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Les épisodes de smog s'accumulent et ont des effets sur la santé à long terme

durée 04h30
16 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — L’indice de la qualité de l’air était mauvais depuis quelques jours au Québec, et bien que la situation s'améliore mercredi, des effets néfastes sur la santé peuvent perdurer à long terme. L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) estime que les décideurs sous-estiment les répercussions de la pollution atmosphérique.

Mardi matin, Montréal et Québec faisaient partie des 10 villes dans le monde où l'air était le plus pollué, selon le classement établi par IQAir. Cela est causé en partie par les vents d'ouest apportant de la fumée provenant des feux de forêt dans les Prairies et le nord de l'Ontario.

La Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’AQME, met en garde contre les impacts lorsqu'on est exposé à des seuils de particules fines dans l'air qui dépassent les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

«On s'expose à des risques d'avoir des enjeux qui touchent à peu près tous les organes de notre corps, dont notre cerveau. Donc, on a plus de démence prématurée, de mortalités précoces, d'enjeux pulmonaires, d'enjeux cardiaques, on peut avoir des problèmes de reins, il y a des impacts sur la santé de la femme et des bébés. Il n'y a pas vraiment un système du corps qui est épargné par les enjeux de pollution atmosphérique», avertit la médecin.

Dre Pétrin-Desrosiers est d'avis que les décideurs au Québec sous-estiment les enjeux de la qualité de l'air puisqu'ils n'en font pas assez, selon elle, pour contrôler les entreprises qui polluent.

«On a l'impression que c'est lointain, que ça touche les gens qui sont en Chine ou en Inde, mais les deux réalités existent. Ça touche les gens ailleurs dans le monde, mais ça nous touche ici. S'il faut des épisodes de smog où on est dans les pires qualités de l'air actuellement à travers le monde pour nous faire réaliser qu'on n'est pas exempt de ces impacts, j'espère que ça ne peut que générer des conversations et évidemment des réglementations plus strictes pour encadrer ces questions parce qu'il faut des réglementations gouvernementales, il faut mettre des normes à l'industrie, il faut assurer une vigie constante, il faut être capable de communiquer ces risques», fait valoir Dre Pétrin-Desrosiers.

Plus de pollution, plus de décès prématurés

Lorsque la qualité de l'air est mauvaise, les personnes jeunes et en relativement bonne santé subiront des effets mineurs sur leur santé, comme des picotements aux yeux ou avoir la gorge irritée. Les personnes avec des problèmes cardiaques ou pulmonaires doivent redoubler de prudence, car elles sont plus sujettes à avoir des complications.

La littérature scientifique démontre que lorsqu'il y a plus de pollution atmosphérique, il y plus de décès par maladie du cœur et par AVC, et il y a plus de gens qui ont des problèmes respiratoires et qui doivent se présenter à l'hôpital. De plus, le fait d'être exposé régulièrement à de hauts seuils de pollution atmosphérique peut augmenter le risque de certains types de cancers.

«C'est un enjeu préoccupant pour la santé parce que l'exposition est un peu involontaire, on n'a pas vraiment le choix de respirer. Et quand il y a des épisodes où il y'a une concentration accrue de particules polluantes dans l'atmosphère, ça peut avoir des effets nocifs à court et à long terme sur le corps», explique la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

Au Québec, la pollution de l’air cause 4000 décès prématurés par année, selon un rapport de Santé Canada datant de 2021. Cela engendre des coûts de plus de 30 milliards $ par année pour le réseau de la santé québécois, indique le document.

«C'est significatif, commente Dre Pétrin-Desrosiers. Et ça, il y a une partie qui est liée notamment à des épisodes de smog à cause de la fumée des feux de forêt, mais c'est aussi globalement à cause qu'on a des normes de qualité de l'air qui sont moins strictes que ce que recommande l'Organisation mondiale de la santé, notamment pour les particules fines.»

Pour se protéger du mieux qu'on peut, lorsqu'il y a des épisodes de smog, il faut éviter le plus possible les activités avec un haut volume cardio-respiratoire, comme les exercices physiques ou des activités soutenues. Globalement, il faut limiter le temps passé à l'extérieur et rester le plus possible dans des environnements où il y a un certain contrôle intérieur sur la qualité de l'air. Lorsqu'on reste à la maison, on suggère de fermer les fenêtres.

S'il est bien porté et ajusté au visage, le masque N95 peut également aider, en particulier pour les personnes qui font de l'asthme ou qui ont d'autres maladies chroniques.

Le contenu en santé de La Presse canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux .

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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