Liberté académique: la ministre Pascale Déry sous le feu des critiques


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Par La Presse Canadienne, 2024
QUÉBEC — La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, s’est retrouvée sous le feu des critiques des partis d’opposition, mercredi, après avoir admis qu’elle est intervenue dans le contenu d’un cours du collège Dawson.
«Ce dossier-là est très préoccupant. D'abord, c'est une ministre de l'Enseignement supérieur qui va se mêler du contenu d'un cours particulier. Et c'est d'autant plus préoccupant que c'est à la suite d'interventions d'une organisation dont elle était elle-même membre du conseil d'administration précédemment», a affirmé le député péquiste Pascal Paradis, mercredi en point de presse.
Un article du «Devoir» publié mercredi indique que le Centre des affaires israéliennes et juives (CIJA) – dont Mme Déry a été membre du conseil d'administration de 2016 à 2022 – a joué un rôle dans le déclenchement d'enquêtes aux collèges Dawson et Vanier.
Ces enquêtes ont été déclenchées par la ministre en décembre dans la foulée des manifestations qui se sont déroulées sur des campus en lien avec le conflit israélo-palestinien.
Mardi, la ministre Déry a admis être intervenue dans le contenu d’un cours de français au collège Dawson qui portait sur «l'appartenance palestinienne».
«J'ai effectivement intervenu sur le contenu d'un cours pour une simple et bonne raison: que le contexte était vraiment explosif. On avait vraiment des tensions sur les campus comme on les a connues au cours des derniers mois. (...) Alors tout ce que j'ai demandé, pour éviter de jeter de l'huile sur le feu parce que le climat était déjà difficile sur ces campus, c'est: est-ce que c'est possible d'avoir un sujet qui est moins sensible vu que c'est un cours de français?», a-t-elle alors expliqué.
Motion contre l’ingérence
Mercredi, le gouvernement Legault a bloqué une motion solidaire demandant que «l'Assemblée nationale dénonce toute ingérence politique dans le contenu des cours du réseau collégial québécois».
«Je n’en reviens pas que la CAQ brise de la sorte le consensus pour la liberté académique. Le politique ne doit pas s’ingérer dans le contenu des cours et l’indépendance de l’enseignement doit être préservée, ça devrait être une évidence. La volte-face de la CAQ est très inquiétante, la ministre Déry doit expliquer pourquoi elle considère correct que les politiciens fassent de l’ingérence dans les cours de cégep», a affirmé le député solidaire Sol Zanetti.
«J'ai toujours pensé que la Coalition avenir Québec est un parti qui est en faveur de la liberté académique. C'est ce qui nous a surpris dans les agissements de la ministre Déry. Nous, on croit au concept de liberté académique», a affirmé le député libéral André Fortin.
Questionnée sur le sujet par les journalistes mercredi, Pascale Déry n'a pas voulu élaborer davantage, affirmant que l’enquête dans les cégeps était encore en cours.
Sur le réseau social X, le ministre Jean-François Roberge s'est porté à la défense de sa collègue: «On ne veut pas importer des conflits internationaux ici, au Québec. Les cégeps doivent demeurer des lieux de vivre ensemble et d’intégration. Ma collègue Pascale Déry a raison de s’inquiéter et de demander des réponses.»
Dans une enquête de «La Presse» publiée la semaine dernière, des enseignants des collèges Dawson et Vanier ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme étant de l’ingérence de la part du ministère de l’Enseignement supérieur dans leur établissement.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne