Les bébés éliminent le VPH avant l'âge de deux ans, dit une étude


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Tous les bébés qui contractent un virus du papillome humain dans un contexte prénatal l'éliminent de leur organisme pendant leurs deux premières années de vie, montre une étude réalisée à Montréal.
Pratiquement tous les bébés infectés avaient éliminé le virus pendant leurs six premiers mois de vie, et tous l'avaient éliminé avant leur deuxième anniversaire.
«Il y a plein de trucs pas du tout agréables qui peuvent survenir avec le VPH, a expliqué la chercheuse Hélène Trottier, qui est épidémiologiste au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine et professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
«Donc, on s'est toujours demandé si le virus pouvait être transmis aux enfants, et s'il était transmis, est-ce que ça serait problématique?»
Les données sont issues de la cohorte Héritage, qui est notamment composée de quelque 400 femmes enceintes ayant reçu un diagnostic positif aux VPH suivies au CHU Sainte-Justine, au CHUM ou à l'Hôpital St. Mary’s.
Les bébés de 200 de ces femmes ont été suivis sur deux ans, et ceux de 75 d’entre elles ont été suivis sur cinq ans. Seuls deux bébés ont eu une infection récurrente aux VPH, c’est-à-dire qu’un dépistage négatif a été suivi d’un test positif lors d’une visite subséquente.
Il y a très peu de risque que la mère transmette un VPH à son bébé au moment de la naissance, surtout si elle accouche par césarienne. Mais même en cas de transmission, la nouvelle étude montre que le risque que le bébé soit ensuite malade est extrêmement faible, ce qui est rassurant pour la mère.
«À notre grande surprise, la très grande majorité des VPH qu'on a détectés chez nos enfants, dans l'étude, ont été éliminés, donc très peu de persistance, et aussi très, très peu de récurrence», a dit Mme Trottier.
Les scientifiques ne comprennent pas vraiment pourquoi le système immunitaire des bambins est capable de détruire le VPH, ni pourquoi cette capacité disparaît par la suite. «On a encore beaucoup de recherches à faire pour vraiment comprendre toute l'immunité naturelle, les mécanismes de défense qui font qu'on est capables de l'éliminer», a ajouté la chercheuse.
La famille des virus du papillome humain compte plus de cent types de virus; si certains n'ont qu'un faible risque de causer un cancer, d'autres comportent un risque plus élevé. Le virus est notamment reconnu comme le principal facteur de risque de cancer du col de l’utérus, en plus d’être responsable d’environ un tiers des cancers de la tête et du cou.
Il ne faut donc pas prendre la menace à la légère, souligne Mme Trottier, qui rappelle que la vaccination demeure primordiale.
«C'est rassurant pour les femmes et pour les bébés, mais c'est toujours extrêmement important de se faire vacciner parce que le VPH est quelque chose de très méchant, a-t-elle conclu. Mais en ce qui concerne la transition périnatale, c'est quand même rassurant.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le Journal of Infectious Diseases.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne