Santé cardiovasculaire: il n'est jamais trop tard pour bien faire, rappelle une étude


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — L'absence de cinq facteurs de risque cardiovasculaire à l'âge de 50 ans ajoute au moins dix ans à l'espérance de vie, démontre une méta-analyse publiée par le prestigieux New England Journal of Medicine.
Ces cinq facteurs sont l'hypertension, la dyslipidémie, le surpoids ou l'obésité, le diabète et le tabagisme.
Les hommes qui ne présentaient aucun de ces facteurs à l'âge de 50 ans pouvaient espérer vivre presque onze ans de plus que ceux qui les présentaient tous à ce moment. Les femmes dans la même situation allongeaient leur espérance de vie d'environ treize ans.
«C'est un message très positif, a applaudi la docteure Marie-Ève Piché, une cardiologue spécialisée en prévention cardiovasculaire à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Les gens qui adoptent un mode de vie sain à l'âge de 50 ans, sans facteurs de risque, (...) bénéficient d'une durée de vie en bonne santé plus longue.»
Les auteurs de cette méta-analyse ont décortiqué les données de plus de deux millions de sujets provenant de 133 cohortes dans trente-neuf pays et six continents.
L'étude rappelle que tous les facteurs de risque ne sont pas égaux, puisque l'impact sur l'espérance de vie dépendait du facteur de risque absent.
Par exemple, écrivent les auteurs, lorsque l'hypertension «était présente entre 50 et moins de 55 ans et absente entre 55 et moins de 60 ans», cette modification était associée à la plupart des années de vie supplémentaires sans maladie cardiovasculaire de l'analyse.
L'arrêt du tabac était associé au plus grand nombre d'années de vie supplémentaires sans décès, suivi de la modification de l'hypertension, ajoutent-ils.
«Notre analyse comparative des participants qui ont modifié un ou plusieurs facteurs de risque au cours d'une décennie critique en milieu de vie, par rapport à ceux qui ne l'ont pas fait, suggère que la modification d'un facteur de risque pourrait changer l'association avec la durée de vie en présence ou en l'absence d'un facteur de risque», peut-on lire dans le NEJM.
Il faut aussi se souvenir qu'un même facteur de risque n'a pas le même impact sur les hommes et sur les femmes, a rappelé la docteure Piché.
«Par exemple, une femme diabétique est beaucoup plus à risque de développer des complications cardiovasculaires qu'une femme non diabétique, mais elle est aussi plus à risque qu'un homme diabétique, a-t-elle dit. C'est la même chose pour le tabagisme. Un tabagisme actif chez une femme l'expose beaucoup plus qu'un homme au développement de complications cardiaques.»
L'étude souligne un autre fait important: même en l'absence complète de facteurs de risque, le risque de souffrir d'une maladie cardiovasculaire à un moment ou à un autre était de 13 % chez les femmes et de 21 % chez les hommes.
Cela tient au fait, a expliqué la docteure Piché, que «les maladies cardiovasculaires sont des conditions de santé complexes qui dépendent de plusieurs facteurs de risque».
«Il y a des facteurs individuels, des facteurs contextuels, des facteurs héréditaires..., a-t-elle énuméré. C'est une combinaison de facteurs qui fait en sorte que les gens vont développer la maladie.»
D'autant plus, a rappelé la docteure Piché, que les cinq facteurs de risque ciblés par cette étude représentent ensemble environ la moitié du risque cardiovasculaire. C'est donc à dire que l'autre moitié provient d'ailleurs et «il faut garder en tête que d'autres facteurs de risque n'ont pas été mesurés dans cette étude».
D'où l'importance de la prévention et du dépistage «précoce des facteurs de risque pour les identifier», a-t-elle dit.
«Quand qu'on va chercher des gains de dix ou quinze années d'espérance de vie, c'est énorme, a souligné la docteure Piché. On peut vivre non seulement plus longtemps, mais plus longtemps en bonne santé.»
Mais en bout de compte, conclut-elle, l'étude nous rappelle qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire et qu'une prise en charge de notre santé peut générer des dividendes importants même après quelques décennies un peu moins exemplaires.
«Il n'est jamais trop tard pour revisiter nos habitudes de vie et apporter des changements bénéfiques qui vont nous permettre de maximiser notre espérance de vie», a dit la docteure Piché.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne