundi, Mme von der Leyen a confirmé que l'accord serait signé lundi à Bruxelles, qualifiant le Canada de «partenaire clé».
«C'est également le moment de renforcer le rôle du Canada dans l'architecture de défense européenne en rapide évolution», a ajouté Mme von der Leyen le 16 juin.
Lors d'une conférence de presse donnée vendredi aux journalistes canadiens et européens, un haut responsable européen a indiqué que le sommet aboutirait à deux résultats principaux : une déclaration commune exprimant des points de vue sur des enjeux mondiaux, tels que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que la signature de l'«Accord de partenariat UE-Canada en matière de sécurité et de défense».
«C'est un accord ambitieux, a expliqué le responsable. Nous l'avons déjà conclu avec plusieurs partenaires internationaux, mais celui avec le Canada serait l'un des plus ambitieux jamais signés par l'UE avec un pays tiers. Il ouvrira de nouvelles perspectives de collaboration sur la gestion de crise, la mobilité militaire, la sécurité maritime, les cybermenaces et la coopération industrielle dans le domaine de la défense.»
Mark Carney a clairement indiqué son intention de renforcer les liens du Canada avec l'Europe, alors que ses relations avec les États-Unis sont mises à rude épreuve sous le poids des droits de douane et des menaces d'annexion. Deux jours après son investiture en tant que premier ministre en mars, Mark Carney s'est rendu en Europe où il a rencontré le président français Emmanuel Macron à Paris et le premier ministre britannique Keir Starmer à Londres.
C'est lors de ces rencontres qu'il a sérieusement commencé à évoquer l'adhésion au nouveau plan européen d'approvisionnement en matière de défense, baptisé ReArm Europe. Dans le discours du Trône du 27 mai, le gouvernement Carney s'est engagé à adhérer à ce programme. Il a déclaré à la CBC, lors d'une entrevue le même jour, qu'il s'attendait à ce que le Canada le fasse d'ici le 1er juillet.
Le 9 juin, le premier ministre Carney a annoncé un investissement massif dans le budget de la défense du Canada afin de porter le Canada au-dessus de l'objectif de 2 % du PIB de l'OTAN que le pays a promis — sans jamais l'atteindre — depuis plus de dix ans.
L'adhésion à ReArm Europe fait partie de ce plan, Mark Carney ayant répété à plusieurs reprises que le Canada ne pouvait plus consacrer la totalité de ses dépenses de défense aux États-Unis.
«Nous sommes en discussions étroites avec nos partenaires européens pour rejoindre ReArm Europe, a-t-il dit le 9 juin. Ce sera un élément de diversification. C'est tout simplement intelligent. Il est préférable d'être diversifié. Il est préférable d'avoir des options. Il est préférable d'avoir des chaînes d'approvisionnement différentes et des partenaires plus larges.»
L'ordre du jour du sommet publié par le Conseil européen indique que l'accord sur les marchés publics de sécurité et de défense permettra au Canada de participer à un programme de prêts européen pour des projets de défense conjoints. Ce programme de 150 milliards €, baptisé «Action de sécurité pour l'Europe», ou SAFE, s'inscrit dans le cadre de l'initiative «Réarmer l'Europe».
Un représentant de l'UE a expliqué vendredi qu'une fois l'accord sur les marchés publics en vigueur, le Canada devra négocier un accord bilatéral avec la Commission européenne afin d'entamer des discussions avec les États membres sur les possibilités d'approvisionnement.
Accélérer la ratification d'un accord de libre-échange
Les dirigeants présents au sommet UE-Canada devraient également discuter du commerce mondial et des guerres qui font rage en Ukraine et au Moyen-Orient. Ils s'engageront également à ratifier intégralement l'Accord économique et commercial global (AECG), l'accord de libre-échange Canada-Europe.
Fen Hampson, professeur d'affaires internationales à l'Université Carleton, a indiqué que M. Carney devrait également accélérer la ratification de l'AECG. L'accord est entré en vigueur à titre provisoire en 2017, mais plusieurs États membres de l'UE doivent encore le ratifier au niveau national.
«Le véritable défi est d'inciter les entreprises canadiennes, mais aussi européennes, à l'adopter (…) et à développer leurs activités outre-Atlantique, mais cela nécessite également un leadership politique, a expliqué M. Hampson. L'accord n'a pas encore été pleinement ratifié, mais c'est un point que (Mark Carney) pourrait peut-être faire valoir auprès des Européens.»
Après Bruxelles, le premier ministre Carney se rendra à La Haye pour le sommet des dirigeants de l'OTAN, où les discussions devraient faire avancer l'augmentation de l'objectif de dépenses de défense des membres de l'OTAN à 5 % du PIB, contre 2 % actuellement.
— Avec des informations de Kyle Duggan, Dylan Robertson et l'Associated Press
Catherine Morrison, La Presse Canadienne