Le transport en commun n'est pas assez adapté aux aînés, selon une étude


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les personnes âgées souhaitent le plus possible rester autonomes, d’où l’importance, selon une étude publiée cette semaine, d’avoir un service d’autobus et de métro accessible et adapté à elles.
C’est une des conclusions d'un rapport, financé par le programme du gouvernement canadien «Vieillir chez soi» et réalisé en collaboration avec le Conseil national de recherches Canada (CNRC) et le groupe TRAM de l’Université McGill, qui étudie les transports sous la direction du professeur Ahmed El-Geneidy.
Des personnes âgées de six villes canadiennes ont été interrogées. «En général, les personnes âgées trouvent que le transport commun n’est pas toujours adapté à leurs besoins, surtout dans les banlieues et les régions plus petites», résume Meredith Alousi-Jones, assistante de recherche dans l’équipe de McGill.
La plupart des répondants souhaitent se déplacer de façon autonome, ce qui selon l’étude «renforce la nécessité de disposer de modes de transport adéquats».
Comment faire?
Des arrêts facilement accessibles, des horaires fiables et des itinéraires adaptés aux besoins sont des facteurs qui améliorent l’expérience des personnes âgées, selon l’étude.
La principale recommandation de Mme Alousi-Jones est de rendre les transports en commun accessibles universellement.
«Ça peut être de mettre plus d’arrêts dans un quartier où il y a plus de personnes âgées, pour qu’elles marchent moins longtemps, de s’assurer qu’il y a des abribus avec des rampes et des bancs pour qu’elles puissent se protéger en attendant l'autobus», explique-t-elle.
Pour les stations de métro, il est recommandé que les escaliers roulants et les ascenseurs soient fonctionnels en tout temps. «On souhaite aussi qu’il y ait des sièges qui soient toujours disponibles pour les personnes âgées, une fois à bord. Mais cela revient à de la courtoisie des autres usagers», expose l’assistante de recherche.
Certaines personnes âgées vivent de l’insécurité en prenant les transports en commun parce qu’elles ont peur de se faire attaquer, en particulier à Toronto et à Vancouver, témoigne Mme Alousi-Jones.
En plus d’améliorer l’accessibilité, il faudrait aussi bonifier la communication entre les personnes âgées et les agents de transport, par exemple, en ne passant pas exclusivement par internet, poursuit-elle.
«Il y a beaucoup de gens qui sont mal informés par rapport à leur tarif réduit ou à l’endroit où ils peuvent prendre le transport en commun pour accéder aux destinations.»
Des villes meilleures que d’autres?
Les personnes âgées qui vivent dans les trois plus grandes villes ou à proximité (Toronto, Montréal, Vancouver) croient davantage que les transports en commun de leur région répondent à leurs besoins que celles des trois plus petites villes (Halifax, Victoria, Saskatoon). Selon l’étude, cela s’expliquerait par le fait que les grandes villes ont de meilleurs réseaux de transport en commun.
«Toronto et Vancouver ont vraiment fait un effort pour rendre toutes les stations de métro accessibles aux personnes en fauteuil roulant, souligne Mme Alousi-Jones. Ils ont vraiment misé là-dessus en comparaison avec Montréal.»
Mais dans la métropole francophone, le transport en commun est gratuit pour les personnes âgées, ce qui est très apprécié par les répondants du sondage. «C'est quelque chose qui dépend vraiment du contexte, mais c’est sûr qu’à Montréal, on doit être plus avancé par rapport à l'accessibilité.»
Habitudes de transport
L’étude révèle que les moyens de transport les plus utilisés sont l’autobus et le métro. Les services de transport adapté représentent le mode le moins utilisé dans les six villes. La plupart du temps, les personnes âgées se déplacent pour des activités de loisirs, des rendez-vous médicaux et pour rendre visite à leurs proches.
Un trajet idéal a une durée de 30 minutes, selon les répondants. Pour les chercheurs, c’est un bon indicatif sur lequel les sociétés de transport pourraient s’appuyer pour améliorer leurs services. La plupart des personnes âgées préfèrent se déplacer hors des heures de pointe.
Quelque 5500 témoignages ont été obtenus dans le cadre de ce sondage bilingue mené à l’hiver et à l’automne 2023. Les répondants étaient âgés de 65 à 74 ans, et certains d'entre eux ont participé à une entrevue pour préciser leur expérience.
Aurélie Lachapelle, La Presse Canadienne