Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le transport aérien ne devrait pas être un luxe, selon le PDG de WestJet

durée 20h05
27 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

CALGARY — Le président et chef de la direction du groupe WestJet estime que le gouvernement fédéral ne devrait pas traiter le transport aérien comme un luxe dans un pays aussi vaste que le Canada, et que la réduction des coûts pour l'industrie contribuerait à l'unité nationale.

Lors d'un discours prononcé devant des membres du secteur des affaires de Calgary, Alexis von Hoensbroech s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles les infrastructures de transport, comme les ponts, les trains pour le transport de passagers et les traversiers, bénéficient du soutien fédéral, alors que le gouvernement impose une multitude de coûts à l'industrie aérienne, qui sont ensuite répercutés sur les consommateurs.

«Nous devons bâtir le Canada, aujourd'hui plus que jamais, et l'aviation y joue un rôle essentiel», a-t-il lancé mardi.

M. von Hoensbroech a mentionné ironiquement le fait que son discours devait rivaliser avec le discours du Trône prononcé le même jour par le roi Charles à Ottawa, qui présentait le programme législatif du gouvernement libéral.

«Mais le roi a bel et bien déclaré aujourd'hui : 'le gouvernement est guidé par la conviction que l'économie n'est véritablement forte que lorsqu'elle sert tout le monde', et de très nombreux Canadiens peinent à s'en sortir», a-t-il déploré.

Sa présentation comprenait une diapositive comparant les coûts imposés par le gouvernement au Canada à ceux imposés aux États-Unis. Au Canada, la taxe de vente, les frais de navigation, les frais d'amélioration aéroportuaire et les frais de sécurité s'élevaient à 133 $ pour un billet aller-retour, tandis qu'au sud de la frontière, la taxe d'accise, les frais de segment, les frais d'installation passagers et les frais de sécurité s'élevaient à 49 $.

Il a affirmé qu'il est «fondamentalement anormal» que le transport aérien ne soit pas considéré comme essentiel dans un pays où il constitue le seul lien avec le monde extérieur pour de nombreuses communautés.

«Si le gouvernement souhaite unifier le Canada et éliminer les barrières commerciales internes, il serait judicieux de réduire le coût du transport aérien en abaissant les frais qui y sont imposés et, au bout du compte, en rendant les billets moins chers», a soutenu M. von Hoensbroech aux journalistes.

«À l'heure actuelle, des millions de Canadiens n'ont pas les moyens de se payer un billet d'avion, en grande partie à cause des coûts d'infrastructure et des frais et redevances très élevés, bien plus élevés que dans la plupart des autres pays.»

Les remarques de M. von Hoensbroech font suite aux appels lancés ces derniers mois par plusieurs chefs d'entreprise en faveur de la réduction des barrières commerciales intérieures et de l'expansion du rayonnement international du Canada, alors que les États-Unis deviennent un partenaire commercial de moins en moins fiable.

Les effets de la politique américaine

Au cours des cinq derniers mois, en réaction aux droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, à son souhait de faire du Canada le «51e État» et à sa façon de traiter certains groupes, de nombreux Canadiens ont annulé des voyages et réservé des vols vers d'autres destinations.

M. von Hoensbroech a souligné que les réservations pour les prochains mois suggèrent que les voyages transfrontaliers des Canadiens sur la compagnie aérienne ont diminué de l'ordre de 15 à 20 % par rapport à l'année dernière, mais que le trafic se déplace vers l'Europe et les Caraïbes.

La compagnie aérienne concurrente Air Canada a annoncé lundi dans un courriel qu'elle suspendrait trois autres liaisons entre les États-Unis et le Canada – Toronto-Indianapolis, Montréal-Détroit et Montréal-Minneapolis – à compter de cet automne pour des raisons «commerciales». Ces réductions font suite à la réduction de 10 % des vols vers la Floride, Las Vegas et l'Arizona, destinations habituellement prisées pendant la relâche scolaire, en mars dernier. Ses concurrents Flair Airlines et Air Transat ont pris des mesures similaires.

Le mois dernier, le nombre de Canadiens rentrant des États-Unis par avion a diminué de 20 % par rapport à avril 2024, selon Statistique Canada. Le nombre de visiteurs américains en avion au Canada a quant à lui diminué de 5,5 %.

Ces dernières semaines, Donald Trump a tempéré ses propos sur l'annexion du Canada et il a semblé adopter un ton cordial lors d'une réunion avec le premier ministre Mark Carney plus tôt ce mois-ci.

Il a soutenu que les changements de la demande liés à la politique sont généralement de courte durée et qu'il perçoit déjà des signes de reprise du marché américain.

Lauren Krugel, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge