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Températures records et diminution de la glace dans le golfe du Saint-Laurent

durée 18h21
23 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONT-JOLI — L'année dernière, le golfe du Saint-Laurent a enregistré sa température de surface la plus élevée et son volume saisonnier de couverture de glace le plus faible depuis des décennies, selon des chercheurs du ministère des Pêches et des Océans (MPO).

Les températures de surface et la couverture de glace sont directement liées à la température de l'air, a expliqué le chercheur en océanographie physique à l'Institut Maurice Lamontagne de Mont-Joli, dans le Bas-Saint-Laurent, Peter Galbraith.

En juillet dernier, la température de surface a atteint 16,7 °C, un record depuis les premiers enregistrements de données en 1981, et 2,4 °C de plus que la moyenne. Entre mai et novembre, la température de surface la plus élevée a été de 11,6 °C, ce qui constitue également un résultat inédit et une augmentation de 1,6 °C par rapport à la moyenne.

«C'est donc la température de l'air la plus chaude qui nous a donné la température de surface de la mer la plus chaude», a constaté M. Galbraith.

Ces conclusions ont été présentées vendredi lors d'une réunion d'information sur l'état du golfe du Saint-Laurent. Une rencontre au cours de laquelle des scientifiques ont présenté des données issues d'études menées sur l'environnement marin l'année dernière.

Outre la température de surface la plus élevée en 2024, le golfe du Saint-Laurent a également enregistré la plus faible couverture de glace saisonnière depuis 1969.

La glace de mer est liée à la température de l'air en hiver, entre décembre et mars. Au cours de l'hiver 2023-2024, le volume de la couverture de glace était de six kilomètres cubes, contre 14 kilomètres cubes au cours de l'hiver 2024-2025. Ces deux hivers font partie des sept hivers qui, depuis 1969, n'ont pratiquement pas connu de glace de mer.

«Nos hivers se réchauffent beaucoup plus rapidement que le reste de l'année, ce qui va entraîner des années plus fréquentes avec une très faible couverture de glace de mer dans le golfe du Saint-Laurent», a énoncé Peter Galbraith.

Mais l'évolution des températures n'est pas linéaire. Les quatre dernières années ont été plus chaudes que la moyenne. Cependant, cette année, les températures sont jusqu'à présent plus proches de la moyenne en avril et en mai.

«Nous n'aurons peut-être pas d'été extrêmement chaud, nous ne pouvons pas nous attendre, avec le changement climatique, à avoir année après année des températures très, très chaudes, a dit M. Galbraith. Il y aura une certaine variabilité interannuelle, et nous devons donc gérer ces attentes.»

La fonte de la glace, un danger pour le phoque du Groenland

Le phoque du Groenland de l'Atlantique nord-ouest est l'une des espèces qui est confrontée à la fonte de la glace de mer.

Joanie Van de Walle, spécialiste de la dynamique des populations au MPO, explique que les phoques dépendent de la qualité de la glace. Les phoques du Groenland suivent la lisière de la glace parce que c'est là qu'ils trouvent leur nourriture préférée, mais c'est aussi là qu'ils se reproduisent, qu'ils mettent bas et que les petits se développent.

Le troupeau du golfe se reproduit près des Îles-de-la-Madeleine, au milieu du golfe du Saint-Laurent. Lorsque la glace est limitée, comme ce fut le cas en 2024 dans le golfe, l'année n'a pas été considérée comme une année de reproduction réussie. Certains petits ont été abandonnés par les femelles à cause de la dérive de la glace.

«Parfois, il y a de la glace, mais elle n'est pas d'assez bonne qualité. Certaines femelles mettent quand même bas dans ces conditions et c'est là que nous voyons les impacts les plus importants parce que la glace peut se briser et cela peut entraîner la noyade des petits», décrit Mme Van de Walle.

«Les années où la glace est de très mauvaise qualité, nous constatons une mortalité massive des petits», ajoute-t-elle.

Peter Galbraith a expliqué qu'en se projetant dans l'avenir, il est possible que le golfe n'ait plus de glace de mer dans 75 ou 100 ans, avec un vortex polaire froid occasionnel créant un événement de glace rare.

Mme Van de Walle a exposé que s'il n'y a pas de glace, les phoques du Groenland pourraient éventuellement se déplacer vers d'autres habitats où la glace est plus abondante.

«Dans ce cas, ce serait probablement encore mieux pour les populations, car les conditions seraient meilleures pour donner naissance, mais aussi pour l'allaitement et la production de petits viables.»

La Presse Canadienne

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