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Les procureurs présentent leurs conclusions au procès des cinq joueurs de hockey

durée 16h18
11 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

LONDON — Les procureurs de la Couronne présentent leurs conclusions à la juge qui préside le procès pour agression sexuelle de cinq anciens membres de l'équipe canadienne de hockey junior.

Les avocats de la défense ont présenté leurs conclusions cette semaine, contestant à plusieurs reprises la crédibilité et la fiabilité de la plaignante en tant que témoin et soutenant qu'elle avait participé activement à une relation sexuelle qui a eu lieu dans une chambre d'hôtel de London, en Ontario, aux premières heures du 19 juin 2018.

Ils ont soutenu que la femme avait inventé un récit pour éviter d'assumer la responsabilité de ses choix ce soir-là et qu'elle avait ajusté ce récit après la clôture sans accusation de l'enquête policière initiale afin d'obtenir un règlement au civil.

Le tribunal a appris que Hockey Canada avait réglé une poursuite impliquant l'organisation et huit joueurs non identifiés au printemps 2022, avant que les joueurs n'en soient informés, et avait relancé sa propre enquête sur les allégations dans les mois qui ont suivi. La police a également rouvert son enquête à cette même période.

Le procès, qui a débuté fin avril et a entendu neuf témoins, dont la plaignante et l'un des accusés, porte en grande partie sur la question du consentement.

Michael McLeod, Carter Hart, Alex Formenton, Dillon Dube et Callan Foote ont plaidé non coupables d'agression sexuelle, tandis que McLeod a également plaidé non coupable d'une accusation supplémentaire de complicité d'agression sexuelle.

McLeod, Hart et Dube sont accusés d'avoir obtenu une fellation de la femme sans son consentement, et Dube est également accusé de lui avoir giflé les fesses alors qu'elle était en train d'effectuer un acte sexuel à une autre personne.

Formenton est accusé d'avoir eu des relations sexuelles vaginales avec la plaignante dans la salle de bain de la chambre d'hôtel sans son consentement, et Foote est accusé d'avoir fait le grand écart sur son visage et d'y avoir «frôlé» ses parties génitales sans son consentement.

«Interaction non menaçante» ou agression?

La majeure partie de l'équipe mondiale junior 2018 était à London en juin pour une série d'événements marquant leur médaille d'or plus tôt dans l'année. Après un gala ouvert organisé par Hockey Canada le 18 juin, plusieurs personnes se sont retrouvées au Jack's, un bar du centre-ville où la plaignante buvait et dansait avec ses collègues, a appris le tribunal.

La femme, alors âgée de 20 ans, a été présentée à McLeod par l'un de ses coéquipiers et ils sont finalement partis ensemble pour se rendre dans sa chambre d'hôtel, où ils ont eu une relation sexuelle. Cette relation ne fait pas partie du procès, qui porte sur ce qui s'est passé par la suite.

McLeod a envoyé un texto dans un groupe de discussion de l'équipe pour demander si quelqu'un souhaitait un plan à trois, et Hart a répondu qu'il était partant, selon des captures d'écran présentées devant la Cour. Peu après, plusieurs coéquipiers sont entrés dans la pièce, mais certains n'y sont restés que peu de temps.

L'arrivée de ces hommes inconnus a effrayé la femme, qui était nue et ivre à ce moment-là, a-t-elle témoigné devant le tribunal, passant plus d'une semaine à la barre. Elle a senti qu'elle n'avait d'autre choix que de se plier à leurs désirs et s'est livrée à des actes sexuels en mode «pilote automatique», a-t-elle raconté.

En contre-interrogatoire, la femme a déclaré avoir adopté le rôle d'une vedette du porno comme mécanisme d'adaptation, croyant que cela mettrait fin à la situation plus rapidement, car elle avait l'impression que les hommes s'attendaient à une scène pornographique.

Deux coéquipiers cités par la Couronne ont témoigné que la femme avait à un moment donné demandé au groupe si quelqu'un accepterait d'avoir des relations sexuelles avec elle. Hart, le seul joueur accusé à témoigner pour sa propre défense, s'est également souvenu que la femme avait tenu des propos similaires.

La plaignante a déclaré ne pas se souvenir d'avoir tenu de tels propos, mais que c'était possible compte tenu de son état d'ébriété.

Dans leurs observations présentées à la juge Maria Carroccia, de la Cour supérieure de l'Ontario, les avocats de McLeod, Hart, Formenton et Dube ont soutenu que leurs clients avaient eu des relations sexuelles consensuelles avec la plaignante.

L'avocate de Foote, quant à lui, a soutenu mercredi que son client n'avait pas eu de contacts d'ordre sexuel avec la femme, voire aucun contact.

Julianna Greenspan a souligné le témoignage de Hart selon lequel il aurait vu Foote, entièrement vêtu, portant un t-shirt et un short, faire le grand écart sur le torse de la plaignante sans entrer en contact avec son corps, «le tout dans un contexte de sourires et de rires, non seulement de la part des personnes présentes, mais aussi de (la plaignante) elle-même».

La juge devrait avoir un doute raisonnable quant au fait que «ce qui se serait produit était une interaction non menaçante et momentanée, une plaisanterie», et «qualitativement distincte» du comportement sexuel admis par les autres joueurs accusés, a soutenu Me Greenspan.

La juge Carroccia devrait rendre sa décision le 24 juillet.

Paola Loriggio, La Presse Canadienne

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