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Les entreprises du Kansas touchées par la guerre commerciale de Trump

durée 18h53
20 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — La présidente de la chambre de commerce de Topeka, au Kansas, est à Ottawa cette semaine afin de renforcer les liens, alors que les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump continuent de perturber les relations commerciales transfrontalières.

Juliet Abdel rencontre des représentants fédéraux et provinciaux, des maires canadiens et des responsables du réseau ferroviaire du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC), qui exploite les seules lignes transnationales reliant le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Son organisation représente plus de 1000 entreprises du Kansas et s'oppose aux droits de douane, tant ceux imposés par Donald Trump que les mesures de rétorsion du Canada. Elle a affirmé qu'ils menacent de nombreuses petites entreprises de sa région, ainsi que l'économie d'autres États du Midwest.

Elle a ajouté que l'effet combiné des droits de douane et des contre-tarifs pourrait coûter des millions de dollars aux entreprises qu'elle représente.

Mme Abdel a indiqué qu'environ 20 % de la main-d'œuvre locale dépend du commerce international et que le Kansas échange des milliards de dollars de biens et de services avec le Canada chaque année. Elle a expliqué que le Kansas exporte des produits d'une valeur d'environ 2,6 milliards $ vers le Canada chaque année et importe environ 2,1 milliards $ de marchandises, ce qui fait du Canada un partenaire commercial clé.

L'État, exposé aux exportations, est lié au Canada par l'agriculture, les produits chimiques et la fabrication automobile et aérospatiale. Près de 100 entreprises canadiennes s'y sont implantées, dont Great West Financial et Bombardier, dont le siège social américain est à Wichita.

Ford exploite également une importante usine automobile à Kansas City, non loin de là, qui fabrique des camions F-150.

Mme Abdel a expliqué qu'elle souhaitait trouver des moyens d'atténuer les réactions négatives dans sa région, causées par le fait que les consommateurs canadiens évitent les produits fabriqués aux États-Unis et évitent de voyager au sud de la frontière.

Elle a ajouté que les conversations préliminaires avec les Canadiens sont généralement «chaleureuses et sereines», car ils partagent une position commune sur les droits de douane, mais que la réalité économique est différente.

«On constate toujours une baisse assez significative du nombre de touristes canadiens aux États-Unis, a-t-elle dit. Il y a encore un certain nombre de Canadiens, même si vous êtes tous d'accord avec nous et que nous souhaitons préserver notre relation (…) certains sont encore très mécontents de ce qui se passe (…) et c'est ce que nous voulons éviter.»

Statistique Canada publiera les dernières données sur les voyages plus tard cette semaine. Les données préliminaires pour le mois d'avril, publiées plus tôt en mai, ont montré que les voyages de retour par voie terrestre des Canadiens depuis les États-Unis ont chuté de 35,2 % sur un an.

Donald Trump a fustigé le Canada en imposant des droits de douane de 25 % en mars, avant de suspendre partiellement les droits de douane sur les importations conformes à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) quelques jours plus tard.

Des droits de douane sur l'acier, l'aluminium et les véhicules

Le Canada est également frappé de droits de douane sur l'acier, l'aluminium et les véhicules.

Ottawa a lancé des droits de douane en représailles, mais depuis le 16 avril, nombre d'entre eux ont été remis ou soumis à un délai de grâce de six mois pour permettre aux entreprises de trouver d'autres sources d'approvisionnement.

En mars, la plupart des provinces ont ordonné à leurs magasins d'alcool de cesser de vendre de l'alcool américain. Rien que pour la LCBO de l'Ontario, l'un des plus grands détaillants d'alcool au monde, cela pourrait représenter une perte de ventes de près d'un milliard de dollars par an.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré mardi, lors d'une audience devant la commission sénatoriale des affaires étrangères, que le premier ministre Mark Carney avait eu un «échange très productif» avec Donald Trump à la Maison-Blanche le 6 mai et a laissé entendre qu'il y avait une lueur d'espoir au bout du tunnel des droits de douane.

«Nous avons évidemment eu des désaccords avec le Canada concernant la nature des échanges commerciaux entre nos pays, mais je pense qu'il y a de l'espoir que nous puissions trouver une solution commerciale avec eux, même si ce n'est pas un sujet que je négocie», a expliqué M. Rubio.

Les États-Unis ont récemment annoncé de nouvelles trêves commerciales avec la Chine et le Royaume-Uni, ce qui suggère que la Maison-Blanche cherche désormais des solutions de rechange à sa guerre commerciale mondiale, même si Donald Trump a persisté dans ses projets de droits de douane avec le Canada.

Un récent rapport d'Oxford Economics prévoit que la plupart des droits de douane entre le Canada et les États-Unis pourraient perdurer jusqu'au milieu de l'année prochaine, pour être supprimés après la renégociation de l'ACEUM par les deux pays.

Mme Abdel a expliqué que chaque jour qui passe sans aucune mesure pour apaiser les tensions transfrontalières ne fait qu'accroître l'incertitude commerciale.

«Certains se disent : "Bon, nous avons conclu un accord avec le Royaume-Uni ou d'autres accords avec certains pays, et nous pouvons maintenant y revenir". Ce n'est pas si simple, a-t-elle expliqué. Nous avons déjà constaté ce type d'interruption de la chaîne d'approvisionnement, lorsqu'il y a eu une perturbation majeure et que les camions ne sont pas en place, les navires ne sont pas facilement disponibles. Le retour à la normale est un peu long.»

Kyle Duggan, La Presse Canadienne

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